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Par Palagret le 23 Juillet 2012 à 12:00
Doppelgänger, Leviathan, Talos, Arachné, Pneuma, Kafka, Tête du Minotaure aux points de suture, voici les noms des curieuses chimères de Neri Oxman, inspirée par la mythologie. Designer, architecte, artiste, la jeune femme crée des formes mi-organiques mi-industrielles en impression 3D, un procédé technique complexe. Les explications sur la genèse des oeuvres restent obscures pour les non-scientifiques. Le nom poétique des oeuvres contraste avec les froids calculs qui les ont fait naître et renvoie au Livre des êtres imaginaires (1957) de Jorge Luis Borges. Imaginaire et technologie se fécondent et donnent des formes et des couleurs séduisantes qui font penser à des masques, des heaumes, de créatures de l'espace ou des carapaces de super-héros.
Talos, morphologie en fossette informée par la géométrie
Neri Oxman, Multiversités créatives, Beaubourg
"Pour Neri Oxman le matériau participe activement à la genèse de la forme architecturale. Chaque objet mythique trouve sa contrepartie expérimentale prospective. Les ailes de la nymphe Daphné se transforme en machine volante, l'armure du gardien Talos devient une peau protectrice." 1
Arachné, morphologie tri-dimentionnelle Vorona, et Pneuma
Neri Oxman, Multiversités créatives, Beaubourg
au fond, Chrysalis de Kudless / Matsys
"En ayant recours aux technologies de fabrication les plus innovantes associées à des environnements de programmation fournis par Objet et MathWorks, Neri Oxman en collaboration avec W. Craig Carter, Joe Hicklin et James C. Weaver explorent l'intimité des composants de la matière." 1
Dix-huit prototypes,
Neri Oxman, Multiversités créatives, Beaubourg
"Dans « Multiversité créatives», les approches technologiques, esthétiques et sociétales s'entrecroisent autour de quelques thèmes simples : générer, fabriquer, représenter." 1
Tête du Minotaure aux points de suture, morphologie de Gosper
Neri Oxman, Multiversités créatives, Beaubourg
"« Multiversités créatives » veut entraîner ses visiteurs sur la piste de l'expérimentation, de la recherche et des travaux prospectifs dans les domaines de l'architecture, du design, des nouvelles technologies et de l'innovation sociale.
Kafka renvoie à la carapace de cafard dans la Métamorphose
Neri Oxman
« Donner des images justes et fortes d'un univers d'objets dont l'unité et la cohérence sont problématiques. Et non seulement de s'en porter témoin, mais aussi d'y agir, comme un pôle créant son champ d'attraction, d'interaction, y engendrant la novation ». Ce manifeste, énoncé en 1986 par le philosophe Jean-François Lyotard, résume à lui seul l'esprit de la manifestation qui rassemble quinze dispositifs spécialement conçus et réalisés pour l'occasion. " 1Leviathan II, morphologie laminaire
Neri Oxman, Multiversités créatives, Beaubourg
« Multiversités créatives »
Neri Oxman
Etres imaginaires: mythologies du pas encore, 2012
Du 3 mai au 6 août 2012
Centre Pompidou
Espace 315Neri Oxman explique son travail au M.I.T. (en anglais)
Palagret
Photos Palagret CC
art contemporain
juillet 2012
Source:
1- dossier de presse
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Par Palagret le 14 Juillet 2012 à 12:00
Anne-Flore Cabanis investit le 104 avec "Connexions", une installation d'élastiques tendus du sol au plafond et de mur à mur.
Connexions d'Anne-Flore Cabanis, atelier 1, Cent-quatre
Anne-Fore Cabanis travaille avec des rubans tendus et de l'adhésif, semant des parcours inattendus dans les galeries, les rues et les jardins.
Connexions, Anne-Flore Cabanis au 104 par PalagretConnexions d'Anne-Flore Cabanis, Halle Aubervilliers, Cent-quatre
Connexions, Anne-Flore Cabanis
Du 5 avril au 5 août 2012
Cent-quatre, 5 rue Curial, Paris 19è
Expositions au Cent-quatre:
In perceptions: Bâtiment de Leandro Erlich au 104, trompe-l'oeil, illusion et vertige
Pistoletto, 20 miroirs brisés au 104 à Paris
Johan Lorbeer: vie tranquille, vie perchée au 104
La villa Arpel reconstituée au 104, le terrain de jeu de JacquesTati
Palagret
art contemporain
juillet 2012
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Par Palagret le 14 Juillet 2012 à 12:00
Les élastiques tendus d'Anne-Flore Cabanis vibrent avec l'air et le passage des visiteurs. Dans la Halle Aubervilliers du Cent-quatre trois ensembles de treize élastiques colorés redéfinissent l'espace. Comme des rayons de soleil, ils strient l'air; un groupe s'élargit du sol au plafond, l'autre du plafond au sol, le troisième horizontal suit la verrière. L'installation, ou sculpture, est faite de minces bandes et de beaucoup de vide.
Connexions d'Anne-Flore Cabanis dans la Halle Aubervilliers du Cent-quatre
Dos blanc du Bâtiment trompe-l'oeil de Leandro Erlich
Dans les ateliers 0 et 2 du cent-quatre, Anne-flore Cabanis, a tendu de multiples bandes blanches qu'il faut franchir ou contourner pour atteindre la pièce du fond où elle expose "densité", un grand dessin tracé d'une seule ligne aléatoire qui ne se coupe jamais.
Densité et Connexions d'Anne-Flore Cabanis, atelier 2, Cent-quatre
Connexions d'Anne-Flore Cabanis, atelier 2, Cent-quatre
Dans la nef Curial, cinq ensembles d'élastiques blancs divisent le vaste espace et créent des obstacles faciles à traverser. Le blanc de Connexion s'harmonise avec les poutrelles gris clair de la nef et le lustre blanc, la mariée, de Joana Vasconcelos, donnant un environnement aux teintes douces où s'activent les danseurs de hip-hop, les musiciens et les enfants qui trouvent là un beau terrain de jeu.
Connexions d'Anne-Flore Cabanis dans la nef Curial du Cent-quatre
Au fond le lustre de Joana Vasconcelos, a noiva
Connexions d'Anne-Flore Cabanis dans la nef Curial du Cent-quatre
Les bandelettes tremblant au moindre attouchement mettent en "connexion" le sol et le plafond, le béton, la pierre des murs et le verre du toit, l'ombre et la lumière, le spectateur et l'artiste. On peut toucher l'oeuvre et la faire vibrer, l'enjamber ou se faufiler dessous. "Connexions" se modifie ainsi avec l'action des visiteurs et le léger vent qui souffle dans le bâtiment aux portes ouvertes.
Connexions d'Anne-Flore Cabanis dans la Halle Aubervilliers du 104
Connexions, Anne-Flore Cabanis
Du 5 avril au 5 août 2012
Cent-quatre, 5 rue Curial, Paris 19è
Billets sur les expositions du Cent-quatre:
In perceptions: Bâtiment de Leandro Erlich au 104, trompe-l'oeil, illusion et vertige
Pistoletto, 20 miroirs brisés au 104 à Paris
Johan Lorbeer: vie tranquille, vie perchée au 104
La villa Arpel reconstituée au 104, le terrain de jeu de JacquesTati
Palagret
art contemporain
juillet 2012
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Par Palagret le 11 Juillet 2012 à 12:00
Installations éphémères d'écorces d'oranges pourrissantes, de purée de carotte, de nouilles de soja, de lentilles, de ketchup ou de mousse débordant de poubelles, Michel Blazy travaille avec le vivant, l'instable, l'éphémère.
Bouquet final, Michel Blazy, Collège des Bernardins
Dans l'ancienne sacristie du Collège des Bernardins, Michel Blazy n'expérimente pas cette fois avec des matériaux organiques mais avec un banal produit artificiel, de la mousse de bain. A dix heures du matin, il y a très peu de mousse qui sort des bacs accrochés à l'échafaudage; peu à peu la mousse enfle, s'accumule et finit par tomber silencieusement. Le fragile drapé virevolte élégamment avant de se dissoudre lentement au sol. Ce matériau léger et translucide donne l'illusion de la vie en s'épandant et en se rétractant en d'imperceptibles évolutions.
Bouquet final, Michel Blazy, Collège des Bernardins
Il faut longtemps contempler le mur pour voir enfin de gros nuages blancs se détacher. Le meilleur moment est vers cinq heures quand l'accumulation des bulles cède à la pesanteur. Le soir, les moteurs qui génèrent la mousse sont éteints et chaque matin la fontaine de mousse renaît, toujours différente, comme une métaphore de la naissance et de la mort, de la fragilité des choses.
MICHEL BLAZY, bouquet final au Collège des... par Palagret
Interview de Michel Blazy:
"Exponaute: Bouquet final est une sorte de bas-relief qui dialogue avec l'architecture majestueuse de l'ancienne sacristie du Collège des Bernardins. Comment avez-vous abordé cet espace et cet environnement mystique ?
Michel Blazy: C'est la pièce la plus importante que j'ai faite en mousse, elle mesure six mètres de haut sur huit de large. Ça fait une dizaine d'années que j'utilise ce matériau, mais c'est la première fois que je dépasse véritablement l'échelle humaine. Je suis parti de la sensation que l'on peut avoir dans les lieux de culte, où le corps est complètement dépassé par l'architecture, où l'on est dans une attitude de respect car on est dominé – ce qui peut même être inquiétant, oppressant. Je voulais rendre l'équivalent de cette sensation, mais avec un phénomène vivant.
Bouquet final, Michel Blazy, Collège des Bernardins
Le drapé, la statuaire, le mouvement, le contraste entre le solide et le mou... : il y a dans l'œuvre quelque chose de baroque, de l'ordre de la démesure, du maniérisme. J'espérais que le côté mystique du lieu charge la pièce, grâce à cette matière mystérieuse, en apparence fixe, mais qui bouge, se déplace. C'est comme une plante que l'on ne voit pas pousser – même si c'est le cas, imperceptiblement.
Bouquet final, Michel Blazy, Collège des Bernardins
Exponaute: On y retrouve les notions de temps et de cycles, importantes dans votre travail. Ici l'œuvre est calée sur les heures du jour.
M.B: En effet elle meurt dans la nuit – les moteurs sont éteints, la mousse disparaît – et repousse le lendemain matin. Je suis parfois sur des cycles plus longs, parfois plus courts. ... Chaque pièce a son propre cycle. C'est la durée de vie de l'œuvre qui m'intéresse. Dans celle-ci, le meilleur a lieu à la fin de la journée, juste avant qu'on ne ferme les portes – d'où le titre de Bouquet final.
La mousse au sol éclate et meurt
Bouquet final, Michel Blazy, Collège des Bernardins
Exponaute: Il y a dans vos œuvres une part d'inconnu, de hasard , d'infini...
M.B: J'ai la volonté de ne pas maîtriser les processus à 100 %, mais d'être simplement là pour les encourager, les accompagner. Un peu comme un jardinier qui plante une salade, mais ne sait pas exactement quelles seront les conditions météo, et ne peut pas savoir avec précision quelle sera la forme de sa salade... L'auteur dialogue avec les éléments et a un pouvoir limité. Il y a le désir que l'on projette sur les choses, et ce qui arrive : l'œuvre prend le chemin entre les deux. Ce qui m'intéresse, c'est toute cette incertitude."
Bouquet final, Michel Blazy, Collège des Bernardins
Extraits des propos recueillis par Magali Lesauvage pour Exponaute.
Bouquet final, Michel Blazy, ancienne sacristie du Collège des Bernardins
Bouquet final, Michel Blazy
Du 10/05/2012 au 15/07/2012
Collège des Bernardins, ParisBouquet final, Michel Blazy, Collège des Bernardins
Art contemporain au Collège des Bernardins:
L'art brut de Judith Scott: cocons multicolores et totems au Collège des Bernardins
Claudio Parmiggiani au collège des Bernardins: le labyrinthe brisé
Michel Blazy, sculpcure, des oranges pourrissantes sur un Plateau
La grotte de Michel Blazy, coton et lentilles au Plateau
Palagret
art contemporain
photos Palagret en CC
juillet 2012
Sources:
Dossier de presse
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Par Palagret le 29 Juin 2012 à 12:00
De loin, on ne voit voit que des tableaux classiques emblématiques de la peinture occidentale. Portrait des époux Arnolfini de Van Eyck, Joconde de Leonard de Vinci, Marie-Antoinette et l'autoportrait au chapeau de paille d'Elisabeth Vigée-Lebrun, la Fornarina ou la Madone aux oeillets de Raphaël. Vus de près, ces tableaux si connus ne sont que des photographies numériques et les visages si juvéniles sont couverts de rides.
Autoportrait au chapeau de paille d'Elisabeth Vigée Le Brun
réinterprété par Nicole Tran Ba Vang
"You will never die", la série de Nicole Tran Ba Vang met en scène les modèles qui auraient vieilli. La Fornarina aurait 497 ans aujourd'hui et si son teint craquelé correspond à un âge avancé, en fait, elle n'est que poussière, représentation que Tran Ba Vang a préféré ignorer.
La Fornarina de Raphaël
réinterprétée par Nicole Tran Ba Vang
La pose fière du tableau original fait ressortir le visage creusé, le cou ridé, les lèvres pincées, le corps avachi. Ode à la jeunesse et à la beauté, les portraits ne sont plus que de cruelles observations du temps qui passe.
La Joconde de Leonard de Vinci
réinterprétée par Nicole Tran Ba Vang
L'œuvre de Nicole Tran Ba Vang, photographe de mode à l'origine, est une réflexion sur le corps. Habituée à photographier des top-modèles parfaites, selon les codes de la mode, elle montre ici le désastre du temps sur des visages qui furent si lisses. Elle questionne l'immuabilité du tableau qui fige son modèle à un âge définitif.
Marie-Antoinette d'Elisabeth Vigée Le Brun
réinterprétée par Nicole Tran Ba Vang
Au contraire du portrait de Dorian Gray qui vieillit et s'enlaidit alors que Dorian reste jeune et beau, ces femmes peintes se couvrent de rides mais leurs modèles aussi et ils sont morts.
D'origine viet-namienne, Nicole Tran Ba Vang est née en 1963.
Aphrodite
réinterprétée par Nicole Tran Ba Vang
A Art Paris 2012, comme Nicole Tran Ba Vang, plusieurs plasticiens jouent avec les oeuvres classiques: Sabine Pigalle avec Timequakes ou Vincent Corpet ré-interprétant des tableaux d'Andy Warhol ou de Rubens.
Art Paris 2012
Palagret
art Paris 2012
juin 2012
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Par Palagret le 13 Juin 2012 à 12:00
Pascal Bernier présente une mygale posée sur une broderie tendue sur un tondo. Il associe la patiente activité des brodeuses à l'insecte qui tisse sa toile pour capturer des proies.
Spider seduction, Pascal Bernier, Art Paris 2012
Sous le titre anglais "spider seduction", le contraste est fort entre la délicatesse de la broderie blanche et la menace noire incarnée par la mygale velue. Naturalisée, l'araignée est inerte mais elle provoque quand même un sursaut tant ces insectes génèrent de fantasme. La broderie évoque la séduction (parure des femmes en habit de fête, robes de mariée) et la domesticité (femme brodant au foyer, napperons brodés posés sous les bibelots). L'araignée évoque le danger et la mort. Cet oxymore visuel est une vanité.
Spider seduction, Pascal Bernier, Art Paris 2012
Animaux écorchés, canard victime d'un accident de chasse pansé de bande velpeau, trophées maquillés et coiffés, les animaux sont nombreux chez Pascal Bernier qui se défend d'être un artiste animalier.
Spider seduction, Pascal Bernier, Art Paris 2012
L'araignée est un sujet souvent traité par les plasticiens contemporains, de Louise Bourgeois à Calder.
Lien sur ce blog:
Le canard de Pascal Bernier victime d'un accident de chasse: art et taxidermie
L'araignée géante de Louise Bourgeois aux Tuileries
Infinity, la toile d'araignée de Chiharu Shiota à la galerie Templon
Une attaque d'araignées venimeuses géantes crée la panique en Inde
Palagret
araignée
juin 2012
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Par Palagret le 11 Juin 2012 à 12:00
Associant un objet du quotidien, une banale bonbonne de gaz, et un décor de vase grec antique, symbole de notre héritage culturel, Wim Delvoye crée avec humour et dérision Gandagas en 1988.
Bonbonne de gaz émaillée
Gandagas A78522, Wim Delvoye au musée Rodin
Peintes en noir et ornées de motifs traditionnels grecs de la vie quotidienne et de la mythologie (hommes en toge, femmes drapées, guerriers et cavaliers, Thésée et le minotaure) les bonbonnes de gaz sont exposées face à de vraies amphores grecques collectionnées par Auguste Rodin.
Bonbonne de gaz émaillée. Gandagas A 78522, 1988, Wim Delvoye
dans la salle des vases grecs du musée Rodin
La juxtaposition d'un objet industriel et d'un décor antique déclenche le sourire. Wim Delvoye a aussi décoré des bonbonnes de gaz de motifs de Delft bleus et blancs. Les bonbonnes portent des numéros embossés dans le métal probablement par le fabricant: A78522 etc ...
Thésée et le minotaure, bonbonne de gaz émaillée. Gandagas 1988, Wim Delvoye
dans la salle des vases grecs du musée Rodin
Bonbonne de gaz émaillée. Gandagas 1988, Wim Delvoye
dans la salle des vases grecs du musée Rodin
Hommes et femmes, bonbonne de gaz émaillée. Gandagas 1988, Wim Delvoye
dans la salle des vases grecs du musée Rodin
Wim Delvoye
Pendant l'exposition "Corps et décors, Rodin et les arts décoratifs"
Du 16 avril au 22 août 2010
Musée Rodin,
79 rue de Varennes, Paris
Wim Delvoye au Louvre Paris
Du 31 mai au 17 septembre 2012
L'art contemporain au musée Rodin:
Wim Delvoye, une tour gothique en acier découpé au laser au musée Rodin
Urs Fischer, Marguerite de Ponty, Zizi, Miss Satin, sculptures molles et lourdes au Musée Rodin
Etienne Bossut au Musée Rodin: Laocoon(s), le monstre sans la proie
Rodin et Mapplethorpe dialoguent au musée Rodin: le drapé en photo et modelage
Dewar et Gicquel chez Rodin, neuf jeunes sculptures de béton
Wim Delvoye: des cochons dans les salons Napoléon III du Louvre
Palagret
art contemporain
juin 2012
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Par Palagret le 10 Juin 2012 à 12:00
Roi de la provocation avec cloaca (2000), sa machine à fabriquer de la merde, et ses cochons tatoués, l'artiste flamand Wim Delvoye interroge la notion de bon goût et de culture.
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
Dans la cour du musée Rodin, Wim Delvoye expose une tour gothique, ou mauresque, de 10 mètres de haut, une tour de métal découpée au laser et non une tour de dentelle de pierre comme celles des cathédrales. Le métal est plus associé aux constructions industrielles qu'aux édifices religieux. Un hommage peut-être à la Tour Eiffel, pas si loin de là.
La Tour a déjà été exposée à Venise. Pour Paris, Wim Delvoye a ajouté un étage et il continuera à modifier sa tour sans plan prédéfini.
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
« Je pourrais d’abord définir le décoratif de façon péjorative comme quelque chose de superflu et d’inutile. Le décoratif, c’est ce qu’on ajoute à l’œuvre et qui occulte sa logique. Mais, en ce sens, mon art n’est pas décoratif. D’autre part, je considère l’ornement comme un art de l’effet, c’est ce qui est immédiatement lisible et qui plaît aux gens. Ce que je fais est donc décoratif, mais pas comme une mascarade bourgeoise. Plutôt comme une écriture visuelle primitive, un art primitif. La beauté de base. Le décoratif est un langage de masse. » Wim Delvoye
Dentelle de métal oxydée par la pluie
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
Wim Delvoye détourne les matériaux et les objets. Il construit des camions-benne (2006), des camions-remorque en dentelle de fer (2007), des bétonneuses en bois précieux style Grand Siècle (1992) et orne des pelles de chantier et des tables à repasser d'armoiries (1989).
Dans l'hôtel Biron, à côté des sculptures d'Auguste Rodin, mêlant art savant et culture populaire, Wim Delvoye expose des oeuvres ironiques:
- des bouteilles de gaz customisées en style antique (1988)
- une réplique du portail de son atelier qui s'ouvre et se referme en grinçant, lointain écho de la Porte de l'enfer de Rodin
- une accumulation de christs en croix collés sur une hélice rappelant la structure de l'ADN (Hélix)
Tour en acier corten, Wim Delvoye, devant l'hôtel Biron, musée Rodin
Comme de nombreux plasticiens contemporains (Murakami, Jeff Koons, Damien Hirst), Wim Delvoye emploie une équipe de techniciens et d'assistants dans son atelier de Gand.
Tour en acier corten, Wim Delvoye
au fond, la Porte de l'enfer de Rodin
Dossier de presse:
"Né en 1965 en Belgique, Wim Delvoye, artiste aujourd’hui reconnu et exposé internationalement, propose une oeuvre qui, tout en puisant ses références dans une certaine tradition de l’art flamand, se développe selon les principes de l’économie actuelle mondialisée : entre local et global, de Gand – siège du "Studio Wim Delvoye" – à Pékin, où se trouve son "Art Farm". Teintée d’ironie et d’iconoclasme, sa pratique artistique mêle imagerie populaire et culture savante pour mieux faire ressortir les contradictions et mutations de notre environnement contemporain.
Revisitant tous les genres, y compris les plus inconciliables, Wim Delvoye s’approprie la question du décoratif et la dynamite en rompant la cohérence supposée entre le motif ornemental et la fonction de l’objet, support de représentation. Un déplacement et un déclassement dont la surenchère met à mal et renverse toute notion de "bon" ou de "mauvais goût" dans les arts décoratifs.
Tour en acier corten, Wim Delvoye
Accueillant le visiteur dans la cour d’honneur de l’hôtel Biron, la sculpture monumentale Tour (2009-2010), s’inscrit dans les recherches menées par l’artiste sur l’architecture, dans sa dimension historique et sacrée, et la question du décor à l’ère industrielle. La présence de cette oeuvre néo-gothique de plus de dix mètres de haut, à la fois imposante et délicatement ouvragée, n’est pas sans effet sur le paysage visuel alentour, dont la ligne d’horizon croise le dôme des Invalides et le sommet de la Tour Eiffel toute proche. Réalisée en acier Corten découpé au laser, cette flèche flamboyante illustre la fascination de Wim Delvoye pour l’ère gothique, son architecture idéale et parfaitement symétrique.
Helix de Wim Delvoye au musée Rodin
On retrouve cette interprétation de la forme parfaite dans la série des crucifixions présentées dans l’hôtel Biron : un crucifix anamorphosé reprend la trame et la forme elliptique d’une molécule organique (ADN).
Crucifix de Wim Delvoye, détail d'Hélix
En écho à la monumentale Porte de l’Enfer de Rodin, Gate (maquette) (2008) est la représentation en modèle réduit du portail de l’atelier de l’artiste. À l’instar de Rodin, Wim Delvoye décline dans cette oeuvre mécanisée les leitmotivs de son vocabulaire plastique, la figure de Monsieur Propre ou les logos des grands studios hollywoodiens.
Gate (portail), détail avec M. Propre, logo Warner Bros
et entrelacs de pellicule cinématographique. Acier, Wim Delvoye
Le savoir-faire technique est ici contrebalancé par l’apparente légèreté du sujet ou du motif représenté. Entre sacré et profane, artisanat et industrie, science et religion, art et scatologie, Wim Delvoye opère par appropriation, détournement, mixage et assemblage."
Wim Delvoye
Pendant l'exposition "Corps et décors, Rodin et les arts décoratifs"
Du 16 avril au 22 août 2010
Musée Rodin,
79 rue de Varennes, Paris
Wim Delvoye au Louvre Paris
Du 31 mai au 17 septembre 2012
Liens sur ce blog:
Urs Fischer, Marguerite de Ponty, Zizi, Miss Satin, sculptures molles et lourdes au Musée Rodin
Etienne Bossut au Musée Rodin: Laocoon(s), le monstre sans la proie
Wimcity, le site de Wim Delvoye
Palagret
art contemporain
juin 2012
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Par Palagret le 29 Mai 2012 à 12:00
En prenant l'escalator de Beaubourg, le visiteur est progressivement enveloppé d'une musique obsédante faite de chants tantriques des moines de Gyuto. Les chants sacrés recueillis dans un monastère thibétain exilé à Daramsalam sont retravaillé par Mickey Hart, musicologue et ancien batteur des Grateful Dead.
L'escalier du centre Pompidou
D'étage en étage, le chant enfle progressivement, partant d'une seule voix au rez-de-chaussée pour finir avec une centaine de voix au sixième étage. L'effet est impressionnant, le visiteur est immergé dans ces vibrations sacrés tandis qu'il s'élève vers le panorama parisien.
Soundwalk, Mickey Hart, escalator de Beaubourg par PalagretL'installation sonore a été créée spécialement pendant l'exposition Paris-Dehli-Bombay par Stephan Crasneanscki et le collectif Soundwalk, en collaboration avec Mickey Hart.
En novembre 2011 Brian Mc Cormack réalisait une installation plastique et sonore dans la chenille du Centre Pompidou.
Soundwalk
du 25 mai au 19 septembre 2011
Paris-Delhi-Bombay
Escalator de Beaubourg
Liens sur ce blog:
Des préservatifs colorés et une chenille: installation éphémère de Bryan Mc Cormack à Beaubourg
Bryan Mc Cormack, les sons de ma vie, 80 000 préservatifs à Beaubourg, video
Palagret
juin 2011
art contemporain
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Par Palagret le 17 Mai 2012 à 12:00
De son écriture d'écolier, Ben calligraphie: "pas d'art sans désordre". Un simple carré noir et une phrase qui annonce le programme de "La salle des "conjurations profanes". Un tableau ironique qui semble bien sage au milieu des oeuvres contemporaines échevelées. Bien sage aussi à côté des fétiches plantés de clous et des masques démoniaques de l'exposition "Les maîtres du désordre".
pas d'art sans désordre, tableau de Ben Vauthier
Au milieu des costumes et des masques de chamanes, des idoles et des fétiches, l'exposition "Les maîtres du désordre" présente des oeuvres contemporaines de Picasso, Annette Messager, Jonathan Meese, Paul McCarthy, Christophe Berdaguer, Jean-Michel Basquiat, Alberola, Ben etc ...
à suivre
Les maîtres du désordre
Musée du quai Branly - Paris VIIe
Du 10 avril 2012 au 29 juillet 2012.
Liens sur ce blog:
Les maîtres du désordre: les fêtes d'hiver, suspension de l'ordre cosmique
Les maîtres du désordre, ordre et chaos
Ben: il faut se méfier des mots, trompe-l'oeil place Fréhel
Ben, suicide au fond de l'impasse: l'art, la vie, la mort
Ben, l'art me fait rire, c'est quoi l'idée? exposition à Paris
Ben, petite phrase: la vérité sonne faux
Art et publicité: Ben (Vautier), je me sens libre ici, affiches publicitaires de Logis
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ethnologie
mai 2012
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