-
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija, une soupe populaire au Grand Palais
Pendant 12 heures le Grand Palais s'est transformé en cantine servant gratuitement de la soupe. Il s'agissait d'une performance artistico-culinaire de l'artiste Rirkrit Tiravanija. Sur de longues tables de bois, les convives dégustaient une soupe thaï servie par des bénévoles d'Emmaüs dans des bols recyclables. Il y avait là des touristes entrés par hasard, des visiteurs de l'expo Helmut Newton juste à côté, des bobos et fort peu de SDF. Sans internet et les articles culturels des journaux, les SDF n'ont pas eu accès à l'information. Ils auraient pourtant apprécié un bol de soupe et n'ont pu profiter de l'aubaine, artistique ou non.
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija au Grand Palais
Sous la verrière, les comptoirs chargés de bols, de cuillères et de faitouts, les tables et les bancs paraissaient bien petits, perdus dans cet espace immense. Mais que se passait-il vraiment? Une fête populaire ou une installation d'art contemporain, une sculpture vivante, dont les visiteurs constituent l'oeuvre?
Soup : no soup, performance de Rirkrit Tiravanija par Palagret"Et l'art dans tout ça ? Tiravanija est l'un des représentants du courant que le critique Nicolas Bourriaud a théorisé en 1995 sous le label "Esthétique relationnelle". Manière de rassembler des artistes très variés derrière une même ambition : faire de l'art un lieu d'échange et de dialogue. Ou "l'art comme un état de rencontre". Tiravanija en est peut-être le plus bel exemple. Il a par exemple transformé un de ses espaces d'exposition en studio de musique où n'importe quel amateur pouvait venir répéter. Il a aussi fondé au nord de son pays, près de Chiangmai, une terre d'utopie appelée The Land : entre deux rizières, les plus grands artistes du monde sont invités à créer des cabanes idéales où vivre en communauté. Sans compter, on l'a dit, ses nombreux dîners. Où le "relationnel" se bornait souvent au réseautage du petit milieu de l'art, élite qui s'incrustait pour "socialiser" et disserter sur les dernières expositions visitées à New-York ou Sao Paulo.
Pour la première fois, la "Soup/No Soup" du Grand Palais s'ouvre réellement à tous." 1
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija au Grand Palais
Dossier de presse: Soup/No Soup, Rirkrit Tiravanija
"En pré-ouverture de La Triennale 2012, Rirkrit Tiravanija est invité à transformer la Nef du Grand Palais en un gigantesque banquet festif dont le menu consistera en une soupe Tom Ka. De midi à minuit, le Grand Palais est gratuitement accessible au public afin de partager une soupe préparée et offerte par l’artiste et son équipe. Généreux mais modeste, collectif mais singulier, Soup/No Soup se veut un grand rassemblement où chacun pourra vivre une expérience immatérielle, basée sur la rencontre et la générosité."
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija, nef du Grand Palais
"En créant et recréant des micro-communautés l’artiste puise toute l’énergie artistique dans les liens et les relations qui se nouent entre les participants dans ses projets. De spectateur passif, le visiteur devient acteur d’une œuvre en devenir. Fondé sur l'altérité, le nomadisme et le déplacement des signes et des contextes, le travail de Rirkrit Tiravanija est le plus souvent composé de points de rencontre, de communication et d'échange."
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija au Grand Palais
"Cherchant à abolir la frontière entre l’art et la vie, l’artiste défie constamment les attentes, le statut et la forme de l’œuvre d’art. La production artistique originale, protéiforme et inclassable de cet artiste cosmopolite est acclamée sur la scène internationale depuis une vingtaine d’années. Ayant depuis longtemps renouvelé les codes de l’exposition et de l’espace, Rirkrit Tiravanija a rendu obsolète la dichotomie entre installation, sculpture et performance."
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija, la cantine du Grand Palais
"Précédées par les travaux d'autres artistes contemporains engagés dans le domaine du culinaire, comme "Food" (1971-73), le restaurant de Gordon Matta-Clark, les oeuvres de Tiranavija créent un riche dialogue avec ce que Marcel Mauss désignait comme l'inéliabilité du don, ou, en d'autres termes, la possession, le don, la réception d'objets. En outre, bien que Tiravanija privilégie les recettes thaï dans ses repas, il évite les associations simplificatrices de l'exotisme, soulignant plutôt les dimensions intangibles et interpersonnelles de l'expérience partagée."
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija au Grand Palais
"Avec Soup/No Soup, la Triennale déclare d'emblée son désir de fédérer toutes ses énergies autour d'un projet artistique à la fois ambitieux et ouvert à tous. Au-delà de cette version considérablement augmentée de Soup/No Soup, La Triennale 2012 présentera, au Palais de Tokyo, un autre projet de Rirkrit Tiravanija."
Le cuisinier et Rirkrit Tiravanija
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija au Grand Palais
Grand Palais, Paris
Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija
samedi 7 avril 2012, de midi à minuit
accès gratuit
Palagret
cuisine et art contemporain
photos Palagret Creative Commons
avril 2012
Source:
1- in Le Monde, Emmanuelle Lequeux
« C'est le printemps, les affiches vertes vides de publicité refleurissent dans le métroPour une abstention utile, votez Poutou, pochoir politique »
-
Commentaires