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Wim Delvoye, une tour gothique en acier découpé au laser au musée Rodin
Roi de la provocation avec cloaca (2000), sa machine à fabriquer de la merde, et ses cochons tatoués, l'artiste flamand Wim Delvoye interroge la notion de bon goût et de culture.
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
Dans la cour du musée Rodin, Wim Delvoye expose une tour gothique, ou mauresque, de 10 mètres de haut, une tour de métal découpée au laser et non une tour de dentelle de pierre comme celles des cathédrales. Le métal est plus associé aux constructions industrielles qu'aux édifices religieux. Un hommage peut-être à la Tour Eiffel, pas si loin de là.
La Tour a déjà été exposée à Venise. Pour Paris, Wim Delvoye a ajouté un étage et il continuera à modifier sa tour sans plan prédéfini.
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
« Je pourrais d’abord définir le décoratif de façon péjorative comme quelque chose de superflu et d’inutile. Le décoratif, c’est ce qu’on ajoute à l’œuvre et qui occulte sa logique. Mais, en ce sens, mon art n’est pas décoratif. D’autre part, je considère l’ornement comme un art de l’effet, c’est ce qui est immédiatement lisible et qui plaît aux gens. Ce que je fais est donc décoratif, mais pas comme une mascarade bourgeoise. Plutôt comme une écriture visuelle primitive, un art primitif. La beauté de base. Le décoratif est un langage de masse. » Wim Delvoye
Dentelle de métal oxydée par la pluie
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
Wim Delvoye détourne les matériaux et les objets. Il construit des camions-benne (2006), des camions-remorque en dentelle de fer (2007), des bétonneuses en bois précieux style Grand Siècle (1992) et orne des pelles de chantier et des tables à repasser d'armoiries (1989).
Dans l'hôtel Biron, à côté des sculptures d'Auguste Rodin, mêlant art savant et culture populaire, Wim Delvoye expose des oeuvres ironiques:
- des bouteilles de gaz customisées en style antique (1988)
- une réplique du portail de son atelier qui s'ouvre et se referme en grinçant, lointain écho de la Porte de l'enfer de Rodin
- une accumulation de christs en croix collés sur une hélice rappelant la structure de l'ADN (Hélix)
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
Comme de nombreux plasticiens contemporains (Murakami, Jeff Koons, Damien Hirst), Wim Delvoye emploie une équipe de techniciens et d'assistants dans son atelier de Gand.
Tour en acier corten, Wim Delvoye
au fond, la Porte de l'enfer de Rodin
Dossier de presse:
"Né en 1965 en Belgique, Wim Delvoye, artiste aujourd’hui reconnu et exposé internationalement, propose une oeuvre qui, tout en puisant ses références dans une certaine tradition de l’art flamand, se développe selon les principes de l’économie actuelle mondialisée : entre local et global, de Gand – siège du "Studio Wim Delvoye" – à Pékin, où se trouve son "Art Farm". Teintée d’ironie et d’iconoclasme, sa pratique artistique mêle imagerie populaire et culture savante pour mieux faire ressortir les contradictions et mutations de notre environnement contemporain.
Revisitant tous les genres, y compris les plus inconciliables, Wim Delvoye s’approprie la question du décoratif et la dynamite en rompant la cohérence supposée entre le motif ornemental et la fonction de l’objet, support de représentation. Un déplacement et un déclassement dont la surenchère met à mal et renverse toute notion de "bon" ou de "mauvais goût" dans les arts décoratifs.
Tour en acier corten, Wim Delvoye
Accueillant le visiteur dans la cour d’honneur de l’hôtel Biron, la sculpture monumentale Tour (2009-2010), s’inscrit dans les recherches menées par l’artiste sur l’architecture, dans sa dimension historique et sacrée, et la question du décor à l’ère industrielle. La présence de cette oeuvre néo-gothique de plus de dix mètres de haut, à la fois imposante et délicatement ouvragée, n’est pas sans effet sur le paysage visuel alentour, dont la ligne d’horizon croise le dôme des Invalides et le sommet de la Tour Eiffel toute proche. Réalisée en acier Corten découpé au laser, cette flèche flamboyante illustre la fascination de Wim Delvoye pour l’ère gothique, son architecture idéale et parfaitement symétrique.
Helix de Wim Delvoye au musée Rodin
On retrouve cette interprétation de la forme parfaite dans la série des crucifixions présentées dans l’hôtel Biron : un crucifix anamorphosé reprend la trame et la forme elliptique d’une molécule organique (ADN).
Crucifix de Wim Delvoye, détail d'Hélix
En écho à la monumentale Porte de l’Enfer de Rodin, Gate (maquette) (2008) est la représentation en modèle réduit du portail de l’atelier de l’artiste. À l’instar de Rodin, Wim Delvoye décline dans cette oeuvre mécanisée les leitmotivs de son vocabulaire plastique, la figure de Monsieur Propre ou les logos des grands studios hollywoodiens.
Gate (portail), détail avec M. Propre, logo Warner Bros
et entrelacs de pellicule cinématographique. Acier, Wim Delvoye
Le savoir-faire technique est ici contrebalancé par l’apparente légèreté du sujet ou du motif représenté. Entre sacré et profane, artisanat et industrie, science et religion, art et scatologie, Wim Delvoye opère par appropriation, détournement, mixage et assemblage."
Wim Delvoye
Pendant l'exposition "Corps et décors, Rodin et les arts décoratifs"
Du 16 avril au 22 août 2010
Musée Rodin,
79 rue de Varennes, Paris
Wim Delvoye au Louvre Paris
Du 31 mai au 17 septembre 2012
Liens sur ce blog:
Urs Fischer, Marguerite de Ponty, Zizi, Miss Satin, sculptures molles et lourdes au Musée Rodin
Etienne Bossut au Musée Rodin: Laocoon(s), le monstre sans la proie
Wimcity, le site de Wim Delvoye
Palagret
art contemporain
juin 2012
« Votez l'âne, Pierrot le Zygo candidat loufoque aux élections législatives 2012Wim Delvoye, des bonbones de gaz décorées à l'antique au musée Rodin »
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