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Rashid Rana, Perpétuel Paradoxe au musée Guimet: illusions d'optique, ordures et sang
Se jouant de notre perception, Rashid Rana reprend le principe de la double lecture. Une image vue de loin et des images vues de près présentent deux sujets différents, une démarche illustrée par Arcimboldo puis par des photographes contemporains comme Cris Jordan.
Red carpet, Rashid Rana, 2007
C-print et Diasec, musée Guimet
Dans Red carpet, photo puzzle numérique créée à l'ordinateur, Rashid Rana nous montre un tapis persan, cadré frontalement, sans fioritures. De près on voit une accumulation de photos fragmentées de scènes d'abattoirs. Au premier regard, un joli tapis oriental, décoratif; de près, des scènes de violence et de mort, carcasses éventrés, chairs sanguinolentes, tabliers des tueurs maculés de sanie.
Red carpet, Rashid Rana, 2007
C-print et Diasec, musée Guimet
Rashid Rana utilise la même technique dans "a day in the life of landscape". De loin, un paysage bucolique d'après un tableau d'un peintre pakistanais, de près des scènes urbaines de Lahore. Opposition du monde rural et du monde urbain, du calme champêtre et de la frénésie citadine, de l'ensemble et du détail.
a day in the life of landscape, Rashid Rana, 2004, C-print et Diasec,
devant une stèle votive bouddhique du VI è siècle, musée Guimet
a day in the life of landscape, Rashid Rana, 2004
C-print et Diasec, musée Guimet
Un peu plus loin, encadrée de statues des rois célestes de Dunhuang (lokapala), une image de mer est composée de photos de décharges avec quelques voiliers voguant sur les monceaux d'ordures produites par notre société de consommation. L'esthétique tranquille de l'image est contredite par la thématique.
Mer de Rashid Rana, C-print et Diasec, musée Guimet
devant les rois célestes de Dunhuang, dynastie Tang (618-907)
"Depuis une dizaine d’année, Rashid Rana, peintre à l’origine reconnu publiquement au Pakistan et dans de nombreux pays du Moyen Orient et en Europe, a choisi de travailler l’image digitale, lui permettant d’associer dans une même œuvre des éléments opposés par micro-incrustations de détails photographiques et pixelisation de l’image. En associant le vu et le non vu, l’artiste souligne les antagonismes qui se jouent entre les cultures et pointe la responsabilité de ceux qui fabriquent les images d’aujourd’hui en jouant un rôle dans la construction des traditions de demain… « En ces temps incertains, nous avons perdu le privilège d’avoir une vision du monde sans équivoque. Aujourd’hui, chaque image, chaque idée ou chaque vérité comprend en même temps son contraire ». Rashid Rana 1
Mer de Rashid Rana, C-print et Diasec, musée Guimet
Perpétuel Paradoxe
Rashid RanaDu 7 juillet au 15 novembre 2010
Musée Guimet
6, place d’Iéna, 75016 ParisLiens sur ce blog:
Chris Jordan et Hokusai: la vague de déchets, symbole du gâchis consumériste
Chris Jordan: d'arides statistiques transmutées en images frappantes
Palagret
art contemporain
novembre 2010
1- in dossier de presse
« Les garçons naissent-ils dans les choux ? Education sexuelle au vide-grenierStreet-art et humour noir: sortie de secours mortelle »
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