• Adieu veau, vache, cochon, couvée

      

        Dans La Laitière et le Pot au lait, célèbre fable de Jean de La Fontaine, Perrette va au marché pour vendre un pot de lait. Avec l'argent de la vente, la fermière projette d'acheter des oeufs qui lui donneront des poulets qu'elle vendra pour un cochon etc ... La jeune entrepreneuse se voit déjà à la tête d'une exploitation prospère quand, patatras: "le lait tombe; adieu veau, vache, cochon, couvée".

     

     

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    Cochon, vache, veau, trois figurines en plastique pour 20 cents

    vide-grenier

     

     

       Tout ses rêves de richesse s'évanouissent. Moralité? Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. 1 Ou que les petits restent à leur place et laisse l'ambition à d'autres.

     

        Ce vers célèbre illustre aujourd'hui un problème que Jean de La Fontaine ne pouvait imaginer. Avec le réchauffement climatique, l'élevage industriel est montré du doigt. D'après un rapport de la FAO, la production de viande est la deuxième émettrice de gaz à effet de serre, après l'industrie de l'énergie, avec les engrais chimiques, les pets et les rots de vaches qui dégagent du méthane. 2

     

       La planète ne pourra adopter les habitudes de consommation occidentale, Faudra-t-il dire "adieu veau, vache, cochon, couvée" et devenir végétarien?

     

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    La Laitière et le Pot au lait

     

    Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait
    Bien posé sur un coussinet,
    Prétendait arriver sans encombre à la ville.
    Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
    Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
    Cotillon simple, et souliers plats.
    Notre laitière ainsi troussée
    Comptait déjà dans sa pensée
    Tout le prix de son lait, en employait l'argent,
    Achetait un cent d'oeufs, faisait triple couvée ;
    La chose allait à bien par son soin diligent.
    Il m'est, disait-elle, facile,
    D'élever des poulets autour de ma maison :
    Le Renard sera bien habile,
    S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
    Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
    Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :
    J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.
    Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
    Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
    Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
    Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
    Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
    La dame de ces biens, quittant d'un oeil marri
    Sa fortune ainsi répandue,
    Va s'excuser à son mari
    En grand danger d'être battue.
    Le récit en farce en fut fait ;
    On l'appela le Pot au lait.

    Quel esprit ne bat la campagne ?
    Qui ne fait châteaux en Espagne ?
    Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,
    Autant les sages que les fous ?
    Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :
    Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
    Tout le bien du monde est à nous,
    Tous les honneurs, toutes les femmes.
    Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
    Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ;
    On m'élit roi, mon peuple m'aime ;
    Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
    Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
    Je suis gros Jean comme devant.

     

     

     

        La fable contient plusieurs expressions célèbres: Légère et court vêtue, Qui ne fait châteaux en Espagne, Je suis gros Jean comme devant.

     

     

    Palagret

     

     

     

    1- in L'ours et les deux compagnons, fable de Jean de La Fontaine

    2- In  Télérama

     
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