• Nuit Blanche 09: Chantal Stoman, Lost Highway, vies volées dans le métro parisien


                            Vies privées livrées aux regards

        La nuit, les fenêtres sans rideaux des bureaux et des appartements allumés offrent de multiples scénettes fugitivement aperçues par les automobilistes qui défilent sur le shutokôusoku, la voie rapide de Tokyo qui coupe la ville en deux. Solitudes sous la lumière crue, anonymat et voyeurisme.
     
     
     
       Solitude dans la nuit tokyoïte
    "Lost Highway", installation photographique de Chantal Stoman

    couloir du métro Châtelet, Paris


        "Pendant un an," raconte Chantal Stoman, "j'ai tourné sur cette autoroute, avec un chauffeur, pour prendre des photos. Chaque fenêtre entrevue en quelques dixième de secondes me livrait plus sur la vie intérieure japonaise qu'il ne m'en avait été offert en plusieurs mois de vie locale." 1



    "Lost Highway", installation photographique de Chantal Stoman
    couloir du métro Châtelet, Paris



         De Tokyo à Paris, de l'autoroute au métro, Chantal Stoman expose Lost Highway dans le couloir de la station Châtelet à Paris. Sur 140 mètres de long, les photos 5x3, bord à bord, tapissent les murs voutés. Des milliers de personnes passent ici chaque jour. Sur le tapis roulant, les yeux baissés, la plupart des voyageurs ne remarque rien, comme les automobilistes qui fixent la route sans prêter attention au décor, déplacement entêté et répétitif. Sur les côtés, les gens marchent rapidement, frôlant les photos brillantes.
     
      

    "Lost Highway", installation photographique de Chantal Stoman
    couloir du métro Châtelet, Paris


        
    En changeant de station, le voyageur attentif fait un double voyage, un voyage en trompe-l'oeil dans la nuit tokyoïte et un plus prosaïque dans le foule du métropolitain, foule dense et obstinée qui bute sur ceux qui s'arrêtent ou ralentissent.
     
     
     
     
     
    Voyageurs pressés devant
    "Lost Highway", installation photographique de Chantal Stoman

    couloir du métro Châtelet, Paris


       Les photos publiées dans les journaux ne rendent pas compte de ce que perçoit le voyageur. On est dans un tunnel aux murs assombris parsemé de brillance. Le défilement des passants crée un effet stroboscopique et quand on marche, le paysage de la mégapole en noir et blanc défile lentement. Fenêtres éclairées au néon, silhouettes anonymes, enseignes commerciales, salle de gym ou supérette, l'objectif de Chantal Stoman capte, vole des fragments de vie tokyoïte.
     
     
     
     
    Anonymes à Tokyo et Paris
    "Lost Highway",
    installation photographique de Chantal Stoman

    couloir du métro Châtelet

     

        Il n'y aucune psychologie dans ces photos, juste des prémisses d'histoires dont on ne sait rien, de mystères qui ne seront pas dévoilés.  Le mot lost, perdu, donne une tonalité pessimiste au voyage. Voyage sans fin, voyageurs perdus, âmes perdus. Ces froides images pourraient être le prélude de Lost Highway, le film de David Lynch dans lequel un homme, soupçonnant sa femme de le tromper, reçoit des vidéos montrant son immeuble filmé de l'extérieur. Il est épié mais par qui? La ville moderne est sous surveillance.

     

    Solitude, "Lost Highway"
    installation photographique de Chantal Stoman
    couloir du métro Châtelet, Paris



    "Lost Highway", installation photographique de Chantal Stoman
    couloir du métro Châtelet, Paris



        Chantal Stoman, française, a découvert le Japon en 1995. Elle y a réalisé "A woman obsession" un projet qui explore la relation des japonaises à la mode et au luxe. Elle a l'intention de travailler sur les communautés Amish et Hassidim. Elle travaille avec de la pellicule argentique.
     
     
     
     
     
     "Lost Highway", installation photographique de Chantal Stoman
    couloir du métro Châtelet, Paris



    "Lost Highway"
    Installation photographique de Chantal Stoman
    Du 3 octobre au 24 octobre 2009
    Couloir de la station Châtelet reliant les lignes 1, 4, 7, 11 ET 14
    Paris



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    Palagret
    novembre 2009
     

     
    1- in Le Figaro


     
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