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Par Palagret le 16 Janvier 2011 à 12:00
Alors que les guirlandes de Noël brillent encore la nuit tombée, un sondage nous apprend que les français seraient les champions du pessimisme devant les habitants de pays dévastés par la guerre comme l'Afghanistan ou le Kosovo. 1
Morts sur ordonnance, couverture du Nouvel Observateur du 13 janvier 2011.
2011 ce qui nous attend, couverture de Challenge
affiches sur un kiosque de journaux
Les scandales récents, les affiches et les journaux qui les révèlent, confortent notre peu de confiance dans l'avenir. Après le scandale de l'amiante et du sang contaminé, voici celui du Mediator. Comment avoir confiance quand la mort est prescrite sur ordonnance?
La couverture du Nouvel Observateur montre un crâne et des tibias croisés composés de pilules blanches. En détournant le symbole des pirates, le dessinateur signifie ainsi que les nouveaux pirates, sans foi ni loi, sont les laboratoires pharmaceutiques, ceux là même qui devraient nous soigner. 2
Un sondage CSA pour Le Parisien révèle que 35% des français n'ont pas confiance dans les médicaments et donc dans les agences sanitaires gouvernementales qui les surveillent.
Manger de la viande tue, couverture des Inrockuptibles du 12 janvier 2011
Autre crâne sur la couverture des Inrockuptibles, un crâne de bovin cette fois. Orbites creuses et rictus avec cette phrase en dessous: "manger de la viande tue". L'article cite certains scientifiques qui lient la consommation de viande rouge au cancer, en plus des dommages écologiques. 3
Manger de la viande tue, couverture des Inrockuptibles
sur un kiosque parisien
Après les scandales sanitaires, les affiches dénoncent des scandales de société. L'affiche de l'Armée du Salut montre une silhouette blanche adossée à un mur, comme les silhouettes qu'on dessine autour des cadavres. "L'exclusion tue" dit le texte sur un ruban jaune, ruban délimitant la scène du crime.
L'exclusion tue, votre don sauve,
affiche de l'Armée du Salut, Merci Sarko, graffiti
Pour finir, le ridicule tue aussi comme le montre la campagne d'affichage contre le port de la fourrure. L'affiche reprend le code graphique des paquets de cigarettes, lettres noires sur fond blanc entourées d'une bordure de deuil. Trois personnages ridicules portent un slip de fourrure. Les animaux meurent pour eux.
Le ridicule tue 50 millions d'animaux par an
affiche de la Fondation Brigitte Bardot
Bonne année! 2011
Liens sur ce blog:
Affiches de Noël: la Fondation Abbé Pierre manie l'ironie
Voeux pour le Nouvel An: "soyons réalistes, ne demandons rien"
Ceci n'est pas un cul-de-jatte de Calcutta, affiche de CCFD-Terre Solidaire contre les clichés
Palagret
archéologie du quotidien
janvier 2011
Source:
1- Institut BVA-Gallup International: "61% des Français estiment que 2011 sera une année de difficultés économiques contre 28% en moyenne dans le monde".
2- Le NouvelObs
3- Les Inrocks
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Par Palagret le 25 Décembre 2010 à 12:00
Papiers collés ou tracts, voici deux modestes contributions à la philosophie de la rue, collées par un street-artist sur les murs d'Arles.
"Soyons réalistes, ne demandons rien" tract collé à Arles
Un triste message bien éloigné de celui de Che Guevara qui nous disait: "Soyons réaliste, demandons l'impossible". Le slogan révolutionnaire, énergique et joyeux, fut repris en mai 68 par les étudiants sur les barricades à Paris.
"Des miettes sinon rien", tract collé à Arles
Les slogans utopiques de la révolution castriste ou de mai 68 n'ont pas résisté au principe de réalité. Il n'y a plus de rêve, la crise est là. Les philosophes de la rue nous provoquent en affichant de tristes slogans. "Soyons réalistes, ne demandons rien" pourrait être une résolution désenchantée pour le Nouvel An. Quant à "Des miettes sinon rien" c'est une phrase assez drôle qui parodie la publicité! Un slogan utilisé par plusieurs publicités dont Mercedes (the best or nothing).
Un autre slogan probablement du même auteur: "arrêtes de faire semblant tu es bien pire" photographié à Arles par Youguie ici.
Raisonnables et dépressifs, ces messages de la rue aurait attristé José Marti, autre héros de la révolution cubaine, qui parlait de la honte de ne pas lutter. Voir ici.
Liens sur ce blog:
Nouvel an 2012: vive la crise! Champagne!
Fugit irreparabile tempus, message pour le nouvel an
Palagret
philosophie de la rue
décembre 2010
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Par Palagret le 5 Septembre 2010 à 12:00
Modeste hommage du street-art parisien à "They live" (Invasion Los Angeles), le film de John Carpenter.
Obey, Watch Tv, pochoir parisien
slogan tiré du film "Invasion Los Angeles" de John Carpenter
Un simple pochoir (stencil) apposé dans une ruelle près de Beaubourg reprend les fameuses injonctions des extra-terrestres venus asservir les terriens. Obey, Obéissez, ne réfléchissez surtout pas. Watch Tv, regardez la télévision, que votre cerveau soit disponible pour la langue de bois et les publicités.
Obey, Watch Tv, pochoir parisien
slogan tiré du film "Invasion Los Angeles" de John Carpenter
Le pochoir reprend à peu près le lettrage du film. Le petit bonhomme blanc en papier collé ne semble pas appartenir au message et il en diminue la portée.
Obey proclame l'affiche, obéissez.
They live (Invasion Los Angeles) de John Carpenter, 1989La publicité Diesel s'est aussi inspiré du film de science-fiction de Carpenter avec son slogan « Be stupid », soyez stupide. Même si le slogan se veut humoristique et cherche la connivence des consommateurs, il énonce clairement le programme: soyez stupide et précipitez vous pour acheter nos produits.
Liens sur ce blog:
Détournement d'affiches en hommage à Invasion Los Angeles: l'illusion et le réel
Be stupid, affichage sauvage par Diesel
Mobstr, critique et détournement de panneaux publicitaires, un street-art contestataire
Palagret
archéologie du quotidien
septembre 2010
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Par Palagret le 28 Mai 2010 à 12:00
Voici un pochoir collecté dans les rues de Paris. Un bon sujet pour l'épreuve de philosophie du baccalauréat qui approche. A la craie, à la bombe aérosol ou au pochoir, les philosophes et les poètes de la rue sèment des messages sur les murs de la ville. Ironiques, drôles, obscures ou pessimistes, ces phrases anonymes veulent interpeller les passants, les faire réfléchir. Mais pressés ou perdus dans leurs rêves, combien remarquent ces graffiti discrets?
(S)avoir, pochoir parisien sur un compteur
(S)avoir, pochoir parisien sur un beau crépi tout neuf
Liens sur ce blog, street-art et philosophie de la rue:Les murs nous parlent: don't you see the sadness? the despair? graffiti sur un mur de la Butte-aux Cailles
Mots clés: pochoir, street-art, message, philosophie
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Par Palagret le 7 Mai 2010 à 12:00
Curieuse inscription vue dans un petit village du massif central. Sur un mur gris clair, il y a un graffiti orange, un tag peu lisible, plutôt un gribouillis et juste à côté une inscription noire bien nette: "il tue ce mur". Est-ce une critique du gribouillis, la juste indignation d'un passant devant le mur fraîchement repeint et aussitôt maculé?
"Il tue ce mur", graffiti dénonciateur
S'il s'agit de dénoncer le vandalisme des tageurs, l'imprécateur, paradoxalement, est aussi un affreux vandale. Ces graffiti sont anonymes. Ni l'auteur du gribouillis ni l'auteur de la dénonciation ne sont identifiables, sauf pour leurs amis.
Graffiti orange non identifié et "Il tue ce mur", graffiti dénonciateur
Ou alors le message n'a aucun rapport avec le tag orange. Il était peut-être là avant et se réfère à autre chose. Le scripteur n'aime peut-être pas le nouveau crépi gris clair, trop propre, trop lisse. Il remplace peut-être un enduit à la chaux de belle couleur, marqué par les intempéries et témoin d'une histoire, d'une durée. Ce mur a subit une attaque mais laquelle?
Au-dessus des inscriptions, il y a une pancarte, "l'Armoire à Linge" annonçant une boutique. On imagine la douceur des tissus, les couleurs pastelles des piles de draps et de serviettes soigneusement rangés sur des étagères de bois ciré. Une présentation essayant de recréer le monde d'autrefois quand les jeunes filles préparaient leur trousseau pour leur future armoire à linge. Un univers bien éloigné de la brutalité du street-art.
Autres messages et philosophie de la rue:
Adieu Paris, du passé faisons table rase
Street-art, des murs bien bavards: souffrance, tristesse, mort, murmurent les stickers
Philosophie de la rue: "nous avons fini par échouer"
Graffiti pitoyable, philosophie de la rue
Pourquoi? demandent les papiers collés"vous êtes ici ?", un pochoir discret squatté par Bonhomme de maïs
Street-art et vandalisme devant la fontaine Stravinski à Beaubourg
Palagret
mai 2010
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Par Palagret le 29 Avril 2010 à 12:00
Bombée le long de l'autoroute sur les rochers, mis à nus par le percement de la voie dans la garrigue, voici une modeste contribution au débat sur le travail. Travailler plus pour gagner plus? Ou travailler plus pour crever plus tôt?
Travailler plus pour crever plus tôt, graffiti protestataire au bord de l'autoroute
Travailler plus pour crever plus tôt, graffiti protestataire au bord de l'autoroute
Liens sur ce blog:Travailler moins, gagner plus, quatre mots de Ko Siu Lan et un scandale aux Beaux-Arts de Paris
Travailler plus pour gagner plus ? Ou travailler moins pour gagner moins et vivre heureux? La décroissanceBosser tue, ne mouillons que notre gosier, philosophie de la rue
Lien sur Bakchich:
Deux linguistes analysent les discours du Président: "les mots qui ont fait gagner Sarkozy", de Louis Jean Calvet et Jean Véronis.
Palagret
avril 2010
sagesse populaire
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Par Palagret le 14 Avril 2010 à 12:00
Vue dans un petit village du Languedoc, une placette au nom ambitieux: le nom "Espace de la Liberté" est gravé en lettres d'or sur un pierre rouge.
Espace de la Liberté, petite place de village
S'agit-il d'un espace où les villageois viennent s'exprimer démocratiquement, contester les décisions municipales et discuter de l'ordre du monde, comme à Hyde Park Corner à Londres, un espace de libre parole ou s'agit-il d'un souvenir de la Révolution Française?
La personne interrogée à la Mairie n'en a pas la moindre idée et ne connait personne qui pourrait répondre. Il s'agit sans doute d'une stagiaire qui a mieux à faire que de se renseigner sur l'histoire du village où elle travaille.
Palagret
archéologie du quotidien
avril 2010
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Par Palagret le 7 Avril 2010 à 12:00
Les interdictions stimulent les street-artists. En dessous d'une traditionnelle plaque émaillée disant "Défense de déposer des ordures" le papier collé d'un visage au crâne ouvert se lit comme un rébus: défense de déverser des ordures dans notre cerveau.
Panneau d'interdiction "Défense de déposer des ordures" et papier collé d'un homme au crâne ouvert
Reprenant les mots de Patrice Lelay "temps de cerveaux humains disponibles",1 élégante qualification des téléspectateurs regardant les programmes entre deux rafales de spots publicitaires, un petite affiche illustre ce propos en montrant un individu au cerveau remplacé par un téléviseur.
Street-art protestataire: affiche cerveau disponible
Autre illustration de lavage de cerveau avec un dessin style années cinquante où une jeune ménagère satisfaite de son ménage tient dans ses mains un cerveau tout propre:
Street-art protestataire: "tous les jours je lave mon cerveau avec la télé
Pour finir, un papier collé découpé d'un cerveau et ses circonvolutions ornés de points colorés. A quoi correspondent ces points? Mystère.
Papier collé, un cerveau avec des pastilles rouges et bleues
Liens sur ce blog:
Il est interdit de, défense de, danger: un monde dangereux
Interdictions désuètes, témoignage d'un Paris révolu
Danger de mort, ancienne plaque émaillée
Défense de déposer des ordures ... et des larmes
Palagret
archéologie du quotidien
avril 2010
1- Les dirigeants face au changement (Editions du Huitième jour) de Patrick Lelay, PDG à l'époque de TF1
" Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...).
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Par Palagret le 16 Janvier 2010 à 12:00Voici un graffiti à l'ancienne, tracé sur un mur délabré du vingtième arrondissement de Paris. Dans ce passage étroit, les masures encerclées d'immeubles neufs et de grues vont bientôt être détruites.
"Nous avons fini par échouer"
graffiti sur un mur parisien
Le soleil et la pluie pénètrent peu dans la ruelle et le graffiti écrit à la craie en est protégé. Il peut rester là jusqu'à la démolition.
"Nous avons fini par échouer"
graffiti sur un mur parisien
"Nous avons fini par échouer" est une phrase triste. Après l'espoir, l'échec. La plupart des déclarations collectées sur les murs sont rarement joyeuses. La philosophie de la rue s'y exprime, modestement, sans tapage.
Un peu plus loin dans l'impasse il y a une empreinte de Jérôme Mesnager, un des street-artists historiques. Le bonhomme a perdu ses jambes qui sont tombées avec le crépi. Les silhouettes de Mesnager sont partout, même sur les devantures de magasins qui demandent à Mesnager un pochoir. Comme Miss.Tic, Mesnager est un artiste reconnu qui ne travaille plus à la sauvette comme les auteurs anonymes de ces déclarations moroses.
L'art de la rue n'a pas de mémoire, il est éphémère; la silhouette blanche tombera avec le mur à moins qu'un collectionneur ne décolle le crépi comme s'il s'agissait d'une précieuse fresque pompéienne, une trace d'une civilisation disparue.
Empreinte de Jérôme Mesnager dans une impasse du vingtième arrondissement de Paris.
Liens sur ce blog, street-art, jeux de mots et philosophie de la rue:
Palagretarchéologie du quotidienjanvier 2010
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Par Palagret le 1 Janvier 2010 à 12:00
"Le temps s'enfuit, perdu pour toujours"Virgile, Géorgiques, liv. III, v. 284.
Horloges, Zut, boutique d'antiquités
"O lente, lente, curite noctis equi""Courez doucement, doucement, chevaux de la nuit."
Ovide, l'art d'aimer.
Horloges empilées, sculpture d'Arman
Gare Saint-Lazare
Le vers latin est repris par Christopher Marlowe, dramaturge élizabéthain, dans "Le docteur Faust".Ô Faust!
Maintenant tu as à peine une heure à vivre sur terre,
et après cette heure, tu seras damné pour toujours. ...
Oh! courez lentement, lentement, coursiers de la nuit!
Deux citations latines et quelques horloges au cadran arrêté pour le passage symbolique de 2009 à 2010.
23:59, pochoir, dans une minute il sera minuit
Liens sur ce blog:
Nouvel an 2012: vive la crise! Champagne!
Voeux pour le Nouvel An: "soyons réalistes, ne demandons rien"Une citation de José Marti pour le Nouvel An
Arman, trois sculptures dans la ville: horloges, bagages et Vénus des arts en morceaux
Palagretvoeux du nouvel an
1er janvier 2010
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