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Par Palagret le 9 Juillet 2010 à 12:00
En mars, une affiche de GripA nous prévenait: "Interdit d'afficher de l'art rue Quincampoix et dans les autres aussi". Affiche prémonitoire? Trois mois plus tard, le terrain de jeu des artistes de rue est privatisé par une boutique de mode.
"Interdit d'afficher de l'art rue Quincampoix et dans les autres aussi"
affiche de GripA du collectif "No rules corp"
Les murs nus au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher, près de Beaubourg, étaient un spot squatté par les artistes de rue. Les papiers collés et les tags changeaient tout le temps, effacés par les nettoyeurs municipaux ou recouverts par des concurrents.
Monsieur Qui, FKDL et autres
Street-art au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
Il y avait des papiers collés, des tags, des objets collés; un joyeux fouillis inégal, avec des gribouillis peu intéressants et de beaux dessins. C'était anarchique et parfois surprenant.
Street-art au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
S'y côtoyaient les danseuses de FKDL, les boxeurs et les indiens de Tian, les portraits de Monsieur Qui, le clown de Mimi le clown, la spationaute de GripA, le chat de MezzoForte, l'homme masqué de THTF, le tigre de Suriani, les affiches absurdes de Rero et bien d'autres non identifiés.
Street-art au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
On se rappelle un grand portrait de Poutine, très réaliste, qui méritait mieux que le karcher, pas Poutine, le dessin.
Papiers collés, portrait de Poutine, FKDKL, Rero, Coeuriosité, S75
Street-art au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
A cet endroit, le street-art ne gênait personne, sauf peut-être les divers commerces qui ont essayé de s'implanter et ont fermé boutique assez vite, non tant à cause des tags que du manque de clients.
Street-art au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
Maintenant, fini de jouer. Les deux murs crépis viennent d'être recouverts par deux panneaux publicitaires assez funèbres. Une publicité pour "Living Room", le magasin de fringues de marque au rabais, qui vient de s'installer.
Panneaux publicitaires de la boutique "Living Room"
au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
Est-ce qu'on y gagne? Plus de tags anarchiques et illégaux, mais une publicité envahissante, une de plus. Où est le vandalisme? Les commerçants ont-ils le droit d'envahir ainsi les murs, de nous imposer leur réclame, de saturer l'espace public encore et encore?
Panneaux publicitaires de la boutique "Living Room" déjà maculés de peinture
au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
Ironie du sort, les beaux panneaux tout neufs sont déjà souillés par des jets de peinture. Gageons que d'ici quelques semaines il n'en restera rien et que les artistes de rue pourront se remettre au travail.
Liens sur ce blog:
Street-art: Vladimir Poutine rue Quincampoix, un papier collé
FKDL, Rero, S75: art urbain, collages rue Quincampoix et Aubry le Boucher
"Street-art without border" à Paris: Sr.X, Kill yourself and your best friend
Palagret
art de la rue
juillet 2010
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Par Palagret le 14 Juin 2010 à 12:00
Non seulement les stickers de Leo et Pipo sont arrachés, ils sont modifiés. Il y a une interaction entre les street-artists et d'autres street-artists ou de simples passants qui ajoutent un petit dessin, un gribouilli, des mots.
L'homme à la cape masqué d'un étron fumant, sticker de Leo & Pipo
On voit souvent une petite merde fumante recouvrir la tête de l'Homme à la cape. Cet étron se retrouve aussi un peu partout.
Le zouave avec une nouvelle tête, sticker modifié de Leo & Pipo
sur une boîte à lettre
Officier la tête au carré, sticker modifiés de Leo & Pipo
sur une vitre passée au blanc d'Espagne
Le street-art est éphémère, ça fait partie de son charme. Avec le temps, il s'abîme, les papier collés se décollent, les tags sont recouverts, les masques sont cassés et les stickers s'arrachent. Ils s'enrichissent aussi de la participation de la rue.
L'homme à la cape masqué d'un rond noir, sticker de Leo & Pipo
L'homme à la cape masqué d'un visage noir avec cornes, sticker de Leo & Pipo
sur une boîte à lettres
Liens sur ce blog:
Street-art: les stickers de Leo & Pipo décapités, démembrés, arrachés
Une vitrine couverte de stickers, du stickart ou du vandalisme?
Palagret
archéologie du quotidien
juin 2010
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Par Palagret le 10 Juin 2010 à 12:00
Comme sortis d'un album de famille trouvé au grenier, les stickers de Leo et Pipo ont un air suranné. Ces photos d'un autre siècle montrent des personnages dont on a oublié le nom, des anonymes en costumes désuets: Homme à la cape et haut de forme, Elégant à lavallière et au canotier, Zouave, Militaire.
L'homme à la cape, sticker arraché de Leo & Pipo sur une boîte à lettre
Depuis 2008, les inconnus de Leo et Pipo sont partout; sur les boîtes à lettres, sur les tuyaux, sur les panneaux de signalisation, sur les vitrines. La multiplication de ces petites photos en noir et blanc semblent attirer les collectionneurs de street-art. Elles sont cependant très difficiles à décoller et les arracheurs ne repartent le plus souvent qu'avec un petit morceau déchiré, une tête, un bras, une jambe.
L'homme à la cape, sticker unijambiste de Leo & Pipo sur un magasin
Ainsi déchiquetés, démembrés, décapités, les stickers mutilés de Leo et Pipo résistent vaillamment aux outrages des passants tant la colle utilisée est forte.
L'homme à la cape, sticker décapité de Leo & Pipo
sur un panneau de signalisation
Ces personnages sévères au regard droit, le menton levé, la moustache lissée, posent fièrement devant l'objectif. La séance chez le photographe est un rite bourgeois auquel ils se plient avec plaisir, à une époque où la photographie n'est pas encore banalisée. Ils ont revêtu leur plus bel habit, leur impeccable uniforme, pour faire honneur à leur famille, pour montrer à la société comme ils sont respectables.
L'Elégant à la lavallière, sticker décapité de Leo & Pipo
sur une boîte à lettre
Aujourd'hui cependant ces personnages endimanchés nous semblent ridicules, tellement éloignés de nos codes vestimentaires, de nos propres conventions; nous en oublions qu'ils furent un jour bien vivants avec une famille, un métier, des projets, des convictions. Ils furent peut-être heureux peut-être malheureux, avant de participer aux boucheries de 1870 ou de 1914 où beaucoup y laissèrent la vie.
Ces hommes ne sont plus aujourd'hui que des images livrées à notre regard amusé.
Liens sur ce blog:
Paella Chimicos: tracts collés dans la ville, street-art contestataire
Street-art: Kafka, Rita Hayworth, Louise Brooks par Rue Meurt d'Art
Entretien avec Leo & Pipo sur brain magazine
Palagret
archéologie du quotidien
juin 2010
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Par Palagret le 8 Juin 2010 à 12:00
Les tuyaux et poteaux aux abords du musée Rodin sont ornés de pastilles de couleur collées, correspondant à des entrées gratuites dans le musée. Numérotés, les petits ronds colorés (jaunes, orange, roses ou bleus) adhèrent sur les vêtements et permettent de passer le contrôle.
Stickers du musée Rodin collés sur des poteaux
A la sortie, les visiteurs se débarrassent des stickers en les collant sur le premier support venu. Ce geste banal, répété des dizaines de fois abouti à une forme de street-art, ou stickart, involontaire et collectif.
Stickers du musée Rodin collés sur un tuyau
Stickers du musée Rodin collés sur des poteaux
Liens sur ce blog:
Une vitrine couverte de stickers, street-art ou vandalisme ?
Stickart: les stickers colonisent les tuyaux de descente de pluie
Palagret
archéologie du quotidien
mai 2010
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Par Palagret le 7 Juin 2010 à 12:00
Les graffeurs et colleurs urbains sont liés à une ville, à un territoire. Quand ils voyagent, ils en profitent pour investir les murs étrangers mais leurs déplacements sont forcément limités. "Street-art without border" (sans frontière) est un collectif qui permet de faire voyager les collages des artistes, sans les artistes, à travers le monde.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
Les street-artists envoient leurs œuvres sur papier à Eric Maréchal et hop, les voici affichées à Sao Paulo, Salvador de Bahia, Séoul, Tokyo, Chicago ou Paris. Voici un exemple de collage à l'angle de la rue Quincampoix et de la rue Aubry la Boucher à Paris.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
Un pochoir sur papier peint à petit motif de Sr.X, un espagnol. Parodie des publicités des années cinquante où l'achat d'une machine à laver ou d'un rasoir électrique dernier cri garantissait au consommateur l'accès à un monde idyllique.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
L'épouse, ou la girlfriend, tient un révolver sous sa gorge et le mari ou le boyfriend, s'apprête à avaler une lame de rasoir. Souriant, ils se font face, illustration parfaite du togetherness, du bonheur conjugal, du bonheur obligatoire.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
Pacte de suicide enjoué intitulé "Kill yourself and your best friend" (Tuez vous et votre meilleur ami aussi), le collage reprend les codes de la publicité avec les accroches traditionnelles "Only 19,99 €, Buy now" (seulement 19.99€, achetez maintenant) "Be cool, call now" (soyez cool, appelez maintenant), "Seen on TV" (vu à la télé). Petite touche d'humour supplémentaire: "also available for pets" (aussi disponible pour les animaux de compagnie). Ici, il ne s'agit pas de consommer mais de mourir, une satire qui ridiculise toutes les réclames qui veulent nous faire acheter n'importe quoi, tout de suite.
Edgar Allan Poe, avec papillons et curieux chapeau, par Sr.X
photo noir et blanc découpéeSr.X imite souvent d'anciennes réclames mais son style est assez éclectique. On retrouve des publicités des années cinquante dans les collages de FKDL.Le street-art est avant tout l'acte d'investir un territoire, d'apposer sa marque sur les murs de la ville. C'est un acte local, personnel. Avec « Street-art without border », l'excitation de commettre un acte illégal, le sentiment d'urgence et de danger ne sont plus éprouvés par l'artiste de rue mais par un tiers. De plus, ce n'est plus l'auteur qui choisit l'emplacement. De ce collage lointain, il ne garde qu'une photo et non les émotions liées à l'intervention sur les murs de la ville, une ville qu'il ne connaîtra peut-être jamais.
Un collage urbain a-t-il la même valeur quand il est collé par quelqu'un d'autre? Est-ce une banalisation d'une démarche radicale ou l'occasion de voir des œuvres du monde entier?
Certains artistes contemporains comme Jeff Koons ou Damien Hirst, ne mettent pas beaucoup la main à la pâte et délèguent la fabrication de leurs oeuvres à un atelier. Ils restent quand même les auteurs de leurs peintures et sculptures.
Interview et photos d'Eric Maréchal sur Photograff collectif
Liens sur ce blog:
Street-art: les papiers collés de FKDL, silhouettes dansantes
Publicité contre street-art au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
Palagret
street-art mondialisé
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Par Palagret le 2 Juin 2010 à 12:00
Les objets collés sont une forme de street-art. Dans le quartier Montmartre à Paris, on trouve de nombreux masques collés sur les murs à hauteur des yeux des passants. Les plâtres sont modelés sur le visage de Gregos, l'auteur de ces interventions urbaines.
Masque collé de Gregos et silhouette au marker, à Montmartre
Ces masques là ne dissimulent pas le visage, ils le reproduisent fidèlement. On distingue les ridules des paupières fermées et le grain de la peau comme sur un masque mortuaire. Le masque copie et multiplie le visage non d'un défunt mais d'un bien vivant qui nous tire la langue. Une belle langue rouge, le plus souvent.
Masque collé de Gregos à Paris
Les masques sont parfois inclus dans une silhouette ou entourés de traits ou de coulures de peinture. Des ajouts des passants? Au contraire des papiers collés très éphémères, les objets de plâtre ou de céramique sont assez résistants. Si un aficionados ne les arrache pas pour enrichir sa collection d'art urbain ou si un défenseur de l'intégrité des murs ne les casse pas, ils sont là pour longtemps.
Masque collé de Gregos et traits de crayon rayonnants, à Paris
Gregos a commencé ses collages en 3D il y a trois ans, d'abord avec des masques blancs puis peints de diverses couleurs et motifs. Certains masques sont couverts de texte ou de dédicace.
Masque collé au trèfle, de Gregos, Paris
Les masques sont disséminés un peu partout à Paris dans les quartiers touristiques. Gregos publie sur son site des photos de passants prenant des photos de ses masques.
Masque collé de Gregos à Montmartre
Liens sur ce blog:
Gregos et l'Inspecteur Harry: make my day! street-art
Street-art, un Pitr bleu, un visage multicolore, des masques
Palagret
juin 2010
archéologie du quotidien
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Par Palagret le 31 Mai 2010 à 12:00
Pendant qu'un Pitr accuse un autre Pitr de lui avoir volé son nom d'artiste de rue, voici quelques nouvelles pitreries récoltées dans les rues de Paris: en gris et noir, un visage d'homme avec des lunettes signé Pitr. Sur le front de l'homme on lit, écrit au stylo Bic, "on supporte pas". Un commentaire sur le street-art qui envahit les murs ou un commentaire sur la vie? Tout autour, des tags et à gauche du visage, un masque rouge style maori de Gregos.
Michel Foucault de Pitr, tags et masque de Gregos, street-art
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Un lecteur me signale que l'homme aux lunettes est Michel Foucault, le philosophe.
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Place des Abbesses, on trouve le même visage d'homme mais en bleu. Le pochoir est signé Pitr avec un rond noir à la place du point du i. Au-dessus un visage multicolore d'un autre auteur et toujours un masque de Gregos.
Michel Foucault en bleu par Pitr, visage multicolore, masque de Gregos, street-art
Place des Abbesses, Paris
Dans le même quartier, Passage des Abbesses, sous un panneau "Défense de déposer des ordures" plusieurs exemples de street-art: Mimi le Clown, un poisson, un masque jaune de Gregos et Kafka, un autre pochoir de Pitr.
Street-art: Kafka par Pitr, Mimi le Clown, poisson de Némi (?) et masque jaune de Gregos
Street-art: Kafka de Pitr
Un peu plus loin, un visage de femme en noir et blanc surmontée d'un pochoir de pieuvre et toujours un masque de Gregos, cette fois aux couleurs d'Arlequin.
Street-art: Anna Politkovskaia par Pitr, pieuvre et masque Arlequin de Gregos
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YOUGUIE me signale qu'il s'agit du portrait d'Anna Politkovskaia. Cette journaliste russe opposée à la guerre de Tchéchénie et à Vladimir Poutine fut assassinée le 7 octobre 2006.
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Liens sur ce blog:
Gregos et l'Inspecteur Harry: make my day! street-art
Street-art: c'est mon mur! Pitr et pitreries
Street-art: Gregos, haut les masques à Montmartre
Street-art: quelques personnages célèbres, Franz Kafka, Mona Lisa, Edgar Poe, Rimbaud
Street-art: Kafka, Rita Hayworth, Louise Brooks vus par Rue Meurt d'Art
Street-art, quelques personnages célèbres par Pitr: Sartre, Godard, Marx, Sacher-Masoch
Palagret
mai 2010
archéologie du quotidien
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Par Palagret le 26 Mai 2010 à 12:00
En-dessous d'une cible noire disant "vous êtes ici" est collé un petit personnage. Ce Bonhomme de Maïs n'a pas l'air de faire partie du pochoir, c'est un ajout mais, indiscutablement, il est bien ICI. Mesurant moins de dix centimètres, le jouet squatte la cible absurde pour se rendre visible; il serait perdu sur ce grand mur.
"Vous êtes ici"pochoir noir et Bonhomme de maïs aux bras et jambes bleus
Qui l'a mis là? La maitresse d'une école maternelle où les petits jouent avec les flocons de maïs aux colorants alimentaires et fabriquent des personnages et des animaux approximatifs? Un doux rêveur?Bonhomme de maïs au Canal Saint-Martin
Le petit Bonhomme de Maïs de la cible n'est pas seul. Différents de forme et de couleurs mais proches comme les membres d'une même fratrie, d'autres spécimens sont apparus près du canal Saint-Martin, non loin du Point Ephémère, près de Beaubourg, dans le vingtième, à la Butte aux Cailles, aux Tuileries. Cette nouvelle espèce urbaine s'accroche aux rambardes, se cache dans les interstices des mur, près des tuyaux, maintenue par un simple scotch.
Bonhomme de maïs à demi-caché par une bâche plastique
Quelques jours après la première apparition repérée de ce drôle d'individu, un petit bonhomme aux pieds verts gît sur le béton d'un square de la rue des Archives. Cette fois-ci, le personnage a perdu un bras. Sur son dos est scotché un texte "Trouvé? Où?" et une adresse internet "bonhommemaiz@yahoo.fr".
Bonhomme de maïs blessé au bras avec adresse collée dans le dos
"Trouvé? Où? bonhommemaiz@yahoo.fr"
De quoi s'agit-il? D'un teasing publicitaire pour un album de BD, un cd de musique alternative, un abonnement internet ou un nouveau magazine de mode? Non, trop bricolo, pas assez professionnel!
C'est peut-être une expérience sur la propagation du Bonhomme de Maïs dans le territoire urbain. Si quelqu'un trouve le Bonhomme, il envoie un mail et l'organisateur de l'invasion reporte sur un plan la progression de ses éclaireurs. Les Bonshommes de Maïs sont entrés dans Paris.
Bonhomme de maïs coincé dans une sculpture de Rondinone aux Tuileries
C'est peut-être simplement du street-art doux comme les tags de laine qui entourent les poteaux, les collages magnétiques sur les surfaces métalliques ou les tags de mousse?
Léger, bio-dégradable, fait de flocons de maïs qui se collent simplement avec une éponge, le bonhomme multicolore est bien fragile; il ne résistera pas à un coup de vent. Le naïf personnage pèse de peu de poids face aux tags à la bombe acrylique et aux grands papiers collés mais il ne donnera pas beaucoup de mal aux nettoyeurs municipaux. Un seul geste de la main et il tombe doucement en perdant un bras ou une jambe, si ce n'est la tête.à suivre ...Liens sur ce blog:Palagretarchéologie du quotidienseptembre 2009
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Par Palagret le 18 Mai 2010 à 12:00
Les démolisseurs rasent les immeubles vétustes, les gravats sont emportés vers de lointaines décharges. De grandes bâches plastiques maintenues par des planches recouvrent les murs mis à nus qui gardent la trace des anciens occupants. Palimpsestes éphémères. Une palissade entoure le terrain aplani où l'herbe pousse. Les tagueurs s'introduisent dans le périmètre interdit pour taguer et peindre les nouvelles surfaces mises à nu. Profitant de ces grands espaces vierges, bien visibles du boulevard et du métro aérien, entre la station Colonel Fabien et La Chapelle, Zoo Project a peint plusieurs œuvres aujourd'hui disparues.
L'homme-bélier sur un mur du boulevard de La Chapelle, street-art de Zoo Project
Reconnaissables à leur corps lourds mi-homme mi-bêtes, formes blanches cernées de noir, les personnages de Zoo Project se repèrent de loin. Boulevard de la Chapelle, un bélier au corps d'homme se recroqueville sur le mur dégagé par la démolition. S'agit-il d'un satyre échappé des bois, transis de froid, effrayé par la jungle urbaine? Son bras droit a disparu, il ne reste que l'extrémité de l'os. Sévices ou auto-mutilation? Cette pauvre chimère fait pitié.
Immeubles démolis et murs aveugles boulevard La Chapelle à Paris
Street-art, tags et peinture de Zoo Project
Un peu plus loin, un singe déguisé en policier new-yorkais nous observe. Cette fois-ci, le dessin est en noir. Derrière le singe on distingue de nombreux tags recouverts de plastique transparent.
Singe policier de Zoo Project
Près de la voie ferrée, deux têtes d'homme se désencastrent l'une de l'autre, comme des légos. "Arrêtons de s'espionner" nous dit Zoo Project.
"Arrêtons de s'espionner", street-art, Zoo Project
Au métro Jean Jaurès, la rotonde de Ledoux est en travaux, encore. Sur la palissade côté rue, assombrie par le viaduc, s'étale un corps (féminin?) tronçonné par les colonnes. Sous la tête, une injonction: "détache toi".
"détache toi", Corps tronçonné, street-art de Zoo Project
sur la rotonde de Ledoux à La Villette, sous le métro aérien
Après ces appels à la liberté, une phrase plus prosaïque: "Passe moi le sel" dit un homme; "2 sec" répond un autre. Vus près du métro Colonel Fabien, au-dessus d'une enseigne cassée, les deux bustes d'hommes nus se font face.
Les hommes et le sel, street-art de Zoo Project
Comme les enchaînés du cinéma Louxor, les peintures de Zoo Project sont éphémères. Elles disparaîtront avec la démolition des immeubles aux fenêtres murées et la construction des nouveaux immeubles qui les masqueront.
Dans des années, on parlera peut-être de ces peintures murales disparues comme on évoque aujourd'hui la bataille d'Anghiari, fresque perdue de Léonard de Vinci. Léonard de Vinci et les street-artists se valent-ils? Non bien sûr mais l'art de la rue n'est pas sans valeur.
L'homme-bélier, street-art de Zoo Project
Quand ces nouveaux immeubles seront rasés à leur tour ou s'effondreront de lassitude, les archéologues du futur découvriront peut-être des fresques cachées et ils y verront un témoignage précieux sur notre civilisation urbaine. Concluront-ils à l'existence d'un culte à des hommes-béliers, à des hommes-taureaux ou à des hommes cochons, comme dans la civilisation égyptienne?
Liens sur ce blog:
* Zoo Project, le street-artist parisien est mort assassiné à Detroit
* Street-art: les esclaves de Zoo Project au cinéma Louxor
* Street-art: Zoo Project et le Minotaure
Zoo Project, l'homme réparé, l'homme désactivé, street-art
Zoo Project, l'exploitation de l'homme par l'homme, street-art
Palagret
Mai 2010
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Par Palagret le 17 Mai 2010 à 12:00
Quand Goldorak nous fait un doigt d'honneur, Marilyn n'est jamais loin. Une Marilyn avec une banane au coin des lèvres. La star hollywoodienne des années 50 et 60 a conquis l'imaginaire de beaucoup de mâles de la planète. Goldorak, le robot de manga, a accompagné l'enfance des trentenaires et des quadras d'aujourd'hui. Ces deux personnages mythiques de la culture populaire du vingtième siècle se retrouvent pochoirisés sur les murs de la ville par Pimax.
Goldorak et Marilyn sur un passage pièton à Paris
Pochoirs de Pimax
On a vu un immense Goldorak en noir et blanc au Point Ephémère, une non moins immense Marilyn à la Bastille et de multiples pochoirs de toutes tailles et toutes couleurs, même sur les passages piétons.
Pochoirs de Nemo, Jef Aérosol et Pimax, à Paris
Pimax s'associe aussi avec ses camarades de rue et il bombe ses pochoirs à côté de Nature's Revenge, de Nemo ou de Jef Aérosol.
Pimax au travail
Pimax intervient souvent en public et il ne dédaigne pas customiser les vêtements des passants. Dimanche 18 mai, il était près de Beaubourg, rue Saint-Merri. Gratuitement il apposait ses personnages favoris sur des T-shirts, des blousons ou des casques de moto. Entouré d'une petite foule, il projetait la peinture sur ses pochoirs, formant une image nette. Puis utilisant l'envers du pochoir, il appliquait le reste de couleur pour créer une deuxième empreinte brouillée, moins propre.
Découpe de Goldorak et gant de Pimax
Rue Saint-Merri, la boutique de piercing et de tatouages Abraxas expose des petites sculptures de Pimax. Il revisite avec ironie l'art contemporain. Le Love de Robert Indiana est miniaturisé et souillé d'éclaboussures de sang ou de peinture. Sortant d'un pot ou d'une bombe aérosol, la couleur se répand et se fige en formes douces, comme une expansion de César.
Réplique miniature du Love de Robert Indiana avec coulures de peinture rouge,
sculpture de Pimax
Palagret
mai 2010
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