•    

         Deux animaux-bouée (Chainlink), un hippopotame bleu et une tortue verte et violette, accrochés à un grillage sont très incongrus dans la Salle des Gardes du château de Versailles.
     
     

    Chainlink,Jeff Koons 2002-2008
    acier galvanisé et aluminium


       Presque toutes les oeuvres de Jeff Koons ont un lien, même tenu, avec la pièce du château de Versailles où elles sont exposées. Les aspirateurs Hoover, New Hoover convertibles, devant le portrait de Marie-Antoinette, fermière promue ménagère de moins de cinquante ans, sont assez amusants.
         Balloon Dog (magenta) devant une immense toile de Véronèse renvoie aux petits chiens qu'on trouve souvent dans la peinture de la Renaissance. Pink Panther, la panthère amoureuse est dans le salon de la paix et le policier, du duo Bear and the policeman, est dans celui de la Guerre.



    Chainlink,Jeff Koons 2002-2008
    acier galvanisé et aluminium
     


       Par contre la présence de l'Hippopotame et de la Tortue dans la Salle des Gardes est moins évidente. Seule la grille renvoie à la notion de garde, de prison. On peut y voir aussi  des trophées de chasse éviscérés!
    Des trophées bien dérisoires comparés à ceux que le roi et ses courtisans rapportaient de leurs battues. Les bosquets de Versailles abritent des sculptures animalières qui exaltent la sauvagerie du monde animal et la grandeur du chasseur qui le traque. Les sangliers éventrent des biches et les dragons crachent de l'eau. La violence des animaux s'oppose à la grandeur policée du parc versaillais.

     

    Chainlink,Jeff Koons 2002-2008
    acier galvanisé et aluminium



       Chez Koons la violence brute n'existe pas. Comme dans la culture enfantine américaine, la violence est anesthésiée par un traitement plastique mièvre.  La violence n'est que sous-jacente. Dans Bear and the policeman, l'air bonasse de l'ours cache son avidité. Dans Michael Jackson and Bubbles la violence est celle que le chanteur fait subir à son propre visage.
     



    Chainlink,Jeff Koons 2002-2008
    acier galvanisé et aluminium


         Les vraies bouées en forme d'animaux au regard innocent sont en plastique gonflable, fragile et facile à percer.
    Elles sont fabriquées pour plaire à un public enfantin et rassurer les parents. Elles parlent de sécurité et de sauvetage mais elles parlent aussi de mort et de noyade.

       
    Koons les reproduit en aluminium imputrescible, presque immortel. Comme toutes ses sculptures ballons, leur aspect léger est un leurre, un trompe-l'oeil. L'imitation parfaite masque la nature réelle des oeuvres, lourdes, solides, increvables.

    Jeff Koons déclarait:
    « Les objets gonflables, bien sûr, sont une métaphore des gens; pour moi, ils sont une métaphore de la vie et de l'optimisme. L'image la plus morbide que je connaisse est celle d'un objet gonflable qui s'est effondré. » 1


    Lire: Bear and the policeman
            Rabbit
            Split-rocker
               Buste de Louis XIV en inox et buste de Jeff Koons en marbre
               Le bestiaire de Jeff Koons



    "Jeff Koons Versailles"
    Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009



    Catherine-Alice Palagret

    1- in Chicago.mag.com
     
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  •  

     

        A Mahabalipuram (Mamallapuram), au Tamil Nadu, se trouvent cinq magnifiques rathas (Panch rathas). Ces monolithes ont été creusés dans une petite colline au VIIè siècle, durant la dynastie Pallava. Le plus petit ratha, le Nakula Sahadevest dédié à Indra. Le porche est soutenu par des piliers lions.

     

     

     

    RathaNakula Sahadev, temple d'Indra et éléphant monolithe

    peut-être dédié à Aiyanar, Mahabalipuram


     

     

       A droite, l'éléphant constitué d'un seul bloc de pierre pourrait être dédié à Ayyanar (Aiyanar), le dieu tamoul protecteur des villages. Il chevauche souvent un cheval et parfois un éléphant. A côté des temples finement sculptés, l'éléphant semble simplement ébauché.

     


     

    MAHABALIPURAM rathas75
    Panch rathas, les cinq rathas de Mahabalipuram, temple monolithes
     
     
       Ratha signifie char, char de procession, mais ici les rathas n'ont pas de roue. Ces temples très anciens excavés de la roche sont une transition vers les temples construits en pierre. Délicatement ouvragés, ils sont un bel exemple d'architecture dravidienne. Le site de Mahabalipuram est inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984.
     
     

     

     

     

     

     
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  •     Au milieu des animaux, panthère, ours, cochon etc, Jeff Koons n'expose que deux bustes d'humains dans les appartements royaux de Versailles. Il s'agit de deux sculptures, dans une représentation classique, loin de sa ménagerie cartoonesque et lisse.


    Auto-portrait, Jeff Koons 1991
    Marbre dans le salon d'Apollon


      L'auto-portrait de Jeff Koons est taillé dans le marbre blanc, matériau noble traditionnel. Tel un Apollon, il émerge d'un chaos de rochers. Coiffure stylisée comme dans les sculptures archaïques, menton haut levé, l'artiste regarde vers le ciel, sans l'humilité cependant du Saint représenté à sa gauche. L'air arrogant du roi du néo-pop s'accorde à merveille à la morgue du Roi-Soleil.


    Auto-portrait, Jeff Koons 1991. Marbre dans le salon d'Apollon

         L'auto-portrait date de l'époque de la série "Made in Heaven" où Koons se représentait avec sa femme, la Cicciolina, dans des photos, peintures et sculptures pornographiques. Il déclarait à l'époque: "Mon art et ma vie ne font qu'un. J'ai tout ce que je désire et je fais ce qui me plaît."  Avec ironie, l'artiste installe son auto-portrait dans le salon d'Apollon.


    Louis XIV, Jeff Koons 1986
    Acier inoxydable, salon de Mercure


         Double dérision, alors que Jeff Koons se représente en marbre, Louis XIV n'a droit qu'à l'acier inoxydable, matériau moderne brillant mais bon marché. Le Roi-Soleil, qui se croyait unique, se retrouve moulé dans un matériau qui permet la reproduction à l'infini, relégué au rang d'ustensiles en inox.

     

    Buste en marbre de Louis XIV à Versailles
    XVIIè siècle


        A part l'acier inoxydable peu orthodoxe, le buste de Louis XIV par Jeff Koons a l'air très officiel et il trône dignement dans le salon de Mercure sur une console, surmonté d'un portrait en pied d'une grande dame de la cour. L'ample perruque bouclée du monarque se détache sur la robe fleurie qu'elle reflète.

     

    Le jeune Roi-soleil sur la nouvelle grille du château de Versailles


        Jeff Koons préfère représenter des personnages de dessins animés (Popeye, Hulk, la Panthère rose) qui sont devenus des archétypes. Quand il s'occupe des hommes, c'est avant tout des célébrités, des icônes de la culture de masse comme Bob Hope, Buster Keaton ou Michael Jackson. Des stars qui ont su façonner leur propre image comme Louis XIV le fit.

        Le Roi-Soleil, lieu-tenant de Dieu sur terre, est omniprésent à Versailles en tableaux, en sculpture, en tapisserie. Il est lui-même sa plus grande oeuvre. Le jeune roi, danseur et  grand acteur, top-model avant l'heure, s'est servi de son image pour mieux régner sur un pays encore agité par la Fronde. Jeff Koons lui se sert de l'iconographie populaire pour régner sur l'art contemporain.


      Vingt-deux ans avant d'exposer à Versailles, Koons s'intéressait déjà au Roi-Soleil en qui il voyait "un symbole de raffinement et de lumière".



    Lire: Bear and the policeman de Jeff Koons
            Rabbit de Jeff Koons
            Split-rocker de Jeff Koons
            le bestiaire de Jeff Koons


    "Jeff Koons Versailles"
    Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009

    Catherine-Alice Palagret
    Texte et photos

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    A  Mahabalipuram (Mamallapuram), au Tamil Nadu, se trouvent cinq magnifiques rathas (Panch rathas). Ces monolithes ont été creusés dans une petite colline au VIIè siècle, durant la dynastie Pallava. Le plus petit ratha, le Nakula Sahadevest dédié à Indra. Le porche est soutenu par des piliers lions.

     

    RathaNakula Sahadev, temple d'Indra

     et éléphant monolithe peut-être dédié à Aiyanar

    Mahabalipuram

       A droite, l'éléphant constitué d'un seul bloc de pierre pourrait être dédié à Ayyanar (Aiyanar), le dieu tamoul protecteur des villages. Il chevauche souvent un cheval et parfois un éléphant. A côté des temples finement sculptés, l'éléphant semble simplement ébauché.


     

    MAHABALIPURAM rathas75
    Panch rathas, les cinq rathas de Mahabalipuram, temple monolithes
     
       Ratha signifie char, char de procession, mais ici les rathas n'ont pas de roue. Ces temples très anciens excavés de la roche sont une transition vers les temples construits en pierre. Délicatement ouvragés, ils sont un bel exemple d'architecture dravidienne. Le site de Mahabalipuram est inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984,
     

     

     
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    Des animaux et des hommes


        Jeff Koons aime beaucoup représenter des animaux, de préférence associés à des humains. Ces animaux n'ont rien de réalistes, il ne s'agit pas de représenter le vrai monde animal mais l'affadissement qu'il subit dans les livres pour enfant ou les dessins animés. La sauvagerie naturelle des animaux est édulcorée et ils deviennent de gentils compagnons. Portant parfois des vêtements, ces animaux sont presque comme nous et leur visage imite les expressions humaines. Jeff Koons, le plasticien américain, présente de curieux couples dans les appartements royaux du château de Versailles.
     


    Pink Panther, Jeff Koons 1988
    Porcelaine, dans le salon de la Paix
     

         Pink Panther, la panthère rose et une femme blonde (Jane Mansfield) s'enlacent dans le Salon de la Paix. La Belle est peut-être une sirène et la Bête vient d'un dessin animé de Fritz Freleng, conçu pour le générique du film "Pink Panther" sur une musique d'Henri Mancini. Comme toujours, la panthère a l'air totalement ahuri et l'enlacement de la pin-up voluptueuse ne peut que la surprendre davantage. C'est un mélange d'érotisme et de naïveté.
     
     


    Pink Panther, Jeff Koons 1988
    Porcelaine, dans le salon de la Paix



    Versailles-Koons-Pink-Panther-salon-Paix-2.jpgPink Panther, Jeff Koons 1988
    Porcelaine, dans le salon de la Paix


        
          Bear and the policeman, l'ours et le policier se regardent sidérés dans le Salon de la guerre.



    Bear and the policeman, l'ours et le policier
    Jeff Koons 1988, Bois polychrome


       Deux angelots et un garçonnet (Ushering in banality) entourent une truie dans le Salon de Diane. L'image est bizarre et le titre aussi: "Entrée dans la banalité"? 
     
     
     
    Ushering in banality, Jeff Koons 1988
    Bois polychrome
     
     
     

    Ushering in banality, Jeff Koons 1988
    Bois polychrome
    vu à travers la cage de verre


         Michael Jackson et Bubbles, son chimpanzé favori, sont dans le salon de Vénus. Représentés dans un style hyper-réaliste, vêtus d'or et de blanc, le chanteur et l'animal ont le même teint blafard et le même regard vide. Comme l'ours, le singe est habillé. Le singe Bubbles vivait à Neverland avec le chanteur, il assistait à ses répétitions et à ses spectacles. La porcelaine est une des plus grandes au monde et elle représente un défi technique. Il y a profusion de porcelaines et de dorures à Versailles et Koons en souligne le mauvais goût avec une oeuvre très kitsche, copiée d'un bibelot bon marché. 
     
     


    Michael Jackson et Bubbles, Jeff Koons 1988
    Porcelaine dans le salon de Vénus
    vu à travers la cage de verre


          Split-Rocker  (voir photos), la sculpture végétale installée dans le parterre de l'Orangerie, est composée d'une demi-tête de poney et d'une demi-tête de dinosaure.
     
     


    Chainlink, Jeff Koons 2002-2008
    acier galvanisé et aluminium
     
     
         Deux animaux-bouée (Chainlink), un hippopotame bleu et une tortue verte sont accrochés à un grillage et ne se regardent pas. Les animaux en acier imitant le plastique sont très incongrus dans la Salle des Gardes.
     
     
     

    Rabbitt de Jeff Koons, à Versailles



       Restent quelques animaux solitaires. Rabbit  le lapin argenté tient fiérement une carotte sous l'oeil de fiers militaires. Construit d'après un jouet gonflable acheté dans un magasin, la sculpture du lapin est fait de métal brillant indestructible. Son visage a été effacé.
     
    “Les objets polis ont souvent été exposés par l'Eglise et les gens fortunés pour donner l'impression de sécurité matérielle et d'élévation spirituelle. L'acier inoxydable est une fausse réflection de ce fait."
     

       Lobster la langouste porte des moustaches sans doute inspirées de celles de Salvador Dali. Jeff Koons partage avec celui qu'on surnommait Avida Dollar le même goût de la publicité et de l'outrance.
     
     
     
     
    Lobster, Jeff Koons 2003
    Aluminium polychrome et chaîne d'acier peinte
    dans le Salon de Mars
     
     
     
       Balloon Dog (magenta), le chien-ballon, géant lisse et brillant occupe majestueusement le Salon d'Hercule. Un chien que pourrait affronter Hercule si le ballon n'avait l'air si pacifique. Telle une idole de la fertilité, ses formes sont à la fois masculines et féminines. Jeff Koons le décrit comme un cheval de Troie. Pour infiltrer et détruire la culture classique bourgeoise?

        Quelques sculptures en acier, bois polychrome ou porcelaine manquent à la parade animalière: l'âne, la chenille, le dauphin, le caniche et les chiens, les singes représentés dans diverses oeuvres koonsiennes tout au long des années n'ont pas fait le voyage jusqu'à Versailles!
     
     
     

    Balloon Dog (magenta) de Jeff Koons, 1994-2000
    Acier chromé inoxydable
    Salon d'Hercule


        Toutes ces sculptures forment un joyeux bestiaire un peu trouble qui, bien qu'inspiré du monde de l'enfance, n'a rien de candide. La mythologie enfantine du XXè siècle et la sous-culture populaire remplacent avec ironie la mythologie classique, grecque et romaine qui fonde le programme iconographique du château de Versailles.






    Liens sur ce blog:
     

    Bear and the policeman de Jeff Koons

    Rabbit de Jeff Koons

    Split-rocker de Jeff Koons
     
     
     

    Le canard blessé de Pascal Bernier chez Deyrolle
     
     
     
     
    "Jeff Koons Versailles"
    Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009

     
     
     
    Catherine-Alice Palagret
    art contemporain
    octobre 2008
     
     
     
     
     
     
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  •     Installés juste à l'entrée de la Galerie des Glaces, Bear and the Policeman, l'ours et le policier, dynamitent l'esprit de sérieux des lieux. C'est comique de voir un couple si ridicule  dans le salon de la Guerre à Versailles. Le policier, représentant de la civilisation et de l'ordre, est sous l'emprise de l'Ours, représentant de la force sauvage alors que Versailles est la glorification du pouvoir de l'homme, du Roi, sur la nature.
     
     


    Bear and Policeman, l'Ours et le policier
    Bois polychrome, Jeff Koons 1988
     
     
     

        Ressemblant à un bibelot kitsch démesurément agrandi ou à un dessin de livre pour enfant, la sculpture de Jeff Koons détonne dans le salon tout à la gloire de Louis XIV.
    Au milieu des dorures et du marbre, l'ours et le policier, dans leur simplicité plastique, révèlent la démesure et la boursouflure du décor versaillais. Les tableaux, les sculptures, les tapisseries, les plafonds peints célèbrent le souverain en Apollon, en héros romain ou en homme de son siècle.  Toute cette luxueuse ornementation a un rôle politique. Le programme iconographique de Versailles, basé sur la mythologie, devait éblouir les courtisans du royaume et les nobles visiteurs étrangers.
     
     


    Portrait de Louis XIV à Versailles
     
     

        Dans les appartements royaux, tout est pompeux, révérencieux, théâtral. Comme pour les dirigeants communistes, le culte de la personnalité est une manière d'affermir le pouvoir, de dominer le peuple ... ou les nobles. Au contraire Bear and the Policeman sont complètement irrévérencieux et leur présence loufoque fait ressortir l'incroyable idolâtrie que Louis XIV a conçu pour domestiquer une noblesse turbulente.
    1
     


    L'Ours et le Policier à l'entrée de la Galerie des Glaces
    Bois polychrome, Jeff Koons 1988


        Il ne reste plus de souverain à aduler ni de grands hommes. Le programme iconographique de Jeff Koons est fait de dérision. Avec ironie, il glorifie  des objets tout à fait banals, triviaux, manufacturés par millions: des lapins gonflables, des bouées, des chiens ballons. Ces objets prosaïques de la société américaine valent quelques dollars. Jeff Koons réussit le tour de magie d'en faire des oeuvres d'art valant des millions de dollars.
     

    L'Ours et le Policier dans le salon de la guerre
    Bois polychrome, Jeff Koons 1988
     


       L'ours et le policier sont reproduits grandeur nature; Jeff Koons s'est inspiré d'une image populaire, faite pour amuser, comme ces bibelots de grenouille lisant un journal ou de bouledogue jouant du violon. C'est d'abord une plaisanterie bon enfant.
     



     

        En y regardant de plus près, la sculpture n'est pas si innocente. Il y a quelque chose de trouble dans l'attitude protectrice de l'ours et le regard fasciné du policier. Sous un doux sourire, l'ours est un prédateur et le policier au visage d'enfant est la proie, inconsciente du danger qui la guette. L'ours tient le sifflet, il y a toujours des allusions sexuelles évidente chez Koons, et s'apprête à siffler pour charmer sa future victime.
     
     


    L'Ours et le Policier
    Bois polychrome, Jeff Koons 1988
     

         Avec "Pink Panther" et "Michael Jackson et Bubble" c'est la troisième oeuvre exposée à Versailles qui associe un humain et un animal. L'ours et le policier faisait partie de l'exposition "Banality show" en 1988. La sculpture en bois polychrome a un aspect lisse et séduisant comme un personnage de conte pour enfant. Le couple est posé dans un angle du salon de la Guerre,  sans vitrine, seulement protégé par un cordon. On ne peut pas tourner autour mais on la voit assez bien. Le dos de l'oeuvre se reflète dans un miroir. Ce couple inquiétant nous amène à la Galerie des Glaces ou est installée Moon, une énorme bouée aux reflets bleus.
     


    Moon de Jeff Koons
    Galerie des Glaces, château de Versailles


         Un exemplaire de
    Bear and the Policeman sera présenté à Moscou par la maison Sotheby's du 16 au 19 octobre avant les ventes aux enchères de Londres et New York, cet automne.  Le prix de départ est de 8 à 12 millions de dollars.



    voir:  Jeff Koons et l'art rigolo
    `          Rabbit à Versailles
            Visite de l'atelier de Jeff Koons aux enchères
            Le projet de locomotive suspendue
            L'art contemporain et Jeff Koons à Versailles
           
    Split-rocker dans le parterre de l'Orangerie à Versailles
            Jeff Koons à Berlin


    "Jeff Koons Versailles"
    Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009


    Catherine-Alice Palagret

    1- La société de cour. Norbert Elias

     
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  •     Si les Inuits harponnent des canards jaunes en plastique dans les eaux glaciales de la baie de Baffin, qu'ils ne s'étonnent pas. Il ne s'agit que d'une expérience de la Nasa cherchant à mesurer la vitesse des courants et le réchauffement climatique.



    Canard de bain en plastique jaune


        Après avoir envoyé des hommes sur la lune, la Nasa a très sérieusement lâché une armada de 90 canards en plastique jaune (rubber ducks) dans les trous du glacier Jakobshavn au Groenland, près de la ville de Ilulissat. Après quelques déconvenues avec des instruments de mesure de très haute technologie, Alberto Behar, expert en robotique, a décidé d'utiliser des outils moins sophistiqués (low-tech): des jouets de bain.


    Vue satellite du Groenland et de l'île de Baffin, en arctique


        Le scientifique américain cherche à savoir si la glace fondue qui
    chemine dans des tunnels d'eau depuis le Groenland arrive dans la baie de Baffin au Nunavit, Canada. Les canards jaunes, suivant le courant, permettront de comprendre les mouvements de l'eau.


    Canard de bain en plastique jaune


         Sur les petits jouets de bain est inscrit "science experiment" et « REWARD » en trois langues, l'anglais, le danois et l'inuit. Il y a une adresse email pour contacter les chercheurs de la NASA. et réclamer une récompense de cent dollars.


    Canard de bain décapité par les marées


        Jusqu'à présent, aucun eskimo n'a signalé l'apparition d'un petit canard jaune dans les eaux arctiques. Les équipages de bateau sont à l'affût mais il faudra du temps pour que les palmipèdes soient retrouvés. L'arctique est vaste et très peu habité. Le glacier Jakobshavn, peut-être celui qui a coulé le Titanic, pourrait bien broyer les jouets de bain ou les avaler sans jamais les restituer.


       En décembre 2008, Alberto Behar reconnaissait qu'il n'avait aucune nouvelle des canards. Il manque aussi une sonde flottante équipée d'un GPS qui jusqu'à présent n'a transmis aucune information.


       Ce n'est pas la première fois que les petits canards jaunes servent à des expériences scientifiques. En 1992, des containeurs tombèrent à la mer (44.7°N, 178.1°E), libérant une flottille de 29000 canards, tortues et castors de bain. Depuis 16 ans, ces jouets flottants dérivent sur les trois océans et s'échouent parfois sur une plage, en plus ou moins bon état. La rumeur dit qu'ils ont été retrouvés en Indonésie, en Australie, en Amérique du sud, sur les plages du Maine et du Massachusetts.


    Jouets de bain de la Compagnie "First Year"


        Selon le Dr Curtis Ebbesmeyer, océanographe et expert de débris marins à Seattle, les canards échoués sont des sentinelles très précieuses. Elles apportent des renseignements sur le mouvement des océans.


        En 2007, Ms Harris a trouvé un canard déchiqueté sur une plage du Devon, entre Woolacombe et Putsborough, mais il n'est pas sûr que ce canard fasse partie de la cargaison "First Year" perdue en mer. Depuis, pas de nouvelles des naufragés.

       Les canards perdus de l'océan sont maintenant une légende. Leurs cousins arctiques, cette fois délibérément jetés à l'eau, feront sans doute autant parler d'eux. Chaque année, partout dans le monde, des adultes très sérieux organisent des courses de canard en plastique mais l'expérience de la Nasa est la plus ambitieuse de toutes!

              à suivre ...

    Liens:
    Les canards jaunes naufragés
    Les canards jaunes, une légende océano-urbaine
    Les canards de Holden Caulfield
    Un canard jaune échoué sur le quatrième piédestal, performance d'Antony Gormley
    Diaporama de l'expérience de la Nasa
    Le logo de Paris Match sur la banquise, panneau publicitaire géant


    Catherine-Alice Palagret
    Octobre 2008

    Sources: Discovery news


     
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  •  

        Chevaux, éléphants, vaches de terres cuites, tout un bestiaire naïf peint de couleurs vives s'aligne des deux côtés d'une allée sablonneuse. Nous sommes à Namana Samudram, le sanctuaire d'Ayyanar. Le sanctuaire du dieu protecteur des communautés rurales est toujours à la lisière du village, souvent dans un bois sacré. 
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    vache décorée de fleurs


     
        Beaucoup d'animaux votifs sont décapités ou ont la tête fracassée. On voit que les statues d'argile sont creuses. Ces détériorations ne sont pas dû au vandalisme. Les singes, sacrés eux-aussi, bondissent et se chamaillent au milieu des terres cuites. Ils les cassent et les font tomber.
     
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    Tête de cheval cassé


     
     La sécheresse craquèle la terre cuite et la mousson délave les couleurs; l'argile gris apparaît quand la peinture s'écaille. Les statues trop détériorées sont mises à l'écart où elles se désintègrent lentement. Elles sont éphémères. Leur détérioration fait partie du cycle de la vie.
     
     

     

    Allée du sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu

     
     
     
         Encadrés d'animaux plus ou moins entiers, l'allée de sable conduit à un cheval plus grand que nature et à des éléphants peints  tenant un lotus dans leur trompe. De petits personnages colorés, Ayyanar et ses 21 déités secondaires, sont modelés  autour du pachyderme. Il n'y a pas ici de grande statue d'Ayyanar mais seulement la représentation des animaux qui lui sont associés.
     
     
     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    Eléphant et dieux secondaires

     

     
        L'entretien du bois sacré est confié à une famille ou à la collectivité. C'est un droit héréditaire. Un prêtre et quelques mendiants gardent le sanctuaire. Un festival y a lieu chaque année avec chants rituels, danses et statuettes votives. On remplace alors les animaux trop abimés.
     
        Dans le bois sacré il est interdit d'abattre un arbre ou de ramasser du bois. Cela provoquerait la colère du dieu local qui, par représailles, anéantirait les récoltes dont la vie du village dépend.
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    alignement de terre cuites et éléphant

     

     
        Avec la modernisation et l'urbanisation de l'Inde d'aujourd'hui, les bois sacrés sont menacés. L'observation des rites déclinent alors que les croyances coutumières sont considérées comme de simples superstitions. Les bois sont parfois encerclés de maisons et l'enceinte est de moins en moins respectée.
     
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    cheval et vache en terre cuite

     

      
      Le culte d'Ayyanar, par contre, est de plus en plus populaire. Ce dieu local, qui n'appartient pas au grand panthéon hindouiste, se confond parfois avec Aiyappan au Kérala. On le retrouve au Sri Lanka, à la Réunion et partout dans le monde où il y a des communautés tamouls.
     
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    offrandes


     
    Liens sur ce blog:
     
     
     
     
     
    Texte et photos:
    Catherine-Alice Palagret
    septembre 2008
     
    -----------------------


    Sources:
    1-
    Ayyanar and Aiyappan in Tamil Nadu :
    Change and Continuity in South Indian Hinduism


    2- L’ethnographie contre l’idéologie
    Le cas de l’hindouisme, Robert Deliège
     
     
     
    Mots clés: Ayyanar, Aiyanar, Namana Samudram, Tamil Nadu, terra cotta, velar, potier, sanctuaire, culte, hindou, poterie votive
     
     
     
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  •  

        Chevaux, éléphants, vaches de terres cuites, tout un bestiaire naïf peint de couleurs vives s'aligne des deux côtés d'une allée sablonneuse. Nous sommes à Namana Samudram, le sanctuaire d'Ayyanar. Le sanctuaire du dieu protecteur des communautés rurales est toujours à la lisière du village, souvent dans un bois sacré. 
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    vache décorée de fleurs


     
        Beaucoup d'animaux votifs sont décapités ou ont la tête fracassée. On voit que les statues d'argile sont creuses. Ces détériorations ne sont pas dû au vandalisme. Les singes, sacrés eux-aussi, bondissent et se chamaillent au milieu des terres cuites. Ils les cassent et les font tomber.
     
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    Tête de cheval cassé


     
     La sécheresse craquèle la terre cuite et la mousson délave les couleurs; l'argile gris apparaît quand la peinture s'écaille. Les statues trop détériorées sont mises à l'écart où elles se désintègrent lentement. Elles sont éphémères. Leur détérioration fait partie du cycle de la vie.
     
     

     

    Allée du sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu

     
     
     
         Encadrés d'animaux plus ou moins entiers, l'allée de sable conduit à un cheval plus grand que nature et à des éléphants peints  tenant un lotus dans leur trompe. De petits personnages colorés, Ayyanar et ses 21 déités secondaires, sont modelés  autour du pachyderme. Il n'y a pas ici de grande statue d'Ayyanar mais seulement la représentation des animaux qui lui sont associés.
     
     
     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    Eléphant et dieux secondaires

     

     
        L'entretien du bois sacré est confié à une famille ou à la collectivité. C'est un droit héréditaire. Un prêtre et quelques mendiants gardent le sanctuaire. Un festival y a lieu chaque année avec chants rituels, danses et statuettes votives. On remplace alors les animaux trop abimés.
     
        Dans le bois sacré il est interdit d'abattre un arbre ou de ramasser du bois. Cela provoquerait la colère du dieu local qui, par représailles, anéantirait les récoltes dont la vie du village dépend.
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    alignement de terre cuites et éléphant

     

     
        Avec la modernisation et l'urbanisation de l'Inde d'aujourd'hui, les bois sacrés sont menacés. L'observation des rites déclinent alors que les croyances coutumières sont considérées comme de simples superstitions. Les bois sont parfois encerclés de maisons et l'enceinte est de moins en moins respectée.
     
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    cheval et vache en terre cuite

     

      
      Le culte d'Ayyanar, par contre, est de plus en plus populaire. Ce dieu local, qui n'appartient pas au grand panthéon hindouiste, se confond parfois avec Aiyappan au Kérala. On le retrouve au Sri Lanka, à la Réunion et partout dans le monde où il y a des communautés tamouls.
     
     

     

    sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    offrandes


     
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    Sources:
    1-
    Ayyanar and Aiyappan in Tamil Nadu :
    Change and Continuity in South Indian Hinduism


    2- L’ethnographie contre l’idéologie
    Le cas de l’hindouisme, Robert Deliège
     
     
     
    Mots clés: Ayyanar, Aiyanar, Namana Samudram, Tamil Nadu, terra cotta, velar, potier, sanctuaire, culte, hindou, poterie votive
     
     
     
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  • Ayyanar combat les esprits maléfiques


         Un féroce cavalier sur un cheval blanc, semble menacer le passant de son sabre ou de son fouet. Il s'agit du dieu Ayyanar (ou Aiyanar, Ayanar, Aiyanaar), le gardien des villages, ou de son second Karuppaswami. Ses traits grimaçants témoignent de sa puissance surnaturelle. Comme un acteur de Kathakali, le dieu surjoue la colère et le courage, roulant des yeux farouches pour repousser les esprits maléfiques qui menacent les paisibles villages du Tamil Nadu en Inde.
     
     
     
     
     
    Ayyanar ou Karuppaswami, dieu tamoul, gardien des villages


     
     
       Les statues d'Ayyanar, souvent monumentales, sont soigneusement peintes de couleurs vives comme toutes celles des dieux hindous. Le style appliqué n'est pas sans rappeler l'académique imagerie saint-sulpicienne, en plus exotique. Le doux visage du Christ et ses gestes apaisants laisse la place à des gesticulations guerrières. L'âne, le boeuf et l'agneau sont remplacés par l'éléphant, la vache et le cheval. La mièvrerie européenne et l'expressionisme indien se retrouvent dans la même célébration, involontaire, du kitsch
     
     


    Aiyanar ou Karuppaswami, dieu tamoul, gardien des villages
    enceinte rayée de rouge et blanc
     
     
     
     
     
         Le culte d'Ayyanar, très populaire, est partout présent en Inde du Sud, au Tamil Nadu. Bien que né de l'union de Shiva et de Vishnou, sous l'apparence féminine de Mohini, Aiyanar n'appartient pas au panthéon hindou, c'est un dieu local. Aiyanar protège les villageois des esprits mauvais, des inondations et des sècheresses qui menacent les communautés agricoles. Il garde le réservoir, essentiel à la survie du village.
     
     
     
     
     
    Karuppaswami, armé d'un sabre, combat le mal aux côtés d'Aiyanar
     
     
     
     
     
         Ce dieu guerrier est toujours escorté de Karuppaswami son lieutenant armé d'un sabre, de 21 déités de moindre importance et d'une multitude de serviteurs. Il est parfois malaisé d'identifier tous ces dieux et demi-dieux et les indiens rencontrés sur place donnent parfois des informations contradictoires mais tous s'accordent sur la puissance protectrice d'Aiyanar. La nuit, Aiyanar et son armée veillent. Ils galopent tout autour du village et repoussent les esprits du mal dans un combat sans fin. Yallee, celui qui voit dans toute les directions et dans le futur, les guident.
     
     
     
     
    Ayyanar, Karuppaswami et les 21 dieux secondaires
    représentés autour du cheval blanc


     
        Pour résoudre leurs problèmes quotidiens, les villageois consultent un kodangi qui communique avec les dieux. Il ne s'adresse pas directement à Aiyanar, il est trop puissant, mais à son second Karuppaswami. Le kodangi, possédé par ce dieu secondaire entre en transe puis, comme un oracle, transmet aux villageois quelles offrandes ils doivent apporter aux dieux pour obtenir santé, richesse et paix spirituelle.
     
     
     
     
     
    Eléphants et poupées,
    offrandes en terre cuite pour Aiyanar, le dieu des villageois
     
     
     
     
        Les temples et les sanctuaires d'Aiyanar sont toujours à l'extérieur des villages, près d'un bois sacré. L'enceinte du temple est souvent décoré de rayures rouges et blanches qui signifient la limite entre le sacré et le profane. Les prêtres qui y officient sont de la caste des potiers, Velar, et non des brahmanes. Leur charge est héréditaire. Avec de l'argile, les potiers modèlent les grandes statues de chevaux, d'éléphants et de dieux qu'on voit à l'entrée ou dans l'enceinte du temple. Certaines effigies ont plus de cent ans.
     
     
     
     
     
    Groupe de statues: Aiyanar, l'éléphant et le cheval
     
     
     
     
        Le prêtre-potier fabriquent aussi les statuettes votives en forme d'éléphants, de vaches, de chevaux ou de poupées pour le festival d'Aiyainar. Au printemps, une procession de fidèles apportent les offrandes de terre cuite au temple ou au sanctuaire. Honorer un des 21 dieux revient à honorer Ayyainar. lui-même car il est le chef. 
     
     
     
     
     
    sanctuaire d'Aiyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
    Allée bordée de statues d'animaux en terre cuite
     
     
     
     
     
        Les 21 dieux reflètent la hiérarchie sociale du village. Les dieux des castes supérieures sont végétariens et ceux des castes inférieures sont non végétariens. Bien que les sacrifices d'animaux soient interdits il y a parfois des sacrifices de chèvres ou de coq.
     
     
     

    Tête de cheval, sanctuaire d'Aiyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu

       


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    Le cas de l’hindouisme    Robert Deliège


    3 - Terra Cotta sculptures of India by Ron du Bois




     

     

     
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