•  

     

       - A l'automne 1965, Roy Lichtenstein peint des tableaux dont le sujet est la peinture elle-même. Les Brushstrokes (coups de pinceau) sont dans la lignée de l'expressionisme (Jackson Pollock, William de Kooning) où l'acte de peindre, avec ses coulures et ses taches, était le vrai acte artistique et non l'imitation et la représentation du réel.

     

     

    Lichtenstein BRUSHSTROKE Caisse Dépôts Consignations 7Brushstroke, coup de pinceau, de Roy Lichtenstein 1988, détail

    Caisse des Dépôts et consignations, Paris

     

     

       Avec ironie, Lichtenstein détourne la théorie de l'action painting. Son coup de pinceau n'est plus spontané et imparfait comme dans l'expressionnisme abstrait. Au contraire il peint soigneusement des coups de pinceau agrandis et simplifiés, cernés de noir sur une trame de points. Le brushstroke, l'acte fondamental de peindre est dépersonnalisé, sans émotion. Le geste pictural est parodié de la même manière que les images tirées des comic-books, dans un style froid et mécanique. La toile est parfaitement lisse, sans éclaboussure ou dripping, et les pinceaux représentés sont plus des outils de peintre en bâtiment que des pinceaux d'artiste.

     

     

     

    Beaubourg-Lichtenstein-brushstroke.jpg1- Brushsrokes 1965, 2- Brushstroke with spatter 1966. Exposition Roy Lichtenstein, Centre Pompidou

     

     

        "Même si j'avais caressé l'idée auparavant, ça a commencé avec une image de bande-dessinée représentant un artiste fou qui barrait, avec un énorme coup de pinceau en forme de X, le visage et l'esprit qui le hantait. J'en ai fait un tableau. Celui-ci comprenait le coup de pinceau en X, le pinceau et la main de l'artiste. Puis j'ai continué à faire des tableaux de coups de pinceau uniquement."

     

     

     

    Bruskstroke-comics.jpgStrange suspens stories, The painting, de Dick Giordano, 1964 - 3

    Source probable de l'inspiration de la série des Brushstroke 

     

     

        "Ca m'intéressait de décrire, voire de caricaturer, un coup de pinceau. La nature même d'un coup de pinceau est antinomique par rapport aux contours et au remplissage tels qu'ils se pratiquent dans la bande dessinée. J'ai donc développé une forme pour cela, ce que j'essaie aussi de faire pour les explosions, les avions et les personnes - à savoir, obtenir une chose standardisée - un tampon ou une image. Le coup de pinceau était particulièrement complexe. L'idée m'est venue très tôt à cause des tableaux de Mondrian et de Picasso qui m'ont inévitablement conduit à l'idée de réaliser un De Kooning. Les coups de pinceau font évidemment référence à l'expressionisme abstrait." 1

     

     

     

    Lichtenstein BRUSHSTROKE Caisse Dépôts Consignations 8Brushstroke, Coup de pinceau, de Roy Lichtenstein 1988

    Caisse des Dépôts et consignations, Paris


        "Les coups de pinceau revêtent une importance primordiale dans l'histoire de l'art. Les coups de pinceau sont presque un symbole de l'art ... Bien sûr quand les coups de pinceau sont visibles sur une toile, on y voit un côté grand geste. Mais, entre mes doigts, le coup de pinceau devient la représentation de ce grand geste. Il y a ainsi une contradiction frappante entre ce que je dépeins et comment je le dépeins."

     

     

    Lichtenstein BRUSHSTROKE Caisse Dépôts Consignations 6Brushstroke, Coup de pinceau, de Roy Lichtenstein 1988

    Caisse des Dépôts et consignations, Paris

     

     

       Les Brushstrokes peints sont sans ombre ni relief, sans profondeur. Juste des images planes sur une surface plane. A partir de 1980, Roy Lichtenstein reprend le motif du coup de pinceau en sculpture, jouant du paradoxe de représenter en trois dimensions un pur geste pictural. 

     "Le coup de pinceau, c'était juste une idée au départ. La peinture la rend plus concrète mais quand vous en faites une sculpture de bronze, ça devient réel, ça pèse lourd et c'est absurde, contradictoire et amusant." 2 

     

     

     

    Lichtenstein BRUSHSTROKE Caisse Dépôts Consignations 9Brushstroke, Coup de pinceau, de Roy Lichtenstein 1988, détail

    Caisse des Dépôts et consignations, Paris

     

     

     

       En aluminium peint, le totem est haut de neuf mètres. Les couleurs primaires sont soulignées de noir. Le rouge figure les éclaboussures. Coup de pinceau est une célébration de la peinture comme le "Salute to painting" de 1986. Il surgit comme une flamme dans un élan figé, dans "une tentative de solidifier quelque chose d'éphémère, de le rendre concret". 2
     
     
     
    Lichtenstein BRUSHSTROKE Caisse Dépôts Consignations 3Brushstroke, Coup de pinceau, de Roy Lichtenstein, 1988, détail

    Caisse des Dépôts et consignations, Paris

     

     

       Le coup de pinceau de la Caisse des dépôts et Consignations à Paris a été commandité en 1988. Il est aujourd'hui exposé quai Anatole France dans la cour des dépôts et consignations, non loin du Réseda de Jean Dubuffet.
     
     
     
    Lichtenstein BRUSHSTROKE Caisse Dépôts Consignations 1Brushstroke, Coup de pinceau, de Roy Lichtenstein, 1988, détail

    Caisse des Dépôts et consignations, Paris

     

     
        Il existe diverses sculptures monumentales de Brushstroke dans le monde, installées de façon permanente ou non. Comme les oeuvres monumentales de Jeff Koons (Puppy) ou de Louise Bourgeois (spider-l'araignée), les coups de pinceau de Roy Lichtenstein sont des rock stars on tour.
     
     
     
    Lichtenstein BRUSHSTROKE Caisse Dépôts Consignations 4Brushstroke, Coup de pinceau, de Roy Lichtenstein, 1988

     

     

     

     

     

     

     

     

    Brushstroke, Coup de pinceau, de Roy Lichtenstein, 1988

    Caisse des Dépôts et consignations

    Quai Anatole France, Paris

     
    Palagret
    sculpture monumentale
    juillet 2013
     
     
    Sources: 1- Roy Lichtenstein, an interview by John Coplans 1967 2- in Roy Lichtenstein: Meditations 0n ArtMercurio, Gianni (2010).  SKIRA ed. 3- in Wikipedia Brushstroke serie

     
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        Près du carrefour Tolbiac à Paris existe encore un mur réclame presque effacé. Les briques transparaissent sous la peinture mais on y lit encore Savon Cadum et une forme floue qui devait être le Bébé Cadum.

     

     

    Bébé Cadum mur peint Tolbiac 2Mur peint publicitaire Savon Cadum

     

     

       On lit aussi Dubonnet qui barre Cadum et les deux publicités peintes se mélangent. En bas du mur le slogan se répète: Dubo Dubon Dubonnet. Un slogan qu'on pouvait lire sur les parois obscures du métro dans les années cinquante. Un slogan hypnotique que les enfants récitaient le nez collé à la vitre du train qui fonçait dans le tunnel.

     

     

    Bébé Cadum mur peint Tolbiac 3Mur peint publicitaire Savon Cadum

     

     

        Plus bas encore, on déchiffre une partie du nom de la compagnie publicitaire qui peignait ces grands murs réclame: affiches Fross... Tout en haut, au-dessus de Savon, il y a aussi des lettres formant affiche et d'autres mots illisibles. La publicité a l'air très ancienne, peut-être d'avant la guerre de 14-18.


     

    Bébé Cadum mur peint Tolbiac 0

     

     

        Le mur peint Savon Cadum est à côté d'un îlot démoli. Là se trouvait l'ancien cinéma le BARBIZON, ex "Cinématographe des familles", ex" cinéma family". Un bâtiment bas, comme en témoigne les arcs-boutants qui maintiennent les deux corps du bâtiment adjacent, qui ne rentabilisait pas assez le terrain. La nouvelle construction cachera-t-elle ce vieux mur décrépi, témoin d'un vieux Paris de plus en plus rare. 

     

     

    Nouveau mur peint publicitaire "Savon Cadum" après restauration

    boulevard Montmartre à Paris

     

     

         Dans les années 1920, les murs peints proliféraient et étaient aussi nuisibles que les publicités aujourd'hui; on pouvait protester contre cette agression publicitaire omniprésente. Maintenant qu'ils ont presque tous disparu, avalés par la rénovation urbaine ou effacés par les intempéries, on doit les protéger. Il faudrait que la mairie du XIIIè ou la Mairie de Paris réagissent et sauvegarde ce mur déjà en bien mauvais état.

     

       A part le mur peint Bébé Cadum du boulevard Montmartre, y-aurait-il d'autres vestiges à Paris?

     

     

     

    Liens sur ce blog:

    Le retour de Bébé Cadum, tout propre, tout neuf boulevard Montmartre

    Murs peints publicitaires

     

     

     

    Palagret

    murs peints du vieux Paris

    juillet 2013

     

     

     

     

     
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        - Une forme drapée de noir, vaguement humaine est exposée sous la pyramide du Louvre, sur un piédestal vide la plupart du temps. Une chef-d'oeuvre classique attendant d'être dévoilé à un public ébloui? Non, une oeuvre contemporaine de Loris Gréaud intitulée [I], un signe qui ne se prononce pas et fait référence à la verticalité du pilier. Une oeuvre en écho à la Tour aux plongeurs, sculpture-performance du même Gréaud au Centre Pompidou.

     

     

     

    Loris Gréaud, sculpture Louvre 7[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre

     

     

     

     

       Loris Gréaud imite les statues commémoratives attendant leur inauguration. Le drapé noir entouré de cordes cache en fait la silhouette du Captif, esclave rebelle, de Michel-Ange, une oeuvre du seizième siècle exposée au musée du Louvre. 

     

     

     

     

    Loris Gréaud statue Louvre 3[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre

     

     

     

     

        "J’ai choisi un chef-d’oeuvre, l’Esclave rebelle de Michel-Ange, ce personnage qui est comme prisonnier de la pierre. Nous avons drapé puis scanné en 3D une copie prise dans les réserves. Plusieurs choses se combinent : l’histoire du drapé dans la sculpture ; mais aussi le moment de l’inauguration, où l’on enlève le drap qui recouvre une sculpture publique. J’ai voulu étirer ce moment liminal, prolonger l’attente sur huit mois. Aussi, pendant l’hiver à Paris, les jardiniers recouvrent les sculptures des Tuileries pour les protéger du froid. C’est un geste fonctionnel, non esthétique. J’ai cherché à fusionner ces trois manières très différentes de draper une sculpture dans une même forme." 1

     

     

     

     

    Loris Gréaud statue Louvre noeud[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre

     

     

     

     

      [I], les deux oeuvres de Loris Gréaud sont exposées dans des espaces publics, dans le forum de Beaubourg et sous la pyramide du Louvre. Pas besoin de billet pour les voir.

     

    « C’est un geste politique, surtout en ce moment, que l’accès soit gratuit, que l’œuvre prenne place au cœur de deux des plus grands musées français, qu’elles puissent s’adresser à tout le monde et que le projet de cette exposition contienne une immédiateté.

    La personne qui traverse le forum du Centre pour aller aux toilettes, ou les visiteurs du Louvre qui viennent prendre une photo de la pyramide, tous peuvent faire une expérience d’art sans avoir une culture de la création contemporaine. » 2

     

     

     

    Loris Gréaud statue Louvre pyramide[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre

     

     

     

     

            "Il y a là une grande colonne vide qui, en vérité, est un socle en attente perpétuelle d’une sculpture : le Louvre avait eu le projet d’y installer la Victoire de Samothrace mais ça n’a jamais pu se faire. Je voulais quelque chose de très immédiat, mais qui ne sonne pas juste, pour créer une inquiétante étrangeté. Les dimensions de la sculpture ne sont pas à l’échelle du socle ni de la pyramide. Ça crée comme un déséquilibre. Enfin le drapé est brut, plein de poussière, des cordes l’enserrant. J’aimerais donner l’impression que cette sculpture a toujours été là, ou qu’on l’a exhumée des sous-sols du Louvre. Ou qu’il s’agit d’une sculpture postapocalyptique, restée là, bien après la catastrophe. " 1

     

     

      

     

    Cragg-Versus--Louvre-pyramide.jpgVersus de Tony Cragg sous la pyramide du Louvre

     

     

    "Exposer une sculpture drapée pendant des mois sous la pyramide du Louvre, c’est jouer avec l’attente, c’est étirer au maximum ce désir de voir le drap soulevé et la sculpture apparaître." 1

     

     

        Pourtant, comme devant Versus, la sculpture rouge de Tony Gragg en 2010, ou comme Suppo de Wim Delvoye en 2011 exposées sur ce même pilier, les visiteurs se prennent en photo devant l'oeuvre sans trop se poser de question. Venus voir les prestigieuses oeuvres du passé,  trop pressés de voir la Joconde, peu s'approchent du cartel pour savoir ce qu'est cette mystérieuse statue voilée. Les touristes ne s'offusquent pas des sculptures contemporaines qu'ils trouvent plutôt drôles ... ou qu'ils ignorent. 

     

     

     

    [I], sculpture de Loris Gréaud

    pyramide du Louvre, Paris

     Du 19 juin à janvier 2014    

     

     

     

     

    Liens sur ce blog:

    Loris Gréaud, [I], performance ou attraction foraine au Centre Pompidou?

    Les statues du parc de Versailles emmitouflées pour l'hiver

    Zoo humain d'Antony Gormley, à Trafalgar square sur le quatrième piédestal

    Sculptures contemporaines de Tony Cragg au Louvre, video

    Yan Pei-Ming: les larmes de Monna Lisa au Louvre

    Les Trois Grâces de Lucas Cranach dévoilées au Louvre

    Ruines et reconstructions, Makom de Michal Rovner d'Israël au Louvre

    Wim Delvoye: des cochons dans les salons Napoléon III du Louvre

     

     

     

     

     

    Palagret

    L'art contemporain au Louvre

    juillet 2013

     

     

     

    Source:

    1- in Les inrocks

    2- in rue 89

     

     

     

     
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       Du haut des murs de l'église Sainte-Trinité, les gargouilles éloignent le mal et recrachent l'eau de pluie qui ne doivent pas souiller le sanctuaire. Elles ont un rôle symbolique et fonctionnel. Les pierres saillantes, sculptées en forme d'animaux, de monstres, de chimères et parfois d'hommes, sont disposées sur deux niveaux, absides et nef, sur les côtés de l'église, érigée du XIII au XVIè siècle.

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20454Gargouille tête de lion, Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

     

        Comme la dentelle de pierre Renaissance à l'extérieure, les nombreuses gargouilles de l'église Sainte-Trinité sont en très mauvais état. La pierre est rongée par l'humidité et couverte de lichen, de mousse ou d'herbes folles. Les détails des sculptures s'estompent et il est parfois difficile d'identifier les figures qui se voulaient effrayantes.

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20460Personnage hurlant, gargouille, Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

     

        Les visages grimaçants des gargouilles incarnent le mal, la laideur physique étant au moyen-âge synonyme de laideur morale. La symbolique précise de ces personnages est souvent perdue aujourd'hui. Les gargouilles peuvent aussi n'être que décoratives; les sculpteurs d'images du moyen-âge s'inspiraient des bestiaires, des manuscrits enluminés que possédaient les lettrés. La représentation des animaux y est assez fantaisiste. Les licornes, centaures, basilics, phoenix et dragons, créatures mythiques, côtoient des animaux exotiques comme le lion, l'hippopotame et le rhinocéros, tous aussi étranges.

     

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20440Gargouille en forme de griffon (?) couvert d'écailles

    surmontée d'une deuxième gargouille plus simple au niveau supérieur

    Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

       Les sculpteurs du moyen-âge avaient plus de liberté pour représenter les gargouilles et les petits personnages grotesques que pour les images du christ, de la vierge et des saints qui étaient très codifiées. La représentation des gargouilles autorisait la fantaisie et les motifs sont très variés: pattes d'oiseau, ailes, griffes. Le plumage, le pelage ou les écailles sont parfois stylisés. Le corps étroit est allongé et incliné vers le sol pour permettre l'écoulement de l'eau par une bouche grande ouverte. 

     

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20449Gargouille stylisée, Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

     

        Certaines gargouilles de l'église Sainte-Trinité portent encore des traces de peinture car pour paraître encore plus effrayantes les sculptures étaient peintes de plusieurs couleurs. Très lourdes et solidement ancrées dans le mur, les gargouilles débordent largement des façades faisant tomber la pluie sur les passants. On ne sait si l'eau reçue alors est bénéfique ou maléfique.

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20453Gargouilles tête de lion et corps d'oiseau, Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

        Les gargouilles existent depuis l'antiquité mais elle se multiplient à partir du XIIIè siècle sur les églises et les cathédrales gothiques. La légende de Saint-Romain, archevêque de Rouen, est le récit fabuleux de l'apparition des gargouilles. En l'an 520, le dragon Gargouille terrifiait la ville de Rouen. Il dévorait les passants, avalait les barques sur la Seine et brûlait tout selon son caprice. Surtout il crachait des torrents d'eau qui inondaient la ville. Romain promit de vaincre le monstre si les habitants de Rouen se convertissaient au christianisme et construisait une église pour célébrer leur seul et unique nouveau dieu.

     

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20446Gargouilles gothiques à l'extérieur du déambulatoire, église Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

        Romain, suivi de deux hommes, s'approcha de la grotte où se cachait le monstrueux serpent. Il dressa aussitôt sa tête maléfique couverte d'écailles. Romain fit le signe de croix de ses deux bras levés et la bête monstrueuse s'écroula aussitôt, terrassée par la puissance de Dieu; le torrent d'eau qui s'apprêtait à sortir de sa gueule se transforma en un ruisselet.

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20451Deux gargouilles chimères à l'angle du toit de la chapelle absidale du XVIè siècle

    Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

        Romain passa son étole autour du cou du monstre vaincu et le ramena ainsi en laisse à Rouen. Gargouille fut brûlée par la foule qu'elle avait si longtemps terrorisé. Miraculeusement la tête et le cou du dragon ne furent pas réduits en cendres mais furent pétrifiés. On exposa les restes de Gargouille sur les remparts de la ville. Ce furent les premières gargouilles, canaux de pierre servant à éloigner la pluie des murs des églises et des châteaux. Ce récit mythique servait à glorifier la puissance de l'Eglise au début de la chritianisation de la Normandie.

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20450Gargouille au pelage, Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

          Près du portique renaissance de Sainte-Trinité on remarque une double gargouille. Deux hommes tiennent leur bouche ouverte dans un cri figé, plus un masque d'effroi qu'une grimace. Ils portent une longue robe, des prêtres peut-être.  

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20471Double gargouille à tête humaine, église Sainte-Trinité à Falaise 

       

     

     

        L'éthymologie du mot gargouille viendrait du latin "gurgulio" qui signifie "tranchée" et imite le bruit de l'eau qui s'écoule. Seules les sculptures dont l'eau s'écoule sont des gargouilles. Les autres figures grimaçantes sont des chimères. Ainsi le célèbre stryge de Notre-Dame, monstre pensif contemplant la ville, n'est pas une gargouille. 

     

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20437Gargouille mammifère aux oreilles pointues, protégée par une plaque de métal

     Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20442Gargouille au corps d'oiseau, trace de peinture rouge

     Eglise Sainte-Trinité à Falaise

     

     

     

          Le toit de l'église Sainte-Trinité brûla pendant la guerre. Les vitraux éclatèrent. Le décor extérieur fut touché. La restauration a commencé en 1950 mais ne va pas très vite vu l'état des gargouilles.

     

     

     

    Falaise église gargouilles 20477Statue de Guillaume le Conquérant devant l'église Sainte-Trinité à Falaise

    Vue sur le porche triangulaire gothique du XV siècle

     

     

     

         

     

    Lien sur ce blog:

    Street-art: les chimères d'Ender sur les murs de Paris

     

     

     

     

     

    Palagret

    église gothique

    juillet 2013

     

     

     

    Sources:

    Base Mérimée

    Légende de Gargouille

    Bestiaire du moyen-âge

     

     

     

     

     

     
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        Un corps vêtu de noir plonge du haut d'une tour de 14 mètres. Il rebondit sur un énorme matelas gonflable, se laisse glisser au sol et attend son tour avant de recommencer cette cascade sans fin, tel un Sisyphe d'aujourd'hui. [I], la tour aux plongeurs est la dernière sculpture-performance-installation de Loris Gréaud dans le forum de Beaubourg. La tour métallique noire et son escalier à vis font écho aux éléments de structure apparents du centre Pompidou.

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs Beaubourg 6Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg 

     

     

     

       Le cascadeur gravit lentement les marches jusqu'à la plateforme qui tourne sur elle-même avant de le positionner devant le tremplin. Comme un athlète de haut niveau, l'homme ou la femme s'étire et se concentre avant de se jeter dans le vide.

     

     

     


    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg,  Palagret

     

     

     

       Imperturbable, un maître de cérémonie est assis au fond de la fosse sur une chaise haute d'arbitre de tennis. Régulièrement, il élève un petit drapeau noir et autorise ainsi le cascadeur à plonger vers le fond du forum. Le public attend silencieusement. Quand l'homme noir rebondit avec un bruit mat sur l'air-bag, les applaudissements éclatent. Répétitive et obstinée, la performance fascine par son absurdité et l'élégance des corps qui tombent.

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs 11Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg 

     

     

     

       [I], la tour aux plongeurs de Loris Gréaud attire les visiteurs comme une attraction foraine. Un attraction qu'ils jugent amusante mais un peu courte.

     

     "Le cascadeur ne fait aucune acrobatie, je n'ai pas recherché le sensationnel. De même il n'y a pas de coulisses, les préparatifs des plongeurs sont visibles du public"."J'ai voulu créer une sorte de métronome humain, avec un saut par minute environ"explique Loris Gréaud. "Pour moi, c'est une sculpture plus qu'un acte performatif". 1

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs Beaubourg 3Le dispositif, Loris Gréaud, [I], tour aux plongeurs et airbag, Beaubourg

     

     

     

    "C’est une compagnie française de professionnels du saut de haut niveau, hommes et femmes, des “cliff divers”, qui s’entraînent à tomber de 30 mètres de haut dans un bassin… Je leur ai montré des films de Richard Serra et de Chris Burden où l’on voit tomber des sculptures, des corps, mais aussi le saut d’Yves Klein, ou une vidéo de Bruce Nauman en train de tomber de sa chaise dans son atelier afin qu’ils se projettent dans une histoire de la sculpture. Je leur ai demandé de ne pas faire d’acrobatie, et pour eux c’est le plus dur." 2 

     

     

       On pense aussi aux corps du 11 septembre tombant le long des twin towers en feu même si Loris Gréaud s'en défend.

     

     

     

    Le cartel apposé sur la rambarde nous explique: 

    "La tour aux plongeurs de Gréaud croise trois motifs de l'histoire de l'art: la tour, emblème des utopies modernistes; la chute des corps, thème d'une sculpture qui se met à l'épreuve des lois de la gravité; la machine cinétique, qui exalte le mouvement. Les sauts réglés des plongeurs donnent à cette sculpture cinétique aux rouages humains une allure de Vanité; ils scandent l'écoulement du temps.

    Si la tour noire de Gréaud offre un spectacle, elle n'appartient pas à l'univers du parc d'attraction. Elle est un objet de pure contemplation et d'interrogation."

     

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs Beaubourg 4Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg 

     

     

     

    Entretien sur le site du Centre Pompidou:

         Pendant quatre semaines, à partir du 19 juin 2013, Loris Gréaud présente une oeuvre singulière et monumentale dans le Forum du Centre Pompidou. Au même moment, l’artiste expose une autre oeuvre de grandes dimensions sous la pyramide du musée du Louvre. Depuis le milieu des années 2000, le parcours de Loris Gréaud est marqué par plusieurs projets ambitieux qui s’éloignent de la définition et des modes de production ou de fonctionnement habituels de l’oeuvre d’art. Le double projet au Centre Pompidou et au musée du Louvre l’illustre une nouvelle fois. En 2009, la déambulation européenne, dans une remorque tirée par une voiture, de Devils Tower Satellite, s’était provisoirement achevée dans le Forum du Centre Pompidou, à proximité de l’endroit où la nouvelle oeuvre de l’artiste va être installée. Loris Gréaud reprend le récit, mais d’une toute autre façon. Après l’étonnant film The Snorks - A Concert for Creatures, une fiction sur les êtres peuplant les abysses sous-marins, pour lequel il s’était assuré le concours de David Lynch, de Charlotte Rampling et du groupe Anti-Pop Consortium, Loris Gréaud se lance dans une nouvelle aventure.

     

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs 14L'arbitre, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg 

     

     

     

     

    Michel Gauthier - L’un des traits dominants de votre art est qu’une oeuvre n’est jamais close sur elle-même, que ses limites sont toujours un peu incertaines. 

    Loris Gréaud - J’ai toujours cherché à prendre mes distances avec le format classique de l’exposition, sans que l’idée même du « format de l’exposition » soit pour autant au coeur de ma pratique : des oeuvres autonomes sont montrées dans un lieu précis. C’est en ce sens que j’ai pu être intéressé par la poésie d’une vague de propositions et d’expériences se répandant à la manière d’un bruit, d’une rumeur, d’une ville à l’autre. Brouiller les pistes et les repères spatio-temporels en propageant des oeuvres aux quatre coins du monde, dans les rues, les écoles, les galeries, par des ondes sonores, des émissions de radios pirates, des enregistrements trafiqués… Cela a été, à un moment, un enjeu important de mon travail. Et c’est dans cette perspective que j’ai parfois été amené à bannir toute trace ou tout témoignage d’une oeuvre donnée.

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs Beaubourg 5Regarde les hommes tomber, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg 

     

     

     



    MG - La stratégie de l’invisibilité n’est toutefois pas la seule. Ce n’est pas celle utilisée au Centre Pompidou et au musée du Louvre.

     
    LG - En effet, ces deux oeuvres seront très visibles, en raison de leurs dimensions, des emplacements choisis et, pour l’une d’entre elles, de son fonctionnement. Elles seront présentées dans deux espaces très exposés, très fréquentés et dont les accès sont libres et gratuits. Le projet « [I] » doit être visible par tout le monde, et pouvoir confronter son immédiateté au plus grand nombre. Il y a des artistes qui produisent des oeuvres et d’autres qui, à travers une production, des projets, esquissent une trajectoire. La seconde option m’intéresse davantage. J’aime envisager mon travail dans la durée, à travers un ensemble d’oeuvres dont la réalisation s’échelonne sur plusieurs années. C’est pourquoi l’idée d’exposer deux oeuvres en même temps, dans ces deux institutions très prestigieuses, m’a particulièrement intéressé : elle invite le public à passer de l’une à l’autre et à réfléchir au trajet qui les relie. Je ne peux pas penser à une oeuvre sans penser à la suivante, sans tenter de tirer les lignes, les liens qui existent entre elles. L’espace entre les oeuvres, c’est tout simplement le chemin de la pensée. Il engendre de nombreuses et belles histoires. J’ai été frappé à ce sujet par un propos du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen : « C’est comme un symbole de mon travail depuis 45 ans que ce qui n’est pas entendu ou n’est pas joué soit la partie la plus fascinante de ma vie ». L’espace entre deux oeuvres, l’inflexion de la pensée entre elles ou entre deux expositions sont aussi importants que l’oeuvre elle-même.

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs 13Chute sur le matelas gonflable, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg 

     

     

     

     

    MG - Vous avez choisi un titre commun pour les deux oeuvres présentées au Centre Pompidou et au Louvre.

     
    LG - Oui : « [I] ». Un titre qui permet d’entendre plusieurs choses. Le « je » anglais. Mais aussi la verticalité des deux oeuvres, particulièrement au Centre Pompidou. Ou le signe qui, en mathématiques, dans la théorie des nombres complexes, désigne l’unité imaginaire. Ou encore le symbole de l’intensité du courant électrique ; l’Iode, l’élément chimique des halogènes…. J’aime surtout l’idée d’un titre global qui ne se prononce pas mais fait signe. Signe de cette double invitation que j’ai appréhendée comme un seul et même projet. 

    LG - Je suis constamment en quête de nouvelles façons de produire l’art. Le champ de l’art a pour définition de n’avoir pas de frontières. Il est permis d’y faire absolument tout entrer. La seule règle que je suis et poursuis est celle que je me suis imposée : seul le projet fait autorité. Dans son temps, son économie, ses médias… L’ensemble devra être soumis à l’idée et l’exigence du projet. C’est pourquoi je discute aussi bien avec des scientifiques, des architectes, des musiciens, des cinéastes, des comédiens ou des philosophes. Toutes ces rencontres sont liées à cette recherche, à la possibilité de résoudre une question esthétique. J’ai toujours besoin de nouvelles aventures pour me maintenir en éveil. C’est ce que j’ai appelé ces dernières années, l’aventure de l’art, qui n’est ni le choix de la longévité ni celui de l’économie, mais ce en quoi je crois et, une fois de plus, ce que le travail exige.

    Propos recueillis par Michel Gauthier, conservateur au musée national d’art moderne, commissaire de l’exposition. 3

     

     

     

    Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs 10Chute sur le matelas gonflable, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg 

     

     

     

     

     

     [I], Loris Gréaud, performance installation sculpture

    du 19 juin au 15 juillet 2013

    Forum du Centre Pompidou, accès libre

     

     

     

     

    Palagret, photos et video en CC

    performance

    juillet 2013

     

     

     

     

    Sources:

    1- in Le Parisien

    2- in Les Inrocks

    3- in Centre Pompidou virtuel

     

     

     

     
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        Cet été, dans sa nouvelle campagne d'affichage, Leroy Merlin délègue un cortège d'ombres pour aider les bricoleurs. L'ombre est une présence familière, attachée au corps; elle appartient aussi au royaume du fantastique quand l'ombre se détache et se promène seule.

     

     

     

    affiche Leroy Merlin équipe ombre 10219On fait équipe tout l'été. Leroy Merlin du 19 juin au 5 août

     

     

     

        Dans la publicité Leroy Merlin les ombres sont autonomes mais amicales. Elles ne reflètent pas le geste du bricoleur, elles l'aident dans son travail. L'une tend des matériaux à l'homme qui monte un mur de verre. L'autre approche une brouette.  

     

     

     

    affiche Leroy Merlin équipe ombre 10386On fait équipe tout l'été. Leroy Merlin du 19 juin au 5 août

     

     

     

        Une troisième ombre, féminine celle là, stabilise l'échelle d'une jeune femme qui repeint son plafond.

     

     

     

    affiche Leroy Merlin équipe ombre 10422On fait équipe tout l'été. Leroy Merlin jusqu'au 5 août

     

     

     

        Deux autres visuels montrent des ombres seules, elles ne sont le double de personne. Une ombre peint un mur au rouleau, une autre travaille avec un compresseur. Le bricoleur est remplacé par des produits spécifiques, un pot de peinture Novemail et un compresseur Michelin dont les marques sont bien visibles

     

     

     

     

     

    affiche Leroy Merlin équipe ombre 10388On fait équipe tout l'été. Leroy Merlin du 19 juin au 5 août

     

     

     

     

        Le slogan de Leroy Merlin est: on fait équipe tout l'été. L'enseigne Leroy Merlin nous dit que l'ombre, présence discrète et symbolique, aide les bricoleurs. Les ombres sont des subalternes, des apprenties; le patron c'est le client. A lui le projet, la décision, l'achat, la réalisation.   

     

     

     

     

    affiche Leroy Merlin équipe ombre 10431On fait équipe tout l'été. Leroy Merlin jusqu'au 5 août

     

     

     

       Quand l'ombre est seule sur l'affiche, le message est moins clair, il n'y a plus de patron. Une fois passé à la caisse, le consommateur aura-t-il la bonne surprise de trouver le travail accompli par une armée d'ombres magiques?

     

     

     

     

    Liens sur ce blog:

    Art et publicité: Leroy Merlin et les outils géants

    Art et publicité: les outils gonflables Leroy-Merlin

    De l'usage des mots dans la publicité : "coup de foudre" pour une poubelle Leroy Merlin

     

     

     

    Palagret

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    juillet 2013

     

     

     

     

     
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