-
Par Palagret le 12 Mars 2014 à 12:00
Arno Gisinger lutte contre l'oubli. Son oeuvre Invent Arisert, titre évoquant inventaire et aryanisation, est une installation de 648 photographies, un sinistre répertoire des objets disparus ou confisqués par les nazis à des familles juives autrichiennes au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Invent Arisert d'Arno Gisinger, installation photographique
Allégories d'oubli, Le nouveau Festival, Centre Pompidou
L'installation a été réalisée à la demande du Mobilier national autrichien qui a entrepris de restituer les biens volés aux survivants, quand c'est possible. Elle est exposée aujourd'hui dans le cadre d'"Allégories d'oubli" pour le Nouveau festival à Beaubourg
Invent Arisert d'Arno Gisinger, installation photographique
Allégories d'oubli, Le nouveau Festival, Centre Pompidou
Hitler et Göring contemplant un tableau volé à des déportés juifs ou à des musées en territoires occupés
Dans Invent Arisert, les photos qui ne portent qu'un mot et une référence correspondent aux biens disparus. Sur trois murs s'affichent des oeuvres d'art et des objets précieux ou dérisoires volés à leurs propriétaires. Une liste tient à jour l'état des restitutions.
Invent Arisert d'Arno Gisinger, installation photographique
Allégories d'oubli, Le nouveau Festival, Centre Pompidou
Le froid recensement des biens volés par Arno Gisinger symbolise les vies volées de l'holocauste. Les biens non restitués sont encore aujourd'hui un sujet d'actualité. En novembre 2013 on découvre la collection de Cornelius Gurlitt à Munich. Des Picasso, Matisse, Klee, Chagall, Nolde ou Max Beckmann, volés aux juifs et toujours en possession de Gurlitt soixante-dix ans après.
Un Rembrandt volé par les nazis, découvert par les Monument Men
On apprend alors que le parquet d'Augsbourg tient au secret, depuis un an et demi, le plus gros fonds jamais découvert d'oeuvres disparues pendant la période nazie. L'état allemand n'a rien fait pour essayer de rendre ces oeuvres dont certaines ont été vendues par Gurlitt et autres profiteurs à des marchands d'art qui ne se sont pas trop posé de questions.
Invent Arisert d'Arno Gisinger, liste des biens volés
Allégories d'oubli, Le nouveau Festival, Centre Pompidou
« Près de soixante-dix ans après la fin du IIIe Reich et de la Seconde Guerre mondiale, après la perte de 60 millions d'êtres humains et après d'incroyables souffrances, nous discutons hélas encore des conséquences de la spoliation d'oeuvres d'art par les nazis. Ces oeuvres sont partout. Elles sont accrochées dans les bureaux des ministères, dans les musées et les collections privées. Mais elles devraient être rendues aux victimes de l'Holocauste et à leurs héritiers. L'une des raisons principales pour lesquelles ce problème n'est toujours pas résolu réside dans les lacunes de la loi allemande sur la restitution des oeuvres volées sous le nazisme. » déclare Ronald S. Lauder, président du Congrès Juif Mondial. 1
Invent Arisert d'Arno Gisinger, liste des biens volés
Allégories d'oubli, Le nouveau Festival, Centre Pompidou
En voyant les photos documentaires d'Arno Gisinger, on imagine le Reichsmarschall Hermann Göring, Albert Speer ou Alfred Rosenberg et leurs sbires pillant les trésors privés des déportés pour leur propre collection ou pour constituer celle du futur musée du Furher à Lindz en Autriche.
Tableau volé par les nazis, découvert par les Monument Men dans une mine
Le film de George Clooney "Monument men" retrace l'histoire vraie de sept hommes (des directeurs et des conservateurs de musées, des artistes, des architectes, et des historiens d’art ). Pendant la seconde guerre mondiale, au cœur du conflit, ils retrouvent des œuvres d’art volées par les nazis pour les restituer à leurs propriétaires légitimes. Pour tenter d’empêcher la destruction de mille ans d’art et de culture, ces Monuments Men vont se lancer dans une incroyable course contre la montre, en risquant leur vie pour protéger et défendre les plus précieux trésors artistiques de l’humanité…
Tableaux volés par les nazis, retrouvés par les Monument Men
Pendule et tableau, Invent Arisert d'Arno Gisinger, installation photographique
Allégories d'oubli, Le nouveau Festival, Centre Pompidou
Un nouveau festival
19 février - 10 mars 2014
Centre Pompidou, Paris
Palagret
art contemporain
février 2014
Liens:
Palagret
oeuvres d'art et spoliation
mars 2014
Sources:
1- in Marianne: Allemagne, la face brune du marché de l'art
votre commentaire -
Par Palagret le 2 Mars 2014 à 12:00
Griffonné par Marcel Duchamp, un petit mot sur un bout de papier sert de titre à "Allégories d'oubli", l'exposition du Nouveau Festival 2014 au centre Pompidou. On ne sait s'il s'agit d'une note soigneusement gardée par le plasticien ou d'un débris retrouvé dans les archives de Marcel Duchamp. Exposé à l'entrée de l'exposition, le précieux papier a lui été sauvé de l'oubli.
Marcel Duchamp, Allégorie d'oubli, 1912 - 1968
Mine graphite au revers d'une feuille ronéotypée, 7,1 x 9,2 cmLe cartel nous informe:
"Vers 1930, Marcel Duchamp tente de circonscrire sa notion d'inframince en quarante-six notes "flottantes". Cette idée est définie dès la première note, dans une assertion qui ouvre autant qu'elle referme le champ du possible: "Le possible impliquant le devenir - le passage de l'un à l'autre a lieu dans l'inframince. Allégorie de l'oubli." Duchamp poursuit ensuite sa réflexion en affirmant que "L'allégorie (en général) est une application de l'inframince". Signalant l'expérience hasardeuse et éphémère du public qui "aperçoit et oubli immédiatement", cette note écrite à la volée par Marcel Duchamp suggère ici son titre à la manifestation."
Marcel Duchamp, Allégorie d'oubli, 1912 - 1968
Mine graphite au revers d'une feuille ronéotypée, 7,1 x 9,2 cm
L'inframince est un concept esthétique étudié par Marcel Duchamp. L'inframince désigne une différence ou un intervalle imperceptible, parfois seulement imaginable, entre deux phénomènes. Exemple: Séparation inframince entre le bruit de la détonation d’un fusil (très proche) et l’apparition de la marque de la balle sur la cible. — (Marcel Duchamp cité par Manuela De Barros, Duchamp & Malevitch: Art & théories du langage). 1
Jean-Pierre Criqui, co-commissaire de l'exposition "Allégories d'oubli":
" L’oubli est une composante du fonctionnement de la mémoire, un phénomène historique aussi bien que personnel. Il serait assez difficile de trouver une œuvre qui n’aurait pas à voir avec la mémoire. Mais l’oubli est assez paradoxal en ce qui concerne les arts visuels. Alors qu’il est présent dans bien des œuvres littéraires ou cinématographiques, le représenter au moyen d’un tableau, d’une photographie ou d’une sculpture, notamment, ne va pas de soi. C’est par des approximations, des phénomènes qui lui sont proches, qu’il peut se dire visuellement: j’entends par là l’effacement, la disparition, la dissimulation…, ou par des phénomènes de réification. ...
L’oubli se montre donc le plus souvent par le biais d’une figure, d’une métaphore, d’où le terme « allégorie ». Nous aurions pu y préférer le mot « métaphore ». Mais nous avons retenu « allégorie », à cause de cette feuille de Marcel Duchamp intitulée Allégorie d’oubli. Sous le registre du mot « allégorie », il y a cette idée de saisir quelque chose de l’oubli, soit à travers un message verbal, soit à travers une représentation." 2
Smythsons books (I forgot to remember, I remembered to forget)
version Mayfair et Panama, 2009, Ed Rusha
Deux oeuvres conceptuelles de l'artiste américain Ed Ruscha sont exposés. Les carnets en cuir relié portent en titre deux phrases contradictoires: "I forgot to remember", "I remembered to forget". J'ai oublié de me rappeler. Je me suis souvenu d'oublier". Des phrases qu'Ed Rusha décline sur plusieurs supports, sur des paravents ou sur des agendas vendus à 200 exemplaires. Mieux que de faire un noeux à son mouchoir pour ne pas oublier?
Un nouveau festival
19 février - 10 mars 2014
Centre Pompidou, Paris
Palagret
art contemporain
février 2014
Sources:
2- Centre Pompidou, Allégorie d'oubli
2 commentaires -
Par Palagret le 12 Février 2014 à 12:00
Esprit des temps modernes, la tête mécanique de Raoul Hausmann est une sculpture-assemblage dans l'esprit Dada. Elle est faite de divers objets ou morceaux utilisés tels quels. La tête de bois est une marotte, tête produite en série, anonyme et sans expression. Le terme technique marotte désigne une tête de mannequin de vitrine présentant des coiffures ou des chapeaux.
"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", Raoul Hausmann, 1919
32,5 x 21 x 20 cm
Raoul Hausmann décrit ainsi son oeuvre "Der Geist Unserer Zeit - Mechanischer Kopf":
"Je pris alors une belle tête en bois, je la polis longuement avec du papier de verre. Je la couronnai d'une timbale pliable. Je lui fixai un beau porte-monnaie derrière. Je pris un petit écrin à bijoux et le plaçai à la place de l'oreille droite. J'ajoutai encore un cylindre topographique à l'intérieur et un tuyau de pipe au côté gauche. Eh oui, j'avais envie de changer de matériel. Je fixai sur une régle en bois une pièce de bronze enlevée à un vieil appareil photographique suranné et je le regardai. Ah il me fallait encore ce petit carton blanc portant le chiffre 22, car, évidemment, l'esprit de notre temps n'avait qu'une signification numérique."
"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", "Der Geist Unserer Zeit - Mechanischer Kopf"
Raoul Hausmann, vers 1920
Pendant la guerre de 14-18, les soldats allemands utilisaient un gobelet métallique télescopique semblable. Un cœur est gravé sur le gobelet, seule touche d'humanité de la sculpture. Un ruban de couturière de 10 cm est collé sur le front. Le porte-feuille en peau de crocodile est déplié, on y lit le nom et l’adresse du fabriquant « …wein Berlin Budapest… ».
"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", Raoul Hausmann, vers 1920
Beaubourg
L'oreille droite de la tête mécanique est bouchée par une règle de bois de 20 cm et une réglette de métal crantée avec deux molettes de réglage. Deux clous sont plantés de chaque côté du crâne. La tête blessée, réparée pourrait être celle d'une gueule cassée de la Grande Guerre.
"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", "Der Geist Unserer Zeit - Mechanischer Kopf"
Raoul Hausmann, vers 1920
"L'esprit du temps" est une tête sans émotion couverte d'instruments de mesure, une tête reconstruite avec des éléments mécaniques comme une créature de Frankenstein de l'ère technologique, un robot ou un androïde comme Maria de Metropolis. Les objets à l'extérieur du crâne déterminent les "pensées" de l'homme, le définissent, et non son esprit.
"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", Raoul Hausmann, vers 1920
Comme les collages sur papier des dadaïstes et des surréalistes, la Tête mécanique est un assemblage, non une sculpture au sens stricte du terme. Agrégeant des objets divers, la tête mécanique est une métaphore des temps modernes. L'homme nouveau n'est plus qu'une mécanique, sa parole est normalisée, son intelligence se mesure à son front bombé et il n'entend qu'à travers son porte-feuille (déjà la société de consommation) ou à travers des instruments.
Portrait photographique de Raoul Hausmann
Raoul Hausmann écrit en 1967, dans le catalogue de sa rétrospective au Moderna Museet de Stockholm que le défaut des hommes est de penser comme des machines; il a « découvert que les gens n’ont pas de caractère et que leur visage n’est qu’une image faite par le coiffeur. Leur cerveau est vide. (…) Leurs seules capacités sont celles que le hasard leurs a collées à l’extérieur du crâne. Je voulais, précise-t-il, dévoiler l’esprit de notre temps, l’esprit de chacun dans son état rudimentaire. »
Au contraire des portraits et bustes de l'art occidental, des grecs à la Renaissance jusqu'au 19è siècle, le visage de la marotte à un air neutre, sans expression, ses yeux sont vides. L'homme nouveau des dadaïstes ne serait-il qu'un robot ou un homme sans émotion ?
Raoul Hausmann (1886 - 1971) surnommé le Dadasophe est le co-fondateur du mouvement Dada en Allemagne. Il invente le photomontage et le poème optophonétique.
«Un jour il était photomonteur, l'autre peintre, le troisième pamphlétaire, le quatrième dessinateur de mode, le cinquième éditeur et poète, le sixième "optophonéticien" et le septième il se reposait avec son Hannah.» disait de lui son ami le dadaïste Hans Richter.
Biographie de Raoul Hausmann (1886 – 1971)
5 commentaires -
Par Palagret le 28 Janvier 2014 à 12:00
Nombreuses sont les affiches qui représentent la Tour Eiffel, icône parisienne. Entre le Grand Palais et le Rond-point des Champs-Elysées, 39 dessins de graphistes français et étrangers croquent Paris pour la Fête du Graphisme.
Luba Lukova, USA, Alejandro Magallanes
au fond à droite: "Paris existe seulement quand je le regarde", Bülent Erkmen Turquie
Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Simplement ébauchée d'un trait, tordue, morcelée, en souvenirs collés sur un baguette, dégustée par un monstre rouge, rêvée par une girafe, la Tour de Fer imprègne l'imaginaire contemporain.
Tours Eiffel empilées, style chinois, Kan Tai-Keung
Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Baguette et Tours Eiffel miniatures, Tomasz Boguslawski Pologne
Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Tour Eiffel dansante sur fond d'affiches déchirées
Rico Lins Brésil, Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Monstre rouge dégustant une Tour Eiffel
studio Boot Pays-Bas, Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Girafe rêvant à la Tour Eiffel
Garth Walker Afrique du sud, Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Tour Eiffel, Tomi Ungerer, France,
Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Tour Eiffel et toits de Paris la nuit, Javier Mariscal, Espagne
Fête du graphisme aux Champs-Elysées
L
Melchior Imboden Suisse, Fête du graphisme aux Champs-Elysées
La Fête du graphisme
du 22 janvier au 5 février 2014
Champs-Elysées, Paris
Tour Eiffel, Ahn Sang-Soo
Fête du graphisme aux Champs-Elysées
Palagret
arts graphiques
janvier 2014
votre commentaire -
Par Palagret le 24 Janvier 2014 à 12:00
Il règne un silence feutré dans la salle de la Chapelle du Louvre où Robert Wilson expose "Living Rooms". Seul le claquement régulier des portes de verre vient troubler la déambulation attentive des visiteurs. Poteries, masques, statues, chaises et chaussures, plus de 600 objets, précieux ou triviaux, sont accrochés au mur et au plafond formant un vrai cabinet de curiosités.
Article et autres photos de "Living Rooms" de Robert Wilson ici.
ROBERT WILSON AU LOUVRE LIVING ROOMS par Palagret" Living Rooms : le Louvre invite Robert Wilson "
Du 11 novembre 2013 au 17 février 2014
De 9 heures à 18 heures, sauf le mardi.
Musée du Louvre, Paris Ier.
Lien sur ce blog:
Lady Gaga assassinée dans son bain, une vidéo de Robert Wilson au Louvre
Palagret
cabinet de curiosités
janvier 2014
votre commentaire -
Par Palagret le 22 Janvier 2014 à 12:00
Tel un cabinet de curiosités, les living rooms de Robert Wilson installées au Louvre mêlent des objets précieux et des objets triviaux sans valeur artistique ou marchande. Magnifique masque eskimo ou gant rose trouvé dans la rue, statues médiévales ou objets de plastique, monnaie de plumes, plus de 600 objets couvrent les murs et le plafond des Living rooms.
"Je voulais présenter quelque chose de personnel : j'ai montré ma chambre"
lit blanc et santiags, chaise Shaker à l'envers
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
"C'est intéressant de voir où vit un artiste, ce qui l'entoure, je crois. Je vis entouré de choses très hétéroclites, des objets trouvés dans la rue, parfois juste un chewing-gum ou un gant, des objets dénichés dans une galerie d'art ou rapportés d'un voyage. Depuis 23 ans, je vais en Indonésie et j'ai un grand amour pour cette culture. Le résultat de cet amalgame très personnel se voit au théâtre, dans les images qui se forment sur scène. Par exemple, une certaine statue de pierre indonésienne a des yeux à l'arrière de la tête pour marquer son pouvoir. Cela me donne conscience de l'espace qui est derrière vous et crée une plus grande tension avec le public." 1
Tableau naïf et masque de crocodile
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
Ces trésors collectés un à un par Robert Wilson depuis son enfance l'entourent dans ses quartiers du Watermill à Long Island. Ces objets l'ont inspiré ou l'inspirent dans ses créations. Ainsi la photo d'Einstein est à l'origine de son opéra Einstein on the beach.
statue de bois et statue de bouddha debout (18è siècle), Laos
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
"Tous ces objets ont influencé mon travail. Ils sont pour moi comme une bibliothèque vivante et j'aime vivre au milieu d'eux."
coupe au Sphinx et coupe art déco
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
Robert Wilson collectionne de nombreuses chaises de designer, une belle chaise shaker accrochée à l'envers et une chaise qu'il a dessiné lui même. On trouve aussi des chaussures, escarpins de Marlène Dietrich, chausson de danse de Rudolf Noureev ou chaussures d'inconnu.
Bras coupé, "Reliques technologiques" de Paul Thek
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
Les "Reliques technologiques" (1966-1967) de Paul Thek (1933-1988), plasticien alternatif new-yorkais côtoient des tableaux naïfs anonymes. Bras ou main coupés, fragments anatomiques couplés à des matériaux technologiques, les sculptures de Paul Thek ressemblent à des membres arrachés à un robot ou à une idole de science-fiction.
masque esquimau de l'île Nunivak, Alaska. masque non identifié, éventail avec photo de famille
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
Près du lit de Robert Wilson, une paire de santiags; au-dessus des oreillers, de minuscules statuettes eskimos; en face un video-portrait de Lady Gaga, ficelée la tête en bas.
Main coupée à la bague, "Reliques technologiques" de Paul Thek. Masque océanien
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
La collection surréaliste de Robert Wilson est digne du mur d'André Breton. Le plasticien américain accumule toujours jour après jour des sculptures archaïques chinoises, des masques indonésiens, des tambours, un éventail de carton et ... un lapin blanc. Allusion à Alice au pays des Merveilles?
Poteries d'art premier et lapin blanc empaillé
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
"J'assemble aussi par contrepoints. Placer une poubelle à côté d'un objet noble, collectionné chèrement, par exemple. Ou un pot vieux de 4000 ans à côté d'une masse en plastique achetée sur un marché cambodgien. C'est plus difficile qu'il n'y paraît de trouver le bon objet et son contraire."
"Reliques technologiques" de Paul Thek,
chaise avec ombre crée par Robert Wlson pour Perceval, 1987
Living rooms, Robert Wilson au Louvre
A peine douze objets sont identifiés. Au visiteur de déambuler dans la pièce et de laisser son regard dériver sur les photos, tableaux et statues réunis là par Bob Wilson pour notre plus grand plaisir.
" Living Rooms : le Louvre invite Robert Wilson "
Du 11 novembre 2013 au 17 février 2014
De 9 heures à 18 heures, sauf le mardi.
Musée du Louvre, Paris Ier.
Lien sur ce blog:
Lady Gaga assassinée dans son bain, une vidéo de Robert Wilson au Louvre
Palagret
cabinet de curiosités
janvier 2014
1- in Lefigaro
votre commentaire -
Par Palagret le 19 Janvier 2014 à 12:00
Au Louvre, non loin de la Joconde, Lady Gaga icône de la pop-culture gît dans son bain, le cou ensanglanté telle Marat assassiné peint par David. Ce n'est pas un tableau post-moderne mais une vidéo réalisée par Robert Wilson avec la chanteuse comme modèle.
Lady Gaga assassinée, vidéo de Robert Wilson
Comme Marat le révolutionnaire, Lady Gaga a les yeux clos et la tête renversée en arrière. Elle est ainsi offerte au regard des touristes perplexes tant l'écran plasma vertical est insolite au milieu des riches cadres dorés ornant des peintures d'histoire du XIXè siècle. La mort de Marat est une scène historique elle-aussi mais la froideur bleutée et le doux scintillement de la technologie moderne semblent anachroniques dans cette salle dédiée à la peinture académique.
Lady Gaga assassinée, vidéo de Robert Wilson
au milieu des tableaux historiques du XIXè siècle, salon Denon au Louvre
De plus le video-portrait de Robert Wilson est sonore même si on entend à peine la voix de Lady Gaga lisant en anglais des passages du Marat/Sade de Peter Weiss.
Lady Gaga assassinée, détail, vidéo de Robert Wilson
" Lady Gaga me fascine, confie Bob Wilson, qui avait mis en scène sa performance aux MTV Awards, fin août. Elle n’est pas juste une chanteuse pop, c’est une véritable artiste. " 1
La mort de Marat, Jacques Louis David, 1783
Cette vidéo de Robert Wilson fait partie des "Gaga portraits" tournés à Londres et exposés au Louvre. Il y a trois videos verticales:
- une video de Lady Gaga en Marat, la seule sonore
- une Lady Gaga ficelée pendue la tête en bas exposée dans la reconstitution de la chambre de Robert Wilson, dans la chapelle.
- Lady Gaga en " Mademoiselle Caroline Rivière " d’Ingres (1806) dans la salle de la maquette, près des remparts du Louvre.
Continuant sa réinterprétation des tableaux célèbres de la peinture occidentale, Robert Wilson propose sur 14 petits écrans la tête de Saint-Jean Baptiste sur un plateau, un tableau d'André Solaris (1507). D'écran en écran, le visage de Lady Gaga ou son bras se superposent lentement sur cette image macabre.
Tweet de Lady Gaga annonçant son travail avec Robert Wilson
« Nous réfléchissons à une performance spéciale pour son 28e anniversaire » promet Bob Wilson. Rendez-vous le 28 mars.
Artpop, couverture de l'album de Lady Gaga, sculpture de Jeff Koons
Lady Gaga chanteuse planétaire très populaire travaille aujourd'hui avec des plasticiens contemporains. Elle a participé à des performances avec Marina Abramovic; Jeff Koons a crée une sculpture d'elle pour la couverture de son dernier album Artpop.
Lady Gaga dans une interview à la BBC, capture d'écran
Le salon Denon du Louvre est une salle carrée aux murs tendus de rouge. Non loin de la Joconde, elle est un passage très fréquenté. En 2009, le peintre chinois Yan Pei-Ming y a exposé "Les funérailles de Monna Lisa".
" Living Rooms : le Louvre invite Robert Wilson "
Du 11 novembre 2013 au 17 février 2014
De 9 heures à 18 heures, sauf le mardi.
Musée du Louvre, Paris Ier.
Liens sur ce blog:
"Living rooms", le cabinet de Curiosités de Robert Wilson au Louvre
Yan Pei-Ming: les larmes de Monna Lisa au Louvre
Palagret
art contemporain et video
janvier 2014
Sources:
1- in Leparisien
votre commentaire -
Par Palagret le 1 Janvier 2014 à 12:00
Un embouteillage de fauteuils roulants, probablement une maison de retraite visitant l'exposition "A Triple Tour" à la Conciergerie! Mais non, à y bien regarder, ces vieillards sont immobiles dans leur fauteuil. Il s'agit de mannequins hyper-réalistes, une installation des chinois Sun Yuan & Peng Yu.
Un pope, un palestinien et un soldat portant une mine.
Trois mannequins grandeur nature en fauteuil roulant.
Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu
Les fauteuils électriques se déplacent lentement et se cognent les uns les autres ou contre les murs: Ils changent alors de direction. Parfois un fauteuil s'échappe et un assistant le rattrape et le remet dans la ronde. Les mannequins représentent des hommes de pouvoir décrépis, dictateurs, généraux, chefs religieux, rabbins ou mollahs, terroristes, en uniforme ou en costume. Tassés dans leur fauteuil, somnolant ou les yeux fixes, ils ne sont plus que des prisonniers enfermés à triple tour dans leur corps impuissant. Des hommes jadis puissants et dangereux réduits à des vieillards inoffensifs ballotés dans un ballet absurde.
Sun Yuan & Peng Yu, Old persons home, A triple... par PalagretReprésentant des personnages de culture et d'horizon différents, les mannequins ne se regardent pas et ne se parlent pas, ils s'ignorent, enfermés dans une décrépitude dont certains n'ont même pas conscience. Images de notre déchéance annoncée et de l'incommunicabilité des hommes. Notez qu'il n'y a pas de femme dans cette lente parade d'agonie.
Deux mannequins grandeur nature en fauteuil roulant.
Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu à la Conciergerie, Paris
Dérangeante et cependant drôle, tragi-comique, l'installation de Sun Yuan & Peng Yu fascine les visiteurs qui restent longtemps à observer ce sinistre théâtre. Ce jour là, seuls quelques fauteuils étaient en mouvement alors qu'ils devraient tous avancer, se cogner et reculer dans une danse macabre. Les surveillants expliquaient qu'avec les groupes d'enfants se faufilant entre les fauteuils, il valait mieux immobiliser les mannequins. Les enfants les toucheraient, c'est possible, et leur casseraient les doigts, c'est moins crédible.
Un mannequin grandeur nature en fauteuil roulant.
Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu
Il est certain qu'il est plus facile de surveiller 13 pantins en fauteuil immobile mais la force de "Old persons Home", l'installation de Sun Yuan & Peng Yu, en était amoindrie.
Mannequin de vieillard grandeur nature en fauteuil roulant.
Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu
Sun Yuan (né en 1972) and Peng Yu (née en 1974) sont mariés et travaillent ensemble à Beijing depuis vingt ans. Ils sont connus pour leur participation à l'art extrême chinois dans l'exposition Post-sensibilité (1990) et "Addiction à la plaie" (2000) à Beijing: transgressant les tabous, ils utilisaient des matériaux extrêmes tels que:
- les animaux vivants: "Mur marin" 1998 (poissons et langoustes emmurés vivants), Rideau 1999 (langoustines, serpents et grenouilles agonisant sur des barbelés).
- la graisse humaine: Exil et Huile d'humain en 2000
- les cadavres de bébés: corps connecté en 2000
Mannequins de vieillards grandeur nature en fauteuil roulant.
Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu
Le théâtre de la cruauté de Sun Yuan & Peng Yu est aujourd'hui moins radical dans ses matériaux et donc moins controversé. A la Conciergerie, il n'y a ni cadavres ni animaux agonisants, seulement des mannequins en résine vêtus des accoutrements de leur gloire passée. Les plasticiens chinois ont déjà exposé une autre installation sur le même thème: "Absence" ne comportait que des fauteuils roulants vides disposés en cercle, un symbole encore plus clair de la mort.
2, boulevard du Palais, 75001 Paris
Amiral hors d'eau, mannequin de vieillard grandeur nature en fauteuil roulant.Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu
Palagretinstallation et art contemporaindécembre 2013
Photos d'autres installations de Sun Yuan & Peng Yu L'art extrême chinois
votre commentaire -
Par Palagret le 29 Décembre 2013 à 12:00
Nous voici dans une vaste salle obscure du Palais de Tokyo dont on ne distingue les contours que par intermittence quand les marquees (marquises) de Philippe Parreno s'éclairent, clignotent et vibrent. La musique du Petrouchka de Stravinski, jouée par un piano automate, tourne en boucle et se mêle au crépitement des néons.
Marquee de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013
Anywhere, Anywhere Out of the World, Palais de Tokyo
Un ordinateur pilote l'allumage et l'extinction de seize sculptures lumineuses qui mêlées à la musique compose une symphonie visuelle heurtée. Le spectateur ébloui et aveuglé perd ses repères et cherche les murs à tâtons, essayant de ne pas trébucher sur un corps allongé sur le sol ou se cogner sur un pilier.
PHILIPPE PARRENO, Danny La Rue, seize Marquees... par PalagretPhilippe Parreno a réuni ici seize marquees, une série commencée en 2006 et dont certaines sculptures ont déjà été exposée au Guggenheim de New-York ou à Beaubourg. Faits de tubes de néon et d'ampoules dans des boîtes de verre acrylique translucide ou opalescent, accrochés par des chaînes au plafond, ces caissons lumineux s'inspirent des marquees américains, auvents lumineux suspendus au-dessus des théâtres et des cinémas américains.
Marquise lumineuse à Hollywood annonçant les spectacles
Ces marquises lumineuses servent de tableau d'affichage pour les spectacles. Autour du nom de la pièce ou du film et des noms des acteurs, des ampoules ou des néons clignotent et défilent pour attirer l'attention des passants. Quand les théâtres et les cinémas sont côte à côte, la rue nocturne est toute illuminée et vibre des plaisirs annoncés.
Marquees de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013
Les marquises urbaines se reflètent sur le bitume dès qu'il pleut, créant une atmosphère rêveuse largement exploitée par les thrillers ou les films romantiques. Les murs de la salle d'exposition du Palais de Tokyo sont eux noirs et le sol gris mat et il y a très peu de reflet. Sobrement, les marquees de Philippe Parreno de tailles, de formes et de matériaux divers sont peu colorés. Au contraire des auvents américains clinquants, les sculptures lumineuses n'annoncent rien d'autre qu'elles-mêmes.
Marquee de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013
Comme les fantômes d'une fête révolue, ces marquises sont muettes. Les caissons lumineux en perte de sens clignotent dans l'obscurité, apparitions - disparitions hypnotiques, créant une atmosphère mystérieuse digne du château hanté d'un parc d'attraction, cimetière d'enseignes devenues obsolètes. Régulièrement, quand la salle s'éclaire complètement pendant quelques secondes le dispositif entier de "Danny La Rue", se dévoile. Le titre de l'installation n'est pas expliqué.
Marquee de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013
Une marquise lumineuse est installée à l'entrée du Palais de Tokyo et bien sûr elle n'annonce rien sinon l'exposition de Philippe Parreno pour ceux qui connaissent son oeuvre. "Marquee" signale un passage entre la rue et le musée, entre le réel et l'imaginaire, c'est une invitation à un spectacle qui n'aurait pas de nom.
Marquee de Philippe Parreno, à l'entrée du Palais de Tokyo
Comme Annette Messager dans ses installations, Philippe Parreno travaille avec la lumière intermittente, le bruit et le mouvement.
Lien sur ce blog:
Annette Messager: "Continents noirs", cités obscures à la galerie Marian Goodman
Palagret
art contemporain
décembre 2013
Dossier de presse:
Philippe Parreno, figure éminente de la scène artistique internationale, transforme radicalement le Palais de Tokyo. Il répond à la carte blanche qui lui est donnée par une exposition totale dans laquelle son dialogue avec l’architecture fait œuvre.
Figure majeure de la scène artistique française et internationale, Philippe Parreno (né en 1964, vit et travaille à Paris) doit sa renommée à une oeuvre protéiforme et souvent éphémère qui remet en question les formats d’exposition et la nature des images. En s’inspirant du cinéma comme de la télévision, du théâtre comme du spectacle, Philippe Parreno élabore différents dispositifs pour construire des situations, pour concevoir des lieux à traverser, pour créer des trames qui interrogent, simultanément, le statut de l’oeuvre d’art et celui de l’exposition. Véritable espace expérimental, l’exposition est considérée comme un format ouvert et indéterminé. « Une exposition n’est jamais finie » ; « je travaille sans scénario définitif » explique-t-il.
Philippe Parreno qui émerge sur la scène artistique au début des années 1990, considérait, lui et ses acolytes de l’Ecole des Beaux-arts de Grenoble - Dominique Gonzalez Foester, Bernard Joisten, Pierre Joseph – que « le projet était plus important que l’objet ». De fait, son oeuvre ne se matérialise qu’accessoirement sous formes d’objets et elle ne peut exister sans une mise en exposition, une mise en tension. Sa première vidéo, Fleurs, réalisé en 1988, était destinée à une diffusion cathodique aléatoire. Cette image fixe qui jouait de la mise au point sur un bouquet de fleurs annonce, la notion de « plan-séquence », devenue fondamentale, dans l’élaboration de ses expositions. Quant à No More Reality, une manifestation d’enfants avec banderoles et slogans, filmée en 1995, elle transforme l’image télévisuelle en « jeu » et la construction en « effet de réel ».
Curieux, ouvert, Philippe Parreno puise dès la fin des années 1990 dans le langage, la narration, la temporalité mais aussi dans le théâtre, les codes télévisuels et cinématographiques pour élaborer une oeuvre qui met en tension ces différents univers. Il met ainsi en scène des figures de la télévision comme Yves Lecoq, Dagmar Bergdoff, mais aussi des ventriloques comme Ronn Lucas, détournant les codes du monde du spectacle afin de flirter avec la mince frontière qui sépare la réalité de la fiction. Nombreux sont aussi les exemples d’oeuvres de cette période qui investissent, parfois littéralement, le champ du cinéma ou de la télévision. Autre composante essentielle : l’absence, la fascination pour les fantômes et les revenants, la disparition et leurs traces.Snow Dancing est une exposition qui se mue en fête le temps d’une soirée. Cette oeuvre majeure, conçue au Consortium à Dijon en 1995, est réalisée à partir d’un récit pré-éxistant : elle est issue d’un livre, qui est à la fois le scénario et le commentaire de l’événement. Elle invite les visiteurs à découvrir les traces d’une fête révolue ; ces empreintes dessinant à leur une absence, un vide habité d’imaginaire. Ce caractère labile et imaginaire est aussi évoqué par les Speech bubbles (1997), supports de paroles en attente de discours, qui demandent, à leur tour, d’être remplis d’imaginaire. Ce principe d’un corps habité, d’une coquille qui s’incarne, se cristallise, en 1999, autour du projet - No Ghost Just a Shell - mené avec Pierre Huyghe, autour du personnage manga Ann Lee. Ils sollicitent une vingtaine d’artistes à réinventer, sous d’autres formes et selon des histoires différentes, le personnage manga, Annlee, acheté à une agence japonaise. Cette oeuvre leur a, par ailleurs, permis d’imaginer de nouvelles façons d’être et de travailler ensemble. Cette démarche collective est récurrente dans le travail de Philippe Parreno, qui, dès ses débuts, opte pour une esthétique de collaboration.
« C’est une manière d’aller plus vite, d’absorber des idées, des informations. Je ne travaille pas sous vide, les frottements et les résistances peuvent changer la nature d’une oeuvre » affirme-t-il. Il en sera de même avec le projet d’exposition mené en 2003 – Alien Seasons - au Musée d’art moderne de la ville de Paris pour lequel, il collabore avec des scientifiques, comme Jaron Lanier, transformant, l’exposition en espacetemps, en un lieu d’expérimentation, en un monde où la réalité virtuelle se confond avec la vie.
Philippe Parreno pense l’exposition comme un objet, comme un espace-temps, une expérience dont il réévalue, sans cesse, les limites spatiales et temporelles. Il élabore ainsi des modèles d’exposition susceptibles d’offrir de multiples points de vue sur la création : elle tisse des liens entre les différents éléments qui la constituent et reflète une pratique artistique à bien des égards non linéaire. Il intervient, selon ce principe, en 2012 dans l’exposition qui s’est tenue au Philadelphia Museum, Dancing with the bride. Tel un metteur-en-scène, un chef d’orchestre, l’artiste crée une mise en scène inédite pour explorer les liens entre John Cage, Merce Cunningham, Jasper Johns, Robert Rauschenberg et Marcel Duchamp. Cette exposition se situe dans le prolongement de son exposition éponyme à la Serpentine Gallery en 2010 dans laquelle il joue des effets et combinaisons sonores, pour inviter les visiteurs, selon un enchainement précis à se déplacer de salles en salles afin de découvrir ses films. En 2009, l’exposition du Centre Pompidou, était aussi synchronisée sur une boucle temporelle de 10 minutes, transformant la visite en séance cinéma autour du film June 8, 1968. En 2012, sur ce principe, à la Fondation Beyeler, il met en scène deux nouveaux films dans une chorégraphie de sons et d’images qui guide le visiteur à travers l’espace.
La même année, dans les arènes d’Arles, Philippe Parreno et Liam Gillick invitent à suivre pendant quatre jours une exposition faite d’événements hétérogènes. Composée d’installations, de performances, de concerts, de projections et d’autres pièces, cette exposition a été un champ d’intervention inédit. En constante évolution, elle a été une véritable promesse de voyage : Vers la lune en passant par la plage. « Il s’agit d’une exposition sur le travail, la production et la transformation » annoncent Liam Gillick et Philippe Parreno, chefs d’orchestre de ce vaste projet. Ainsi, le temps de la gestation, le temps de production et le temps de l’exposition : cette boucle temporelle qui explore les trois temps de l’oeuvre d’art est pulvérisée. Dés 2007, il fait du temps le principal lieu de son travail, le principal objet de ses expositions. Dans l’exposition de groupe Postman time, Tempo del postino, qu’il dirige et conçoit avec Hans Ulrich Obrist dans le cadre du Manchester international festival, Philipe Parreno élabore une grammaire artistique fondée sur le langage, l’échange, la collaboration et le partage qui joue de l’entremêlement et/ou de la négation de différentes temporalités. Plus de 15 artistes sont invités à collaborer pour jouer de ces déplacements de formes et de sens dont Douglas Gordon, Liam Gillick, Anri Sala, Tino Sehgal et Rirkrit Tiravanija.
Sa proposition pour le Palais de Tokyo se situe dans le prolongement de sa démarche artistique et de ses précédentes expériences. Sa démarche qui fait de l’exposition un objet et du temps une matière prend dans le cadre de sa carte blanche au Palais de Tokyo une ampleur et une importance inédite.
Il a récemment exposé au Garage Center for Contemporary Culture, Moscow (2013) ; Barbican Art Gallery, Londres (2013) ; Fondation Beyeler, Riehen/ Bâle (2012) ; Philadelphia Museum of Art (2012) ; Serpentine Gallery, Londres (2010-2011) ; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; Centre for Curatorial Studies, Bard College, New York (2009 - 2010) ; Irish museum of modern art (2009) Kunsthalle Zürich (2009) et Centre Pompidou.Notes:
Transcription pour piano à quatre mains de Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux d'Igor Stravinski, 1911, interprété par Mikhaïl Rudy.
votre commentaire -
Par Palagret le 12 Décembre 2013 à 12:00
« Je suis une messagère sans messages »
Cités immobiles comme suspendues dans l'espace, cités foudroyées, cités brûlées, cités à peine éclairées par le mouvement pendulaire de quelques ampoules, telle est "Continents noirs", l'installation d'Annette Messager à la Galerie Marian Goodman.
Continents noirs, Annette Messager
Le balancement des lampes et les grincements des petits moteurs qui les animent rythment le temps. Sur les murs blancs, la danse des ombres fait naître un monde cauchemardesque. Tout cela donne l'illusion de mouvement, de dérive, alors que les sculptures sont immobiles.
Continents noirs, Annette Messager par PalagretComme survivantes d'un terrible cataclysme, Tchernobyl, Fukushima, erreurs humaines ou feu divin, les cités obscures recouvertes d'aluminium noir se voient à peine. Dans ce théâtre funèbre, on distingue des villes convulsées, des gratte-ciels et des pyramides renversés, des rails arrachés, des cheminées de centrales atomiques mortes. Les formes géométriques extravagantes créent des villes dystopiques, images d'un désastre annoncée. On croit y voir aussi des formes animales, des foetus carbonisés, des vampires ou des monstres nés du jeu des ombres.
Continents noirs, Annette Messager
Ici pas de poupées démembrées, de peluches décapitées ou d'objets disloqués comme dans les oeuvres précédentes. L'installation se compose de sculptures noires accrochées au plafond et de petits moteurs balançant des ampoules éclairant les formes par intermittence.
Continents noirs, Annette Messager
Annette Messager, s'inspirerait de l’univers des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Elle joue ici avec les codes du fantastique et de la science fiction, pour nous parler de notre monde menacé d'un cataclysme inévitable.
Continents noirs, Annette Messager
Comme beaucoup d'oeuvres d'Annette Messager, "Continents noirs" est une installation macabre en accord avec "Mes transports", l'installation présentée au rez-de-chaussée de la galerie Marian Goodman.
Continents noirs, Annette Messager
"Continents noirs" est aussi le titre générique d'une exposition d'Annette Messager à Strasbourg en 2012.
Continents noirs, Annette Messager
Annette Messager, Mes transports, Continents noirs
Du 13 novembre au 21 décembre 2013
79 rue du Temple Paris
Continents noirs, Annette Messager
Liens sur ce blog:
Umberto Eco au Louvre, vertige de la liste, Annette Messager
Art contemporain, catégorie art rigolo mais inquiétant
Une interview d'Annette Messager de 1995
Continents noirs, Annette Messager
Palagret
art contemporain
décembre 2013
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique