Voici un graffiti à l'ancienne, tracé sur un mur délabré du vingtième arrondissement de Paris. Dans ce passage étroit, les masures encerclées d'immeubles neufs et de grues vont bientôt être détruites.
"Nous avons fini par échouer"
graffiti sur un mur parisien
Le soleil et la pluie pénètrent peu dans la ruelle et le graffiti écrit à la craie en est protégé. Il peut rester là jusqu'à la démolition.
"Nous avons fini par échouer"
graffiti sur un mur parisien
"Nous avons fini par échouer" est une phrase triste. Après l'espoir, l'échec. La plupart des déclarations collectées sur les murs sont rarement joyeuses. La philosophie de la rue s'y exprime, modestement, sans tapage.
Un peu plus loin dans l'impasse il y a une empreinte de Jérôme Mesnager, un des street-artists historiques. Le bonhomme a perdu ses jambes qui sont tombées avec le crépi. Les silhouettes de Mesnager sont partout, même sur les devantures de magasins qui demandent à Mesnager un pochoir. Comme Miss.Tic, Mesnager est un artiste reconnu qui ne travaille plus à la sauvette comme les auteurs anonymes de ces déclarations moroses.
L'art de la rue n'a pas de mémoire, il est éphémère; la silhouette blanche tombera avec le mur à moins qu'un collectionneur ne décolle le crépi comme s'il s'agissait d'une précieuse fresque pompéienne, une trace d'une civilisation disparue.
Empreinte de Jérôme Mesnager dans une impasse du vingtième arrondissement de Paris.
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Palagret
archéologie du quotidien
janvier 2010