•  

        "Nulle trace de végétation, nulle apparence de cités; rien que des stratifications, des coulées de lave, des épanchements polis comme des miroirs immenses qui reflétaient les rayons solaires avec un insoutenable éclat. Rien d'un monde vivant, tout d'un monde mort, où les avalanches, roulant du sommet des montagnes, s'abîmaient sans bruit au fond des abîmes." 1


    Les sélénographes de Jules Verne sur la lune
    gravure d'Emile Bayard 1870



      Même si les cosmonautes de la Nasa étaient moins naïfs que les sélénographes de Jules Verne, ils ont du éprouver la même fascination.
     
        Pour célébrer les quarante ans des premiers pas d'un homme sur la lune, la Nasa diffuse sur son site des images restaurées de la mission Apollo 11. Le 21 juillet 1960, Neil Armstrong posait le pied sur la lune, rejoint peu après par Buzz Aldrin.


    Sculpture en hommage aux astronautes sur le portail de la cathédrale de Salamanque


       Le site WeChoseTheMoon diffuse les enregistrements radio de la mission ou plutôt leur reconstitution partielle puisque la Nasa a admis avoir effacé les bandes. Une pratique courante à l'époque où les supports magnétiques étaient réutilisés plusieurs fois. Il restait heureusement des archives sonores à la chaîne de télévision CBS.

        On peut ré-entendre Neil Armstrong déclarer:

    "That's one small step for a man, one giant leap for mankind."
    C'est un petit pas pour un homme, mais un bond de géant pour l'humanité.


        Au retour de l'astre mort, la capsule des astronautes est tombée dans l'océan Pacifique,  comme l'avait écrit Jules Verne.

       "- Nous tombons! dit-il
    - Ah s'écria Michel Ardan, vers la Lune?
    - Vers la Terre! répondit Barbicane.
    - Diable! s'écria Michel Ardan, et il ajouta philosophiquement: - Bon en entrant dans ce boulet, nous nous doutions bien qu'il ne serait pas facile d'en sortir!" 1
     

    Les sélénographes de Jules Verne amerissent dans le Pacifique
    gravure d'Emile Bayard 1870


       " Et maintenant, cette tentative sans précédent dans les annales des voyages amènera-t-elle quelques résultat pratique?. ... Ira-t-on d'une planète à une autre planète, de Jupiter à Mercure, et plus tard d'une étoile à une autre, de la Polaire à Sirius?" 1
     
        Irons nous? Le projet Constellation prévoit d'installer une base habitée sur la lune  vers 2020 mais le coût est énorme et les Etats-Unis pourraient y renoncer.

     
     
    Site de la Nasa


    Palagret


    1- in Voyages extraordinaires, Autour de la lune. Jules Verne 1870
    Editions Hetzel & Compagnie, Paris

     
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  •  

       Ce jour là, le ciel de Paris était changeant et les pavés se teintaient d'une multitude de couleurs à l'intensité variable selon le passage des nuages. L'alternance de bandes rayées noires et blanches et de  rectangles de couleurs, vocabulaire favori de Daniel Buren, crée à chaque fois une oeuvre nouvelle. Comme les sept notes de la gamme permettent des millions de thèmes, les motifs de Buren peuvent donner de multiples variations.
     
     
     
    Pergola, oeuvre située de Daniel Buren
    Cour de l'Hôtel de la Monnaie, Paris
     
     


        La Pergola de Daniel Buren est installée dans la cour de l'Hôtel de la Monnaie à Paris. Sous le regard des rois de France dont les bustes dominent la cour en fer à cheval, la Pergola coupe l'espace en deux, dans l'axe de la porte cochère. Composée de quatorze poteaux carrés qui supportent les plaques colorées translucides et rythmée de bandes noires et blanches, l'oeuvre in situ, ou plutôt située, vit avec la lumière qui projette des ombres colorées sur le socle et sur les pavés.
     
     
     
    Pergola, oeuvre située de Daniel Buren
    Cour de l'Hôtel de la Monnaie, Paris
     
     
     
     
        Les plaques sont associées deux à deux, avec du bleu, de l'orange, du jaune, du rouge, du vert. Quand on marche sous la pergola et que le soleil traverse les couleurs, l'espace devient incertain et mouvant, le sol bouge. Les plaques du toit sont faites d'un matériau volontairement imparfait qui déforme l'architecture vue à travers. Comme pour la Coupure à l'Hôtel Salé, il faut expérimenter l'oeuvre avec son corps, en bougeant, pas seulement en la regardant d'un point fixe.
     
     
     
     
     
    Pergola, oeuvre située de Daniel Buren
    Cour de l'Hôtel de la Monnaie, Paris
     
     
     
     
     
       Pergola est une promenade, comme l'oeuvre de Richard Serra exposée l'année dernière au Grand Palais. Alors que les plaques d'acier de l'artiste américain était austères et brutales, impressionnantes par leur gigantisme et leur poids, la Pergola de Buren est légère et chatoyante. les deux oeuvres cependant interagissent avec le lieu où elles sont situées et ne s'apprécient que dans le mouvement.
     
     
     
     
     
     
    Pergola, oeuvre située de Daniel Buren
    Cour de l'Hôtel de la Monnaie, Paris
     
     
     
     
     
     
        L'oeuvre contemporaine de Daniel Buren tranche sur l'architecture classique du dix-huitième siècle de l'Hôtel de la Monnaie tout en respectant la sévérité géométrique des façades. La verticalité des colonnes doriques et les plans  horizontaux, la symétrie et la répétition des motifs répondent au rythme de la structure moderne dont la sévérité est cependant diluée par les mouvances de la couleur.
     
     
     
     
     
    Pergola, oeuvre située de Daniel Buren
    Cour de l'Hôtel de la Monnaie, Paris
     
     
     
     
     
       Avec son galériste Kamel Mennour, Daniel Buren a déjà présenté une Pergola à la Foire Art Basel Miami, en 2006. Conçue pour l'ardent soleil californien, l'oeuvre s'adapte au ciel plus capricieux de Paris. Quand le soleil perce, la Pergola s'illumine. Il a plu sur la construction et de l'eau stagne sur le toit, ajoutant des irisations aux projections colorées. Etait-ce prévu?
     
     
     
     
     
    Pergola, oeuvre située de Daniel Buren
    Cour de l'Hôtel de la Monnaie, Paris
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    BUREN PERGOLA
    Du 24 juin au 27 septembre 2009
    Entrée libre
    Cour de la Monnaie de Paris, 11, quai de Conti -
    75006 Paris (0)1 40 46 56 66
     
     
     
     
    Projection de couleurs
    Pergola, oeuvre située de Daniel Buren
     
    Promenade de Richard Serra, Monumenta 2008

     
     
    Palagret
    juillet 2009
    photographie
     
    Sources:
    Toutes les photos sont de Palagret
    Dossier de presse 
     
     
     
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  •    Rue Quincampoix, un papier collé est apparu dans un recoin, une photographie découpée, en noir et blanc. C'est un homme grandeur nature, vêtu d'un costume noir, d'un chapeau haut-de-forme. Un gentleman donc mais chaussé de baskets. Il semble esquisser un pas de danse devant un chien blanc et rouge, reste d'un collage de Mimi le clown. Il tient un couteau  ou un cutter dans sa main, à droite.


    Le gentleman, papier collé


       Deuxième apparition un peu plus loin dans la rue. Cette fois, le papier collé est réduit au chapeau et au bras, le reste est parti en lambeaux.


    Le gentleman, papier collé arraché


        Troisième apparition, le gentleman danseur est devenu un truand ou un justicier. On ne voit pas l'ennemi contre lequel il brandit un poignard, protégé d'un parapluie noir comme bouclier. Mais est-ce bien un poignard? En agrandissant la photo on voit plutôt un marker. L'homme au poignard serait donc l'homme au marker, un artiste urbain. Se bat-il contre les effaceurs municipaux ou provoque-t-il en duel un rival graffiteur?


    L'homme au marker, papier collé émpémère


        Mélange de Fred Astaire, de Fantomas ou d'Arsène Lupin gentleman cambrioleur, le bonhomme de papier nous conduit vers une galerie d'art.


    Le gentleman, papier collé


       De l'intérieur de la galerie, une main efface le blanc d'Espagne qui masque la vitrine, dessinant un coeur avec les lettres G + M. GM comme Gentleman, Gars de Marseille, Grande Marmite, Grand Modèle etc. Le vernissage se prépare à la Galerie Issue.


    La galerie Issue rue Quincampoix


      A travers le coeur, on entrevoit des graffiti qui couvrent les murs et le plafond. De l'art urbain ou street-art, art de la rue, hors de la rue. Le GentleMan éphémère annonçait l'exposition d'un collectif d'artistes.





    "I love Paris" au coeur de la capitale
    Du 17 juillet au 5 septembre 2009
    Galerie Issue
    38 rue Quincampoix, Paris 4è
    01 42 77 12 46


    Autres collages sur ce blog:
    Ceci n'est pas un renard ni un chevreuil, c'est du street-art
    Les papiers collés de FKDL
    Paella Chimicos: tracts collés dans la ville, art de la libre expression
    Papiers collés éphémères: une girafe?
    Evolution d'un mur de papiers collés à Beaubourg
    Vladimir Poutine, un papier collé à Beaubourg
    Les affiches sauvages de Rero, le client suivant



    Palagret
     
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  •  
       Depuis le début de l'été, on a vu apparaître un pochoir en lettres noires proclamant: "J'ai toujours rêvé d'être un groupe de rock". Appliqué au sol ou sur des murs, il pourrait s'agir d'un délire poétique, d'un message lancé dans le tourbillon parisien, pour rien, pour s'amuser.


    J'ai toujours rêvé d'être un groupe de rock
    pochoir publicitaire


       Hélas non, il ne s'agit que de teasing, de street-marketing. De la réclame pour le lancement du disque d'un certain David Tétard.


    J'ai toujours rêvé d'être un groupe de rock
    pochoir publicitaire


    J'ai toujours rêvé d'être un pochoir publicitaire!



    J'ai toujours rêvé d'être un groupe de rock
    pochoir publicitaire


    Palagret
     
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  •   
        Le quatrième piédestal, ou quatrième socle, pourrait être le titre d'un roman ésotérique, style Da Vinci Code, avec sens caché, énigmes, révélations et visite organisée pour les touristes à Trafalgar Square. Le quatrième piédestal est tout le contraire du secret. Ici rien d'obscur et s'il révèle quelque chose c'est l'infinie variété de l'espèce humaine.
     
     
     
    Publicité pour un pub
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley


     
        Il s'agit d'une installation artistique One & Other, L'Un et l'Autre, conçu par le sculpteur Antony Gormley. Pendant cent jours, 24 heures sur 24, les candidats sélectionnés défilent sur le podium aérien. Ils sont seuls, avec quelques accessoires et font ce qu'ils veulent. Ils deviennent des oeuvres d'art vivantes dont la performance est retransmise en direct sur la toile.
     


    Cheyenne, joueuse de harpe
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley



        "Ce sera le portrait de la Grande Bretagne avec 2400 heures et 2400 personnes vivantes." dit Antony Gormley. 1 Les sculptures vivantes d'un jour sont sélectionnées afin d'assurer une juste représentation géographique et ethnique des britanniques.
     


    Mamie tricoteuse
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley


     
    Comme dans la télé-réalité, des anonymes deviennent importants simplement parce qu'ils sont là.  Etre  sous le regard de la caméra fondent leur légitimité. "Vu à la télé" est un argument inattaquable et les gens de peu deviennent exceptionnels comme les valeureux guerriers  qu'on honore avec des statues. A la différence de la télé-réalité, il n'y a pas d'interruption publicitaire et la performance ne rapporte pas d'argent aux participants.
     
     

    Squelette à vélo protestant contre les accidents de la route
    dont sont victimes les cyclistes
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley
     


        Comme dans un zoo, les spécimens sont bien en vue sur leur rocher, entourés de vide pour ne pas pouvoir rejoindre les humains qui, en contrebas, les observent avec amusement. Ils sont aussi protégés des oeufs crus ou des bananes que des plaisantins pourraient leur lancer mais non des huées. Les spectateurs lèvent la tête vers les sculptures vivantes, si semblables à eux et si différentes. C'est un théâtre de l'altérité et du même.
       A la différence des tristes zoos humains des foires et expositions coloniales, du XIXè et XXè siecle, les spécimens ont choisi d'être là. Comme dans la télé-réalité, ils sont volontaires et acceptent d'être examinés sous toutes les coutures, applaudis, sifflés ou critiqués. Pourquoi se livrer à cette exposition médiatique? Autant de participants, autant de raison. Pour s'amuser, pour gagner un pari, pour faire une demande en mariage, pour raconter ses échecs, pour montrer ses talents de chanteur ou de danseur, pour défendre une cause politique ou humanitaire, pour faire de la publicité pour son commerce etc ...
     
     

      Tallulah, chanteuse
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley
     
     


       Il y a du voyeurisme et de la cruauté dans cette exhibition et l'attitude des spectateurs. Observer un être humain, pendant une heure, sans qu'il puisse échapper à notre regard est troublant. Sa silhouette a l'air fragile perchée à huit mètres de hauteur, surplombant le sol que foulent les simples mortels. Exhibitionnistes mais timides, ces victimes consentantes se cachent parfois sous un déguisement ou un masque. Ainsi, elles se montrent et se dérobent dans le même mouvement.
     

     


    One and Other
    Anthony Gormley
    Du 6 juillet au 14 octobre 2009
    Trafalgar Square, London, UK


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    Palagret
    juillet 2009
    art contemporain en plein air
     
     
     
    1- in Telegraph, 26.02.09
     
     
     
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  •  

       "Est-ce de la sculpture ou non? Peut-on utiliser le temps comme un médium? Peut-on utiliser la vraie vie comme un sujet?" 1

     

       Antony Gormley pose lui-même la question pour répondre aux critiques qui l'accuseront de faire de l'art rigolo avec One & Other, la performance qu'il organise à Trafalgar Square.



    Steve Platt s'interroge: but is it art?
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square, performance conçue par Antony Gormley



        Une interrogation que reprend avec humour Steve Platt juché en haut du piédestal. Il a utilisé son heure de gloire à écrire à la craie sur un tableau noir ses questions et ses injonctions.

     

     

    Steve Platt écrit sur une ardoise: stop staring
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley
     
     
     
     
       Tour à tour Steve Platt écrit sur une grande ardoise: je ne suis pas un pigeon,  je ne suis pas une statue je suis un homme libre, peux-tu me voir Man, ce lion vient de bouger, je voudrais un ice-cream, je peux descendre maintenant? Et surtout le très percutant "Stop staring, arrêtez de me regarder".

        Les sculptures vivantes sont-elles de l'art? Gilbert and George l'ont déjà fait en 1969 avec la sculpture chantante où ils interprétaient une chanson du répertoire anglais
    puis en 1972, posant devant la caméra et exécutant des mouvements très lents, le visage figé.
     
     
     
        Entre 1962 et 1966, Ben Vautier du mouvement Fluxus réalise diverses actions de rue à Nice. Au milieu de la circulation, il dresse une table et se fait servir un repas. Une pancarte à ses pieds dit: "Ne me regardez pas".
     
     
     
        On croise souvent dans la rue des statues vivantes imitant une momie ou une sculpture dont le défi est de ne pas bouger même sous les provocations du public. Ici à Trafalgar square, les vedettes d'une heure peuvent gesticuler ou rester immobiles, dialoguer avec le public, téléphoner, faire du tricot ou raconter leur vie. En arrière plan on entend des discours politiques ou religieux, des rires, des klaxons et, jour et nuit, le ballet des sirènes de police et des ambulances.

       Est-ce de l'art?


    Lien sur ce blog:
    Antony Gormley: excentriques sculptures vivantes à Trafalgar square, Londres
    Antony Gormley à New-York: des suicidés au bord des toits

    Voir la performance en direct


    Palagret
    Juillet 2009
    performance
     
     
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  •  
        Monsieur Chat a toujours un rictus inquiétant. Chat perché au-dessus de la boutique de Pompes Funèbres Roblot, il sourit de toutes ses dents, comme pour conjurer la mort. Les plaintes et les lamentations montent jusqu'à lui et il essaye de les ignorer.
     
     
     
     
    Monsieur chat, posé au-dessus de la Maison Roblot, Pompes funèbres
    street-art de Thomas Vuille
     
     
     
     
        Ses ailes d'ange ne lui servent à rien. Collé sur ce mur lépreux, englué dans la peinture du pochoir, M. Chat ne peut s'envoler dans le ciel parisien.
     
     
     
     
    Monsieur chat, posé au-dessus de la Maison Roblot, Pompes funèbres
    street-art de Thomas Vuille
     
     
      Un jour lui aussi ce chat, pochoir éphémère, sera un cher disparu.


     
     
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    Palagret
    archéologie du quotidien
    juillet 2009

     
     
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  •  

                Ange, Père Noêl ou squelette, déguisés ou non, nus s'ils le veulent, bavards ou mutiques, dans la pluie et le vent, les acteurs éphémères occupent le quatième piédestal (fourth plinth) pendant une heure. Pour l'instant, il n'y a pas eu de nu bien qu'Antony Gormley, le créateur de la performance, ait déclaré:
     
    "La nudité est absolument essentielle,” . “La nudité est à l'art ce que le ballon est au football .” 
     
    En cent jours tout peut arriver!
     
     
     
    Le quatrième piédestal (fourth piedestal) à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley, Photo Bawdy Nan
     
     
     
       Les statues vivantes de Gormley sont filmés par plusieurs caméras et leurs interventions sont diffusées sur le net. Certains participants en profitent pour envoyer des messages personnels ou politiques. C'est une variante d'Hyde Park Corner où n'importe quel citoyen peut monter sur une caisse à savon et haranguer la foule à propos de la politique du gouvernement, de la perte des valeurs dans la socièté d'aujourd'hui ou de ses problèmes personnels. Ici la caisse à savon est plus haute mais le message  relayé par internet a-t-il plus d'écho?
     
        Depuis le 6 juillet, le quatrième piédestal de Trafalgar Square est devenu un théâtre. Pendant cent jours, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les postulants vont défiler. Ils se sont inscrits sur le net et il y a plus de demande que de place. Les statues vivantes sont un reflet de l'excentricité britannique.
     
     
     
    Masque vénitien, quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley, Photo erase

     

       Cette nuit, vers une heure du matin, une jeune femme, Jill, se tenait sur le socle. Des ailes d'ange blanches ornaient son dos, elle portait un faux nez avec moustache. Debout ou assise, fouillant dans une valise pour en sortir un polaroïd et prendre des photos de ses pieds, Jill  a été applaudie par un public clairsemé. Une heure c'est long!
     
     
     
    Scared of Heights, un ange sujet au vertige, quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley
     
     
        Sur sa poitrine, une pancarte proclamait "Scared of height", peur des hauteurs, se moquant ainsi de sa position à huit mètres de hauteur. Par précaution le socle est entouré d'un filet de protection pour éviter les accidents ou les idées folles des participants.
     
     
     
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square
    Performance conçue par Antony Gormley
     
     
     
       Alors que l'orage éclatait sur Paris, il pleuvait légèrement sur Londres. A deux heures du matin, la grue s'est élevée jusqu'au socle. Jill a quitté la scène et Gina, une respectable vieille dame comme elle se décrit, coiffée d'un beau chapeau rouge, a pris sa place pour lire des livres d'enfants et des poèmes. Dans le lointain résonnaient les sirénes de police. A trois heures, un jeune homme barbu chargé de couvertures a pris son tour. Il s'est assis en tailleur et est resté là, immobile et silencieux.
     
     
     
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square, la relève
    Performance conçue par Antony Gormley
     
     
     
       Trafalgar square est le lieu de célébration des héros à travers leur statue, des hommes valeureux de l'empire britannique dont le plus bel exemple est l'Amiral Nelson en haut de sa colonne. Aujourd'hui, il n'y a plus d'empire et même les gens de peu ont droit à une heure de gloire, mieux que le quart d'heure de célébrité d'Andy Warhol.

         Antony Gormley déclare:
    “Il ne s'agit pas de privilège, ni de pouvoir, ni de guerre ni d'honorer les morts, il s'agit de célébrer la vie.” 1
     
     
     
    Le quatrième piédestal à Trafalgar Square, Gina
    Performance conçue par Antony Gormley


        Le quatrième piédestal de Trafalgar square est vide depuis 1841. En 1999, la Royal Society of Arts confie le piédestal à un artiste contemporain vivant en Grande-Bretagne, pour un an.  Le sculpteur Anthony Gormley avec One and Other propose la sculpture vivante, livrant au regard de la foule et des internautes des inconnus se donnant en spectacle. Une exhibition volontaire où chacun peut exprimer son excentricité, comme à la télé-réalité. De l'art-réalité?



    voir l'événement en direct

    Est-ce de l'art? Antony Gormley et le quatrième piédestal de Trafalgar square
    Le quatrième piédestal d'Antony Gormley, zoo humain à Trafalgar square


    One and Other
    Anthony Gormley
    Du 6 juillet au 14 octobre 2009
    Trafalgar Square, London, UK




    Palagret
    Performance
    juillet 2012
     
    1- in NYTimes
     
     
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  •  
     
        La machine à laver est en panne! Pas de bol, la garantie a expirée il y a un an. Vite le SAV d'Auchan, service après vente, où la précieuse machine, à l'obsolescence programmée, a été achetée. Déjà le répondeur instille l'angoisse dans l'esprit du consommateur, il n'y a que deux options:

    - appareil sous garantie, appuyer sur 1
    - appareil à retirer, appuyer sur 2
    Et hors garantie?


    Lessive au village


       Après une minute, un humain, ou un robot dernière génération très subtil, répond:
    - Nous sommes désolés, nous ne prenons plus les appareils hors garantie, le délai est trop long.
    - Combien de semaines?
    - Nous n'avons pas le droit de les prendre.
    - ?
    - Bonne journée, Madame.

     
    Lessive au village


       Bonne journée! J'en fais quoi de ma machine achetée chez Auchan? Un panier à linge? Une sculpture compression style César? Je lave le linge à la main? J'en achète une autre? Pas chez Auchan puisque le prétendu "Service Après Vente" ne dure que le temps de la garantie.

       Il ne reste plus qu'à trouver un petit réparateur. Ce n'est pas gagné, mais heureusement ce n'est pas encore le mois d'août.


    Lessive au village


       L'électro-ménager est conçu pour avoir une durée limitée afin de forcer le consommateur à acheter un nouveau produit le plus souvent possible. Dégoûté, le consommateur peut choisir de boycotter la marque Brandt ou le distributeur Auchan. Malheureusement tous les fabriquants utilisent l'obsolescence programmée, alors le consommateur est captif.

       L'obsolescence programmée fonctionnelle consiste à inclure une pièce fragile qui cassera assez vite après la durée de garantie. Nos objets sont programmés pour mourir, comme nous mais bien avant nous. Le gaspillage des ressources est énorme. Et
    l'économie durable?

       Vive les joies de la consommation! Pauvre planète.



    Liens sur ce blog:
    Le cadre-photo Philips 7FF1CMI, mode d'emploi kafkaïen

    Palagret
     
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  •     Art urbain, art de la rue, street-art, quelque soit son nom, il est partout. Au croisement de la rue Oberkampf et de la rue Saint-Maur, un panneau d'affichage de 3 mètres sur 8, est dédié aux artistes de rue. En ce moment, le MUR, Modulable Urbain Réactif, propose une oeuvre d'Osta. Art sauvage quasi officiel, la fresque s'orne aussi de tags et de papiers collés.
     

    Marianne menteuse, LioX


       En ce mardi après-midi de fête nationale, des papiers collés sont apparus, légèrement attachés pour qu'on puisse les emporter. LioX, dans un élan patriotique, décline la figure de Marianne, incarnation de la République.



    Fresque d'Osta et affichettes de LioX


        La Marianne menteuse a un long nez tricolore digne de Pinocchio. Un nez à piquer les gaufrettes des électeurs?


    Marianne Cosette, LioX


        La Marianne Cosette porte un drapeau rapiécé sur son bonnet phrygien. Un bonnet qui ressemble à un casque de moto.


    Marianne Schtroumpf, LioX


        Pour finir une Marianne Schtroumpf illustrant sans doute la République multi-ethnique.



    Dessins de Liox sous le MUR


       Le dessin, assez féminin, est simple, un peu mièvre, proche des dessins de livres pour enfant. La tête de Marianne est reproduite inlassablement au pinceau puis colorée à la main suivant ses différents incarnations.

       Déjà pour la Nuit Blanche 2007,  Liox avait exposé à la mairie de Paris du 4ème deux mille sept dessins originaux et signés de Marianne. A la fin de la nuit, les dessins accrochés avec des pinces à linge sur des cordes ont été décrochés par les visiteurs et emportés.

        Même mise en scène en mai 2008 aux ateliers des artistes de Belleville. Cette fois ce sont des anges, ou des démons, qui sèchent sur les cordes.
    Liox est né à Paris en 1963. Il a étudié à l'Ecole d'Arts Graphiques Corvisart.
     
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