• Bilal Berreni alias Zoo Project alias Billy the cat, derniers jours à Détroit

     

     "La nuit je marche, je vagabonde"

     

       Détroit, ville ravagée par la crise des sub-primes était le terrain d'exploration de Zoo Project (Bilal Berreni, 23 ans). Inconscient du danger, il errait au milieu des ruines de maisons, d'usines, de casernes de pompiers ou d'école. Quand il a été assassiné en juin 2013 dans la Tour Brewster- Douglass, un immeuble promis à la démolition, ses amis ne se sont pas inquiétés tout de suite de ne plus le voir. Bilal suivait son propre chemin et il a fallu 7 mois avant que la police identifie le cadavre sans papiers.

     

     

     

    Zoo Project portraitPortrait de Bilal Berreni, alias Zoo Project

     

     

       Selon ses amis américains avec qui il partageait un loft de temps en temps à Detroit, Zoo Project était comme un chat. Il s'intéressait aux gens quand il le voulait puis s'en allait tranquillement. Il disparaissait pendant des jours ou des mois puis réapparaissait sans rien dire. Ses amis le surnommaient Billy the cat et il s'appelait ainsi dans ses écrits.

     

     

    Detroit Brewster by Sean MarshallLes tours Brewster-Douglass en cours de démolition à Détroit

    Le corps de Zoo Project a été retrouvé au sol. Soit il est tombé après avoir reçu une balle dans le visage, soit son meurtrier l'a poussé déclare la police de Détroit

     

     

        Zoo Project était fasciné par la décadence urbaine de Détroit. Il voyait une beauté tragique dans l'abandon et le délabrement des tours et des maisons pillées. Lui même récupérait parfois du bois dans la tour Brewster-Douglass, un Hlm (public Housing de 1938) abandonné. Avec ces matériaux, il s'était construit une cabane à l'intérieur du Griswold Loft qu'il partageait avec ses amis. Sur un morceau de tissu masquant la fenêtre il avait peint "Billy vision" (la vision de Billy).

     

     

     

    Detroit maison abandonnée by sj careyMaisons abandonnées et pillées à Détroit après la crise des sub-primes

     

     

     

     En parlant de son travail de street-artist, Zoo Project disait:

    « J'aime peindre de jour parce que les passants interviennent souvent : ils s'arrêtent, s'attroupent, m'interrogent. Des petites vieilles, des mômes, des mères de famille... Je suis à la recherche de ce dialogue. D'ailleurs, ça ne me dérange pas qu'on critique mes peintures, même violemment : au moins, il y a réaction. » 2  

     

     

     

     

    zoo project street-art mainMain, détail d'une fresque de Zoo Project sur un immeuble condamné, Paris, août 2011

     

     

     

    zoo project Belleville cochonCochon et homme transi sous une maison

    fresque de Zoo Project sur un immeuble condamné à Belleville, Paris, août 2009  

     

     

     

       Zoo Project ne recherchait plus le dialogue avec les passants; il ne peignait plus de fresques sur les bâtiments en sursis et les palissades. Ses amis ne semblent pas connaître les chimères mutilées et les êtres étranges de Paris ni les silhouettes de Tunis ou d'Odessa. Le street-art ne l'intéressait plus. Bilal passait son temps à lire et à écrire. Certains de ses écrits ont été transmis au Detroit Free Press qui les ont traduits en anglais, ici retranscrits en français. 2

     

    “Et j'aime tant la ville la nuit que la voir en plein soleil, aussi tendre et chaude, est comme si son voile d'étrangeté avait été enlevé.”

     

     

     

    Detroit 2 by Thomas HawkUne usine abandonnée à Détroit

     

     

     

    " A la fin c'est juste une question d'éclairage. Parfois mon regard plonge dans les artères quadrillées de la ville. Cette ville me surprend. C'est exactement l'opposé de ce que j'attends d'une ville. Ni rampante ni active."

     

     

     

    Zoo Project street-art Ménilmontant"On apprend plus dans une nuit blanche que dans une année de sommeil. Belleville nights"

    fresque de Zoo Project à Belleville, Paris, mars 2011

     

     

     

     

     

         La ville quadrillée a surpris et tué Bilal. Après de longues nuits blanches passées à errer dans les décombres et les ruines, Bilal Berreni est mort assassiné à Détroit. Il allait avoir 24 ans. L'enquête n'est pas close et le meurtrier du jeune homme sera peut-être un jour identifié.

     

        Sur les murs de Paris on peut voir des hommages à Zoo Project.

     

     

     

     

    Zoo Project tags Street-art BellevilleFresque de Zoo Project peu à peu recouverte de tags et d'affiches sauvages

    avant démolition, Belleville, Paris, août 2010

     

     

     

    Liens sur ce blog:

     Zoo Project, le street-artist parisien est mort assassiné à Detroit

    Zoo Project, l'exploitation de l'homme par l'homme, street-art

    Zoo Project, l'homme réparé, l'homme désactivé, street-art

    Zoo Project: street-art, démolition et rénovation à Paris

    Street-art: les esclaves de Zoo Project au cinéma Louxor

    Street-art: Bonom, Zoo Project, labyrinthe et minotaure

     

     

    Autres oeuvres de Zoo Project sur Flickr

     

     

     

    Zoo-Project-homme-be-lier-mutile--street-art.jpgHomme-bélier mutilé perdu à Paris

    fresque de Zoo Project, mai 2010

     

     

     

    Palagret

    poésie des ruines

    juillet 2014

     

     

    source:

    1- ITW de Zoo Project dans philum.info

    2- Last days in Detroit, Detroit free press

     

     

    Photos de Détroit en Creative Commons:

    memoriesbymike

    sj carey

    sean marshall

     

    Photos de Paris: Palagret en Creative Commons

     

     

     

     

     
    « Joe Sacco, une fresque monumentale de l'effroyable boucherie de la bataille de la Somme, à MontparnasseFields of battle - Terre de Paix 14 -18, photographies de Michael Saint-Maur Sheil »
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