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Par Palagret le 7 Novembre 2013 à 12:00
Après avoir vu l'affiche "licorne perdue", le piéton de Paris recherchait activement cette pauvre chimère égarée dans la jungle urbaine. O miracle la voici au Jardin des plantes lors de la FIAC 2013. Certes la licorne de Richard Jackson n'a pas l'air très heureuse capturée par une petite fille au sourire niais. Renversée elle, ou plutôt il, tient en équilibre sur sa corne torsadée.
Little Girl and Upside Down Unicorn, 2011
Richard Jackson, Jardin des Plantes
La bête fabuleuse est exhibée sur un tabouret de cirque. Le pelage de la licorne est rose en contradiction avec sa blancheur virginale décrite dans les contes moyenâgeux. Sous l'apparente bonhommie de la sculpture, les sabots rouge sang évoque un massacre dont l'innocente petite fille est complice.
Little Girl and Upside Down Unicorn, 2011
Richard Jackson, Jardin des Plantes
La petite fille et la licorne sont des jouets géants venus d'un univers enchanté. Mais le pays des Bisounours n'est pas celui du plasticien californien. Né en 1939, Richard Jackson réalise des peintures, des sculptures et des installations volontairement provocantes. La licorne se tenant sur sa corne est une des plus sobres.
Little Girl and Upside Down Unicorn, 2011
Richard Jackson, Jardin des Plantes
Dossier de presse:
Little Girl and Upside Down Unicorn, 2011
Fibre de verre peinte, acier, acier inoxydable, moteur
396 x 245 x 183 cm
Présentée par Georges Philippe & Nathalie Vallois, ParisLittle Girl and Upside Down Unicorn est une sculpture monumentale de l’artiste californien Richard Jackson qui représente une licorne en équilibre sur sa corne enlacée par une étrange petite fille ressemblant à une poupée ou un « smiley » aux couleurs violemment Pop et à l’humour grinçant. En 2013, une grande rétrospective du travail de Richard Jackson est organisée conjointement par le Orange County Museum of Art en Californie, la Villa Stück de Munichet le S.M.A.K. de Gand.
Liens sur ce blog:
A la recherche de la licorne perdue à Paris
Une licorne perdue, une licorne retrouvée ... en morceau dans une vitrine de Noël
Hope Hippo, un hippopotame de boue d'Allora & Calzadilla, Fiac 2013
Fiac 2013, la représentation de l'homme au Jardin des Plantes: Jaume Plensa
Lire: Bad dog de Richard Jackson
Palagret
sculpture chimérique
novembre 2013
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Par Palagret le 28 Octobre 2013 à 12:00
Une fois et demi plus grand qu'un hippopotame réel, Hope Hippo, le monstre de boue a l'air bien paisible, endormi peut-être. L'installation de Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla se trouve au fond de la Grande Galerie de l'Evolution du Jardin des Plantes, près de la cohorte des animaux empaillés.
Boue, sifflet, journal quotidien, performeur
HOPE HIPPO, ALLORA & CALZADILLA FIAC 13 par PalagretLe cheval de rivière est fait d'une boue qui se craquèle avec le temps. Autour de lui sont éparpillés des journaux. Sur le dos de l'animal, un performeur lit le journal du jour et donne un coup de sifflet chaque fois qu'il repère une injustice sociale, un sujet facile à trouver avec tous les plans sociaux et les licenciements en cours. Le siffleur change régulièrement.
Hope Hippo, Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla
Boue, sifflet, journal quotidien, performeur
490 x 185 x 155 cm
Hope Hippo, Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla
Boue, sifflet, journal quotidien, performeur
Un peu plus loin dans le parc de la ménagerie, une statue réaliste d'hippopotame bien plus menaçant. 0uvrant grand sa gueule, il fait la joie des enfants qui l'escaladent.
Hope Hippo, Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla
Statue d'Hippopotame à la Ménagerie
FIAC 2013
Jardin des Plantes, Grande Galerie de l'évolution, Paris
24 - 27 octobre 2013
Hope Hippo, Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla
Palagret
Fiac 2013
art contemporain
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Par Palagret le 17 Septembre 2013 à 12:00
En 1957, le plasticien anglais Richard Hamilton définissait ainsi le Pop Art naissant:
" Populaire, éphémère, jetable, bon marché, produit en masse, jeune, spirituel, sexy, plein d’astuces, enchanteur et qui rapporte gros."
(popular, transient, expendable, low-cost, mass-produced, young, witty, sexy, gimmicky, glamorous, and Big Business). 1
"Just What Is It that Makes Today's Homes So Different, So Appealing?"
collage de Richard Hamilton 1956, 26 x 24,8 cm
En 1956, Richard Hamilton réalisait un collage pour l'exposition « This Is Tomorrow » de l'Independant group à Londres: "Just What Is It that Makes Today's Homes So Different, So Appealing?" (Au fait, qu'est-ce qui différencie et rend les foyers d'aujourd'hui si attirants) est probablement l'une des premières oeuvres du pop art.
Chainlink à Versailles, Jeff Koons
La définition du pop art de Richard Hamilton convient parfaitement à Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Robert Indiana, Jasper Jones, James Rosenquist, Tom Wesselman et plus près de nous aux néo-pop Damien Hirst, Takashi Murakami et Jeff Koons.
Analyse du collage de Richard Hamilton sur Wikipedia
Palagret
pop art
septembre 2013
Source:
1- in Lettre à Alison et Peter Smithson du 16 Janvier 1957
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Par Palagret le 12 Août 2013 à 12:00
- En bord de Seine, face à la Tour Eiffel, le T-Rex de Philippe Pasqua accueillent les touristes venus prendre un Bateau-Mouche.
Voir l'article: Un Tyrannosaurus Rex en bord de Seine, sculpture de Philippe Pasqua
Tyrannosaurus Rex, Philippe Pasqua
Port de la Conférence (rive droite)
Paris VIII
Liens sur ce blog:
Philippe Pasqua: crâne aux papillons et autres vanités
Vanités de Philippe Pasqua: crânes multicolores aux papillons englués, Art Paris
Vitrines Vuitton à Paris: des dinosaures dorés victimes de la mode
Palagret
art en plein air
août 2013
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Par Palagret le 24 Juillet 2013 à 12:00
- Une forme drapée de noir, vaguement humaine est exposée sous la pyramide du Louvre, sur un piédestal vide la plupart du temps. Une chef-d'oeuvre classique attendant d'être dévoilé à un public ébloui? Non, une oeuvre contemporaine de Loris Gréaud intitulée [I], un signe qui ne se prononce pas et fait référence à la verticalité du pilier. Une oeuvre en écho à la Tour aux plongeurs, sculpture-performance du même Gréaud au Centre Pompidou.
[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre
Loris Gréaud imite les statues commémoratives attendant leur inauguration. Le drapé noir entouré de cordes cache en fait la silhouette du Captif, esclave rebelle, de Michel-Ange, une oeuvre du seizième siècle exposée au musée du Louvre.
[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre
"J’ai choisi un chef-d’oeuvre, l’Esclave rebelle de Michel-Ange, ce personnage qui est comme prisonnier de la pierre. Nous avons drapé puis scanné en 3D une copie prise dans les réserves. Plusieurs choses se combinent : l’histoire du drapé dans la sculpture ; mais aussi le moment de l’inauguration, où l’on enlève le drap qui recouvre une sculpture publique. J’ai voulu étirer ce moment liminal, prolonger l’attente sur huit mois. Aussi, pendant l’hiver à Paris, les jardiniers recouvrent les sculptures des Tuileries pour les protéger du froid. C’est un geste fonctionnel, non esthétique. J’ai cherché à fusionner ces trois manières très différentes de draper une sculpture dans une même forme." 1
[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre
[I], les deux oeuvres de Loris Gréaud sont exposées dans des espaces publics, dans le forum de Beaubourg et sous la pyramide du Louvre. Pas besoin de billet pour les voir.
« C’est un geste politique, surtout en ce moment, que l’accès soit gratuit, que l’œuvre prenne place au cœur de deux des plus grands musées français, qu’elles puissent s’adresser à tout le monde et que le projet de cette exposition contienne une immédiateté.
La personne qui traverse le forum du Centre pour aller aux toilettes, ou les visiteurs du Louvre qui viennent prendre une photo de la pyramide, tous peuvent faire une expérience d’art sans avoir une culture de la création contemporaine. » 2
[I], sculpture de Loris Gréaud sous la pyramide du Louvre
"Il y a là une grande colonne vide qui, en vérité, est un socle en attente perpétuelle d’une sculpture : le Louvre avait eu le projet d’y installer la Victoire de Samothrace mais ça n’a jamais pu se faire. Je voulais quelque chose de très immédiat, mais qui ne sonne pas juste, pour créer une inquiétante étrangeté. Les dimensions de la sculpture ne sont pas à l’échelle du socle ni de la pyramide. Ça crée comme un déséquilibre. Enfin le drapé est brut, plein de poussière, des cordes l’enserrant. J’aimerais donner l’impression que cette sculpture a toujours été là, ou qu’on l’a exhumée des sous-sols du Louvre. Ou qu’il s’agit d’une sculpture postapocalyptique, restée là, bien après la catastrophe. " 1
Versus de Tony Cragg sous la pyramide du Louvre
"Exposer une sculpture drapée pendant des mois sous la pyramide du Louvre, c’est jouer avec l’attente, c’est étirer au maximum ce désir de voir le drap soulevé et la sculpture apparaître." 1
Pourtant, comme devant Versus, la sculpture rouge de Tony Gragg en 2010, ou comme Suppo de Wim Delvoye en 2011 exposées sur ce même pilier, les visiteurs se prennent en photo devant l'oeuvre sans trop se poser de question. Venus voir les prestigieuses oeuvres du passé, trop pressés de voir la Joconde, peu s'approchent du cartel pour savoir ce qu'est cette mystérieuse statue voilée. Les touristes ne s'offusquent pas des sculptures contemporaines qu'ils trouvent plutôt drôles ... ou qu'ils ignorent.
[I], sculpture de Loris Gréaud
pyramide du Louvre, Paris
Du 19 juin à janvier 2014
Liens sur ce blog:
Loris Gréaud, [I], performance ou attraction foraine au Centre Pompidou?
Les statues du parc de Versailles emmitouflées pour l'hiver
Zoo humain d'Antony Gormley, à Trafalgar square sur le quatrième piédestal
Sculptures contemporaines de Tony Cragg au Louvre, video
Yan Pei-Ming: les larmes de Monna Lisa au Louvre
Les Trois Grâces de Lucas Cranach dévoilées au Louvre
Ruines et reconstructions, Makom de Michal Rovner d'Israël au Louvre
Wim Delvoye: des cochons dans les salons Napoléon III du Louvre
Palagret
L'art contemporain au Louvre
juillet 2013
Source:
1- in Les inrocks
2- in rue 89
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Par Palagret le 10 Juillet 2013 à 12:00
Un corps vêtu de noir plonge du haut d'une tour de 14 mètres. Il rebondit sur un énorme matelas gonflable, se laisse glisser au sol et attend son tour avant de recommencer cette cascade sans fin, tel un Sisyphe d'aujourd'hui. [I], la tour aux plongeurs est la dernière sculpture-performance-installation de Loris Gréaud dans le forum de Beaubourg. La tour métallique noire et son escalier à vis font écho aux éléments de structure apparents du centre Pompidou.
Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg
Le cascadeur gravit lentement les marches jusqu'à la plateforme qui tourne sur elle-même avant de le positionner devant le tremplin. Comme un athlète de haut niveau, l'homme ou la femme s'étire et se concentre avant de se jeter dans le vide.
Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg, PalagretImperturbable, un maître de cérémonie est assis au fond de la fosse sur une chaise haute d'arbitre de tennis. Régulièrement, il élève un petit drapeau noir et autorise ainsi le cascadeur à plonger vers le fond du forum. Le public attend silencieusement. Quand l'homme noir rebondit avec un bruit mat sur l'air-bag, les applaudissements éclatent. Répétitive et obstinée, la performance fascine par son absurdité et l'élégance des corps qui tombent.
Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg
[I], la tour aux plongeurs de Loris Gréaud attire les visiteurs comme une attraction foraine. Un attraction qu'ils jugent amusante mais un peu courte.
"Le cascadeur ne fait aucune acrobatie, je n'ai pas recherché le sensationnel. De même il n'y a pas de coulisses, les préparatifs des plongeurs sont visibles du public"."J'ai voulu créer une sorte de métronome humain, avec un saut par minute environ", explique Loris Gréaud. "Pour moi, c'est une sculpture plus qu'un acte performatif". 1
Le dispositif, Loris Gréaud, [I], tour aux plongeurs et airbag, Beaubourg
"C’est une compagnie française de professionnels du saut de haut niveau, hommes et femmes, des “cliff divers”, qui s’entraînent à tomber de 30 mètres de haut dans un bassin… Je leur ai montré des films de Richard Serra et de Chris Burden où l’on voit tomber des sculptures, des corps, mais aussi le saut d’Yves Klein, ou une vidéo de Bruce Nauman en train de tomber de sa chaise dans son atelier afin qu’ils se projettent dans une histoire de la sculpture. Je leur ai demandé de ne pas faire d’acrobatie, et pour eux c’est le plus dur." 2
On pense aussi aux corps du 11 septembre tombant le long des twin towers en feu même si Loris Gréaud s'en défend.
Le cartel apposé sur la rambarde nous explique:
"La tour aux plongeurs de Gréaud croise trois motifs de l'histoire de l'art: la tour, emblème des utopies modernistes; la chute des corps, thème d'une sculpture qui se met à l'épreuve des lois de la gravité; la machine cinétique, qui exalte le mouvement. Les sauts réglés des plongeurs donnent à cette sculpture cinétique aux rouages humains une allure de Vanité; ils scandent l'écoulement du temps.
Si la tour noire de Gréaud offre un spectacle, elle n'appartient pas à l'univers du parc d'attraction. Elle est un objet de pure contemplation et d'interrogation."
Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg
Entretien sur le site du Centre Pompidou:
Pendant quatre semaines, à partir du 19 juin 2013, Loris Gréaud présente une oeuvre singulière et monumentale dans le Forum du Centre Pompidou. Au même moment, l’artiste expose une autre oeuvre de grandes dimensions sous la pyramide du musée du Louvre. Depuis le milieu des années 2000, le parcours de Loris Gréaud est marqué par plusieurs projets ambitieux qui s’éloignent de la définition et des modes de production ou de fonctionnement habituels de l’oeuvre d’art. Le double projet au Centre Pompidou et au musée du Louvre l’illustre une nouvelle fois. En 2009, la déambulation européenne, dans une remorque tirée par une voiture, de Devils Tower Satellite, s’était provisoirement achevée dans le Forum du Centre Pompidou, à proximité de l’endroit où la nouvelle oeuvre de l’artiste va être installée. Loris Gréaud reprend le récit, mais d’une toute autre façon. Après l’étonnant film The Snorks - A Concert for Creatures, une fiction sur les êtres peuplant les abysses sous-marins, pour lequel il s’était assuré le concours de David Lynch, de Charlotte Rampling et du groupe Anti-Pop Consortium, Loris Gréaud se lance dans une nouvelle aventure.
L'arbitre, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg
Michel Gauthier - L’un des traits dominants de votre art est qu’une oeuvre n’est jamais close sur elle-même, que ses limites sont toujours un peu incertaines.
Loris Gréaud - J’ai toujours cherché à prendre mes distances avec le format classique de l’exposition, sans que l’idée même du « format de l’exposition » soit pour autant au coeur de ma pratique : des oeuvres autonomes sont montrées dans un lieu précis. C’est en ce sens que j’ai pu être intéressé par la poésie d’une vague de propositions et d’expériences se répandant à la manière d’un bruit, d’une rumeur, d’une ville à l’autre. Brouiller les pistes et les repères spatio-temporels en propageant des oeuvres aux quatre coins du monde, dans les rues, les écoles, les galeries, par des ondes sonores, des émissions de radios pirates, des enregistrements trafiqués… Cela a été, à un moment, un enjeu important de mon travail. Et c’est dans cette perspective que j’ai parfois été amené à bannir toute trace ou tout témoignage d’une oeuvre donnée.
Regarde les hommes tomber, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg
MG - La stratégie de l’invisibilité n’est toutefois pas la seule. Ce n’est pas celle utilisée au Centre Pompidou et au musée du Louvre.
LG - En effet, ces deux oeuvres seront très visibles, en raison de leurs dimensions, des emplacements choisis et, pour l’une d’entre elles, de son fonctionnement. Elles seront présentées dans deux espaces très exposés, très fréquentés et dont les accès sont libres et gratuits. Le projet « [I] » doit être visible par tout le monde, et pouvoir confronter son immédiateté au plus grand nombre. Il y a des artistes qui produisent des oeuvres et d’autres qui, à travers une production, des projets, esquissent une trajectoire. La seconde option m’intéresse davantage. J’aime envisager mon travail dans la durée, à travers un ensemble d’oeuvres dont la réalisation s’échelonne sur plusieurs années. C’est pourquoi l’idée d’exposer deux oeuvres en même temps, dans ces deux institutions très prestigieuses, m’a particulièrement intéressé : elle invite le public à passer de l’une à l’autre et à réfléchir au trajet qui les relie. Je ne peux pas penser à une oeuvre sans penser à la suivante, sans tenter de tirer les lignes, les liens qui existent entre elles. L’espace entre les oeuvres, c’est tout simplement le chemin de la pensée. Il engendre de nombreuses et belles histoires. J’ai été frappé à ce sujet par un propos du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen : « C’est comme un symbole de mon travail depuis 45 ans que ce qui n’est pas entendu ou n’est pas joué soit la partie la plus fascinante de ma vie ». L’espace entre deux oeuvres, l’inflexion de la pensée entre elles ou entre deux expositions sont aussi importants que l’oeuvre elle-même.Chute sur le matelas gonflable, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg
MG - Vous avez choisi un titre commun pour les deux oeuvres présentées au Centre Pompidou et au Louvre.
LG - Oui : « [I] ». Un titre qui permet d’entendre plusieurs choses. Le « je » anglais. Mais aussi la verticalité des deux oeuvres, particulièrement au Centre Pompidou. Ou le signe qui, en mathématiques, dans la théorie des nombres complexes, désigne l’unité imaginaire. Ou encore le symbole de l’intensité du courant électrique ; l’Iode, l’élément chimique des halogènes…. J’aime surtout l’idée d’un titre global qui ne se prononce pas mais fait signe. Signe de cette double invitation que j’ai appréhendée comme un seul et même projet.LG - Je suis constamment en quête de nouvelles façons de produire l’art. Le champ de l’art a pour définition de n’avoir pas de frontières. Il est permis d’y faire absolument tout entrer. La seule règle que je suis et poursuis est celle que je me suis imposée : seul le projet fait autorité. Dans son temps, son économie, ses médias… L’ensemble devra être soumis à l’idée et l’exigence du projet. C’est pourquoi je discute aussi bien avec des scientifiques, des architectes, des musiciens, des cinéastes, des comédiens ou des philosophes. Toutes ces rencontres sont liées à cette recherche, à la possibilité de résoudre une question esthétique. J’ai toujours besoin de nouvelles aventures pour me maintenir en éveil. C’est ce que j’ai appelé ces dernières années, l’aventure de l’art, qui n’est ni le choix de la longévité ni celui de l’économie, mais ce en quoi je crois et, une fois de plus, ce que le travail exige.
Propos recueillis par Michel Gauthier, conservateur au musée national d’art moderne, commissaire de l’exposition. 3
Chute sur le matelas gonflable, Loris Gréaud, [I] tour aux plongeurs, Beaubourg
[I], Loris Gréaud, performance installation sculpture
du 19 juin au 15 juillet 2013
Forum du Centre Pompidou, accès libre
Palagret, photos et video en CC
performance
juillet 2013
Sources:
1- in Le Parisien
2- in Les Inrocks
3- in Centre Pompidou virtuel
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Par Palagret le 10 Mai 2013 à 12:00
Insectes, cerveaux, crânes, squelettes, les sujets obsessionnels de Jan Fabre nous parlent de mort. Le gisant, une tradition de la sculpture occidentale, sublime le corps pourrissant. Jan Fabre revisite ces vanités avec dérision, nous invitant à méditer sur la fragilité de la vie. Le plasticien flamand se définit comme un "guerrier de la beauté, chevalier du désespoir".
Elizabeth Caroline Crosby, gisant de Jan Fabre
Les corps sont délicatement sculptés en marbre de Carrare avec un grand réalisme. Poursuivant son dialogue entre art et science, Fabre représentent deux scientifiques, Elizabeth Caroline Crosby (1918-1983), neuro-anatomiste américaine et Konrad Lorenz (1903-1989), biologiste et zoologiste autrichien. Deux explorateurs des mystères du cerveau présentés comme des défunts royaux et qui, selon l'artiste, ressemblent à ses parents.
Effet de voile transparent, Elizabeth Caroline Crosby, gisant de Jan Fabre
Pourquoi représenter Konrad Lorenz, connu pour ses sympathies nazis? Jan Fabre répond à Inferno: " Honnêtement je pense que ça appartient à l’histoire, à un moment précis de l’histoire – et je ne veux pas juger. Mon travail défend la vulnérabilité du genre humain".
Elizabeth Caroline Crosby, gisant de Jan Fabre
55 x195 x74 cm
sculpture inspirée du Christ voilé de Giuseppe Sanmartino à Naples (1753)
Allongée sur un matelas brodé, le corps de Lady Crosby est couvert d'un léger voile. La femme semble endormie. Un ver se glisse sous le tissu, signe de décomposition, ou selon Jan Fabre, une allégorie de la fertilité. Le papillon posé sur le visage de la défunte est un symbole de résurrection comme les abeilles, araignées, scarabées. Ces insectes ont le même rôle que les lions et les chiens psychopompes (guides des âmes) aux pieds des sépultures royales. Autour des gisants, les cerveaux posés sur des socles sont comme des globes, des univers. Ils sont coiffés d'insectes, délicat papillon semblant butiner les circonvolutions de marbre ou araignée nichée dans une feuille hésitants entre la vie et la mort.
Trois insectes, Elizabeth Caroline Crosby, gisant de Jan Fabre
Les gisants et les cerveaux de marbre blanc sont exposés comme dans une chambre funéraire, calme et silencieuse. Pour Fabre une exposition est une mise en scène, une dramaturgie et bien sûr un acte spirituel. "L'art tel que je le perçois est un moyen de défense de la vulnérabilité de notre état d'humain, de défense de la vulnérabilité de la beauté." 1
The silk spun in the brain, 2012
marbre, 25 x19 x15 cm, Jan Fabre
Après les Piétas de la Biennale de Venise en 2011, des cerveaux monumentaux et "compassionate dream", une réinterprétation de la pieta de Michel-ange où un crâne remplace le visage de la vierge et le corps de Jan Fabre le corps supplicié du Christ, l'artiste flamand continue son exploration des vanités. Non sans humour comme en témoigne l'intitulé de ses sculptures: The silk spun in the brain, Origin of the state of foolishness, the whims of the brain of the Lime-stick man, Water-ballet of th brain (finale), the greedy and holy eyes of the brain, the golden jelly of the brain.
Carnivorous brain, of the spider that wanted to change the world, 2012
marbre, 37 x19 x16 cm, Jan Fabre
Jan Fabre est un plasticien et non un sculpteur. De talentueux marbriers de Carrare ont réalisé les oeuvres d'après les idées et les croquis de l'artiste. Les gisants de la Renaissance exprimaient la spiritualité d'une société et les sculpteurs y mettaient toute leur foi. Jan Fabre lui joue avec l'idée des vanités et de la résurrection et comme beaucoup de stars de l'art contemporain il ne réalise pas lui-même ses sculptures. Comme Jeff Koons, Murakami, Damian Hirst, Jan Fabre emploie de nombreux techniciens dans son atelier d'Anvers.
Dossier de presse:
Né en 1958 à Anvers, Jan Fabre est reconnu depuis la fin des années 1990 pour son œuvre d’homme de théâtre, de plasticien et d’auteur. Il s’intéresse depuis 1976 à l’art de la performance, et se lance en 1980 dans la mise en scène et la chorégraphie. Depuis, il a réalisé une trentaine de pièces mêlant danse et théâtre, dont la radicalité déclenche régulièrement la polémique, comme Je suis sang (2000) ou L’Orgie de la Tolérance (2009). En mai 2013 il présentera au Théâtre de la Ville à Paris The Tragedy of a Friendship consacré à la relation entre Nietzsche et Wagner.
Dessinateur invétéré, Jan Fabre crée des sculptures, modèles et installations qui font vivre ses grands thèmes de prédilection tels que la métamorphose ou l’artiste comme guerrier de la beauté. Parmi ses expositions personnelles les plus marquantes ces dernières années on peut citer celle du Museum voor Hedendaagse Kunst à Anvers en 2006 et du Musée du Louvre en 2008. Récemment, l’artiste a fait l’objet d’expositions au Kröller-Müller Museum d’Otterlo au Pays-Bas (Hortus/Corpus, 2011), au Kunsthistorisches Museum de Vienne et au Musée d’art moderne de St Etienne (Jan Fabre. Les années de l’heure bleue, 1986 – 1991, 2011).
Jan Fabre : Gisants
Du 28 février au 20 avril 2013
Galerie Daniel Templon Paris.
Liens sur ce blog:
Les curieuses chimères de Jan Fabre à la galerie Daniel Templon
Autres liens:
Entretien avec Jan Fabre in Inferno
Les pietas de Jan Fabre à la Biennale de Venise, vidéo
Palagret
art contemporain
mai 2013
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Par Palagret le 3 Avril 2013 à 12:00
Un dinosaure près de la Seine? S'agirait-il d'un poisson d'avril tardif? Non, simplement une sculpture de Philippe Pasqua posée sur la plate-forme de la Compagnie des Bateaux-mouches. On s'attend à quelque chose de monumental qui se voit de loin comme les crânes géants de l'artiste.
Tyrannosaurus Rex, sculpture de Philippe Pasqua face à le Tour Eiffel
Le monstre ne se voit pas tout de suite au port de la Conférence près de l'Alma. Il semble plutôt modeste au milieu des bateaux. Long de 7 mètres et haut de quatre mètres et demi il paraît bien petit dans cet environnement.
Tyrannosaurus Rex, dinosaure, sculpture de Philippe Pasqua
Comme les crânes et les papillons, ce monstre préhistorique est une vanité. Espèce disparue, la sculpture de Philippe Pasqua parle de la fragilité de la vie et de l'éphémère, à l'échelle des temps longs. Ce Tyrannosaurus Rex a disparu de la surface de la terre comme, peut-être les humains finiront par disparaître après avoir détruit leur biosphère.
Tyrannosaurus Rex, dinosaure, sculpture de Philippe Pasqua
Fait d'aluminium et de chrome, les 350 os du dinosaure ont été moulés sur un vrai squelette préhistorique. La sculpture avait déjà été exposée dans l'atelier de Philippe Pasqua "The storage" à Saint-Ouen l'Aumône.
Tyrannosaurus Rex, sculpture de Philippe Pasqua vu du pont de l'Alma
Le squelette du Tyrannosaurus Rex métallique ne navigue pas, il reste à quai pour accueillir les touristes qui en ce mois d'avril plutôt froid n'étaient guère nombreux. Attendons le soleil pour voir le dinosaure briller au soleil.
Tyrannosaurus Rex, dinosaure d'aluminium et de chrome, sculpture de Philippe Pasqua
Tyrannosaurus Rex, Philippe Pasqua
Port de la Conférence (rive droite)
Paris VIII
Liens sur ce blog:
Un T-Rex, dinosaure de Philippe Pasqua, des Bateaux-Mouches et des touristes sur la Seine, vidéo
Philippe Pasqua: crâne aux papillons et autres vanités
Vanités de Philippe Pasqua: crânes multicolores aux papillons englués, Art Paris
Palagret
art en plein air
avril 2013
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Tania Mouraud fait le M.U.R: float like a butterfly sting like a bee, street-art et art contemporain
Par Palagret le 11 Mars 2013 à 12:00L'espace dédié au street-art au croisement des rues Oberkampf et Saint-Maur s'orne d'une calligraphie de Tania Mouraud. Comme d'habitude avec cette plasticienne, le texte est très difficile à lire mais Tania Mouraud nous le livre: float like a butterfly sting like a bee, une phrase de Mohammed Ali (Cassius Clay) prononcée à Kinshasa en 1974 avant d'affronter George Foreman.
"float like a butterfly sting like a bee", calligraphie de Tania Mouraud sur le M.U.R à Paris
vole comme un papillon, pique comme une abeille
Tania Mouraud est une précurseuse de l'art urbain. Dès les années soixante-dix, mettant en question l'affichage publicitaire, Tania placarde dans la rue des images 4X3 avec le seul texte NI en noir et blanc. Plus tard, entre tag, art cinétique et art abstrait, les sentences de Tania Mouraud se cachent derrière une écriture aux lettres très étirées, presque illisibles. Elle joue avec notre perception et oblige le passant curieux à s'attarder pour déchiffrer des phrases comme "How can you sleep" ou "Dieu compte les larmes des femmes".
"float like a butterfly sting like a bee", calligraphie de Tania Mouraud sur le M.U.R à Paris
Après Tania Mouraud, Rubbish, Darco et Da Cruz pour l'année 2013, ce sera à Agostino Iacursi de repeindre le mur (M.U.R Association modulable, urbain, réactif) le 16 mars.
"float like a butterfly sting like a bee", calligraphie de Tania Mouraud sur le M.U.R à Paris
Voici la vidéo de l'installation de l'oeuvre de Tania Mouraud:
Tania Mouraud fait le MUR - Février 2013 - par 75018laurenceLiens sur ce blog:
Tania Mouraud: deux larmes sont suspendues à mes yeux, Collège des Bernardins
Tania Mouraud parle de WYSIWYG
Palagret
street-art et art contemporain
février 2013
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