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       Griffonné par Marcel Duchamp, un petit mot sur un bout de papier sert de titre à "Allégories d'oubli", l'exposition du Nouveau Festival 2014 au centre Pompidou. On ne sait s'il s'agit d'une note soigneusement gardée par le plasticien ou d'un débris retrouvé dans les archives de Marcel Duchamp. Exposé à l'entrée de l'exposition, le précieux papier a lui été sauvé de l'oubli.

     

     

     

    Duchamp allégorie d'oubli Nouveau festival Beaubourg 3Marcel Duchamp, Allégorie d'oubli, 1912 - 1968
    Mine graphite au revers d'une feuille ronéotypée, 7,1 x 9,2 cm

     

     

     

    Le cartel nous informe:

    "Vers 1930, Marcel Duchamp tente de circonscrire sa notion d'inframince en quarante-six notes "flottantes". Cette idée est définie dès la première note, dans une assertion qui ouvre autant qu'elle referme le champ du possible: "Le possible impliquant le devenir - le passage de l'un à l'autre a lieu dans l'inframince. Allégorie de l'oubli." Duchamp poursuit ensuite sa réflexion en affirmant que "L'allégorie (en général) est une application de l'inframince". Signalant l'expérience hasardeuse et éphémère du public qui "aperçoit et oubli immédiatement", cette note écrite à la volée par Marcel Duchamp suggère ici son titre à la manifestation."

     

     

     

    Duchamp allégorie d'oubli Nouveau festival Beaubourg 4Marcel Duchamp, Allégorie d'oubli, 1912 - 1968

    Mine graphite au revers d'une feuille ronéotypée, 7,1 x 9,2 cm

     

     

     

       L'inframince est un concept esthétique étudié par Marcel Duchamp. L'inframince désigne une différence ou un intervalle imperceptible, parfois seulement imaginable, entre deux phénomènes. Exemple: Séparation inframince entre le bruit de la détonation d’un fusil (très proche) et l’apparition de la marque de la balle sur la cible. — (Marcel Duchamp cité par Manuela De Barros, Duchamp & Malevitch: Art & théories du langage). 1

     

     

     

    Jean-Pierre Criqui, co-commissaire de l'exposition "Allégories d'oubli":

     " L’oubli est une composante du fonctionnement de la mémoire, un phénomène historique aussi bien que personnel. Il serait assez difficile de trouver une œuvre qui n’aurait pas à voir avec la mémoire. Mais l’oubli est assez paradoxal en ce qui concerne les arts visuels. Alors qu’il est présent dans bien des œuvres littéraires ou cinématographiques, le représenter au moyen d’un tableau, d’une photographie ou d’une sculpture, notamment, ne va pas de soi. C’est par des approximations, des phénomènes qui lui sont proches, qu’il peut se dire visuellement: j’entends par là l’effacement, la disparition, la dissimulation…, ou par des phénomènes de réification. ... 

     

      L’oubli se montre donc le plus souvent par le biais d’une figure, d’une métaphore, d’où le terme « allégorie ». Nous aurions pu y préférer le mot « métaphore ». Mais nous avons retenu « allégorie », à cause de cette feuille de Marcel Duchamp intitulée Allégorie d’oubli. Sous le registre du mot « allégorie », il y a cette idée de saisir quelque chose de l’oubli, soit à travers un message verbal, soit à travers une représentation." 2

     

     

     

    Rusha-books-Nouveau-festival-Alle-gories-de-l-oubli-Beaubo.jpgSmythsons books (I forgot to remember, I remembered to forget)

    version Mayfair et Panama, 2009, Ed Rusha

     

     

     

       Deux oeuvres conceptuelles de l'artiste américain Ed Ruscha sont exposés. Les carnets en cuir relié portent en titre deux phrases contradictoires: "I forgot to remember", "I remembered to forget". J'ai oublié de me rappeler. Je me suis souvenu d'oublier". Des phrases qu'Ed Rusha décline sur plusieurs supports, sur des paravents ou sur des agendas vendus à 200 exemplaires. Mieux que de faire un noeux à son mouchoir pour ne pas oublier?

     

     

     

    Un nouveau festival

    19 février - 10 mars 2014

    Centre Pompidou, Paris

     

    Palagret

    art contemporain

    février 2014

     

     

    Sources:

    1-Wikitionary

    2- Centre Pompidou, Allégorie d'oubli

     

     

     
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      Esprit des temps modernes, la tête mécanique de Raoul Hausmann est une sculpture-assemblage dans l'esprit Dada. Elle est faite de divers objets ou morceaux utilisés tels quels. La tête de bois est une marotte, tête produite en série, anonyme et sans expression. Le terme technique marotte désigne une tête de mannequin de vitrine présentant des coiffures ou des chapeaux.

     

     

    Raoul Hausmann tête mécanique esprit de notre temps 6"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", Raoul Hausmann, 1919

    32,5 x 21 x 20 cm

     

     

        Raoul Hausmann décrit ainsi son oeuvre "Der Geist Unserer Zeit - Mechanischer Kopf":

      "Je pris alors une belle tête en bois, je la polis longuement avec du papier de verre. Je la couronnai d'une timbale pliable. Je lui fixai un beau porte-monnaie derrière. Je pris un petit écrin à bijoux et le plaçai à la place de l'oreille droite. J'ajoutai encore un cylindre topographique à l'intérieur et un tuyau de pipe au côté gauche. Eh oui, j'avais envie de changer de matériel. Je fixai sur une régle en bois une pièce de bronze enlevée à un vieil appareil photographique suranné et je le regardai. Ah il me fallait encore ce petit carton blanc portant le chiffre 22, car, évidemment, l'esprit de notre temps n'avait qu'une signification numérique."

     

     

     

    Raoul Hausmann tête mécanique esprit de notre temps 3"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", "Der Geist Unserer Zeit - Mechanischer Kopf"

     Raoul Hausmann, vers 1920

     

     

     

             Pendant la guerre de 14-18, les soldats allemands utilisaient un gobelet métallique télescopique semblable. Un cœur est gravé sur le gobelet, seule touche d'humanité de la sculpture. Un ruban de couturière de 10 cm est collé sur le front. Le porte-feuille en peau de crocodile est déplié, on y lit le nom et l’adresse du fabriquant « …wein Berlin Budapest… ». 

     

     

            

     Raoul Hausmann tête mécanique esprit de notre temps 4"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", Raoul Hausmann, vers 1920

    Beaubourg

     

     

     

       L'oreille droite de la tête mécanique est bouchée par une règle de bois de 20 cm et une réglette de métal crantée avec deux molettes de réglage. Deux clous sont plantés de chaque côté du crâne. La tête blessée, réparée pourrait être celle d'une gueule cassée de la Grande Guerre.

     

     

     

    Raoul Hausmann tête mécanique esprit de notre temps 7"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", "Der Geist Unserer Zeit - Mechanischer Kopf"

     Raoul Hausmann, vers 1920

     

     

     

       "L'esprit du temps" est une tête sans émotion couverte d'instruments de mesure, une tête reconstruite avec des éléments mécaniques comme une créature de Frankenstein de l'ère technologique, un robot ou un androïde comme Maria de Metropolis. Les objets à l'extérieur du crâne déterminent les "pensées" de l'homme, le définissent, et non son esprit.

     

     

     

    Raoul Hausmann tête mécanique esprit de notre temps 2"Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps", Raoul Hausmann, vers 1920

     

     

     

       Comme les collages sur papier des dadaïstes et des surréalistes, la Tête mécanique est un assemblage, non une sculpture au sens stricte du terme. Agrégeant des objets divers, la tête mécanique est une métaphore des temps modernes. L'homme nouveau n'est plus qu'une mécanique, sa parole est normalisée, son intelligence se mesure à son front bombé et il n'entend qu'à travers son porte-feuille (déjà la société de consommation) ou à travers des instruments.

     

     

    Raoul-Hausmann-portrait.jpgPortrait photographique de Raoul Hausmann

     

     

        Raoul Hausmann écrit en 1967, dans le catalogue de sa rétrospective au Moderna Museet de Stockholm que le défaut des hommes est de penser comme des machines; il a « découvert que les gens n’ont pas de caractère et que leur visage n’est qu’une image faite par le coiffeur. Leur cerveau est vide. (…) Leurs seules capacités sont celles que le hasard leurs a collées à l’extérieur du crâne. Je voulais, précise-t-il, dévoiler l’esprit de notre temps, l’esprit de chacun dans son état rudimentaire. »

     

     

       Au contraire des portraits et bustes de l'art occidental, des grecs à la Renaissance jusqu'au 19è siècle, le visage de la marotte à un air neutre, sans expression, ses yeux sont vides. L'homme nouveau des dadaïstes ne serait-il qu'un robot ou un homme sans émotion ?

     

       Raoul Hausmann (1886 - 1971) surnommé le Dadasophe est le co-fondateur du mouvement Dada en Allemagne. Il invente le photomontage et le poème optophonétique.

     

    «Un jour il était photomonteur, l'autre peintre, le troisième pamphlétaire, le quatrième dessinateur de mode, le cinquième éditeur et poète, le sixième "optophonéticien" et le septième il se reposait avec son Hannah.» disait de lui son ami le dadaïste Hans Richter.

     

     

     

    Biographie de Raoul Hausmann (1886 – 1971) 

     

     

     

     
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       Nombreuses sont les affiches qui représentent la Tour Eiffel, icône parisienne. Entre le Grand Palais et le Rond-point des Champs-Elysées, 39 dessins de graphistes français et étrangers croquent Paris pour la Fête du Graphisme.  

     

     

    Fête du graphisme affiche champs-élysées 0Luba Lukova, USA, Alejandro Magallanes

    au fond à droite: "Paris existe seulement quand je le regarde", Bülent Erkmen Turquie 

    Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

     

      Simplement ébauchée d'un trait, tordue, morcelée, en souvenirs collés sur un baguette, dégustée par un monstre rouge, rêvée par une girafe, la Tour de Fer imprègne l'imaginaire contemporain.

     

     

     

     

    Fête du graphisme affiche Kan Tai-Keung Chine champs-élTours Eiffel empilées, style chinois, Kan Tai-Keung 

    Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

    Fête du graphisme affiche Tomasz Boguslawski Pologne chamBaguette et Tours Eiffel miniatures, Tomasz Boguslawski Pologne

    Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

    Fête du graphisme affiche Rico Lins Brésil champs-élyTour Eiffel dansante sur fond d'affiches déchirées

    Rico Lins Brésil, Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

    Fête du graphisme affiche studio Boot Pays-Bas champs-éMonstre rouge dégustant une Tour Eiffel

    studio Boot Pays-Bas, Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

    Fête du graphisme affiche Garth Walker Afrique sud champsGirafe rêvant à la Tour Eiffel

    Garth Walker Afrique du sud, Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

    Fête du graphisme affiche Tomi Ungerer France champs-él Tour Eiffel, Tomi Ungerer, France,

    Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

     

    Fête du graphisme affiche Javier Mariscal Espagne champs-Tour Eiffel et toits de Paris la nuit, Javier Mariscal, Espagne

    Fête du graphisme aux Champs-Elysées


     

     

     

     

    Fête du graphisme affiche Melchior Imboden Suisse champs-L

    Melchior Imboden Suisse, Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

      

     

     

    La Fête du graphisme

     du 22 janvier au 5 février 2014

     Champs-Elysées, Paris

     

     

       

     

     

    Fête du graphisme affiche Ahn Sang-Soo champs-élyséesTour Eiffel, Ahn Sang-Soo

    Fête du graphisme aux Champs-Elysées

     

     

     

    Palagret

    arts graphiques 

    janvier 2014

     

     

     
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       Il règne un silence feutré dans la salle de la Chapelle du Louvre où Robert Wilson expose "Living Rooms". Seul le claquement régulier des portes de verre vient troubler la déambulation attentive des visiteurs. Poteries, masques, statues, chaises et chaussures, plus de 600 objets, précieux ou triviaux, sont accrochés au mur et au plafond formant un vrai cabinet de curiosités.

     

     

    Robert-Wilson-living-rooms-poterie-Louvre.jpg

     

     

    Article et autres photos de "Living Rooms" de Robert Wilson ici.

     

     

     

     
    ROBERT WILSON AU LOUVRE LIVING ROOMS par Palagret

     

     

     

     

    " Living Rooms : le Louvre invite Robert Wilson "

    Du 11 novembre 2013 au 17 février 2014

    De 9 heures à 18 heures, sauf le mardi.

    Musée du Louvre, Paris Ier.

     

     

    Lien sur ce blog:

     

    Lady Gaga assassinée dans son bain, une vidéo de Robert Wilson au Louvre

     

     

    Palagret

    cabinet de curiosités

    janvier 2014

     

     

     
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       Tel un cabinet de curiosités, les living rooms de Robert Wilson installées au Louvre mêlent des objets précieux et des objets triviaux sans valeur artistique ou marchande. Magnifique masque eskimo ou gant rose trouvé dans la rue, statues médiévales ou objets de plastique, monnaie de plumes, plus de 600 objets couvrent les murs et le plafond des Living rooms.

     

    "Je voulais présenter quelque chose de personnel : j'ai montré ma chambre"

     

     

    Louvre Robert Wilson living roomslit blanc et santiags, chaise Shaker à l'envers

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

        "C'est intéressant de voir où vit un artiste, ce qui l'entoure, je crois. Je vis entouré de choses très hétéroclites, des objets trouvés dans la rue, parfois juste un chewing-gum ou un gant, des objets dénichés dans une galerie d'art ou rapportés d'un voyage. Depuis 23 ans, je vais en Indonésie et j'ai un grand amour pour cette culture. Le résultat de cet amalgame très personnel se voit au théâtre, dans les images qui se forment sur scène. Par exemple, une certaine statue de pierre indonésienne a des yeux à l'arrière de la tête pour marquer son pouvoir. Cela me donne conscience de l'espace qui est derrière vous et crée une plus grande tension avec le public." 1

     

     

     

     

    Louvre Robert Wilson living rooms crocodileTableau naïf et masque de crocodile

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

      Ces trésors collectés un à un par Robert Wilson depuis son enfance l'entourent dans ses quartiers du Watermill à Long Island. Ces objets l'ont inspiré ou l'inspirent dans ses créations. Ainsi la photo d'Einstein est à l'origine de son opéra Einstein on the beach.

     

     

     

    Robert Wilson living rooms statue boisstatue de bois et statue de bouddha debout (18è siècle), Laos

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

       "Tous ces objets ont influencé mon travail. Ils sont pour moi comme une bibliothèque vivante et j'aime vivre au milieu d'eux."

     

     

     

    Louvre Robert Wilson living rooms sphinxcoupe au Sphinx et coupe art déco

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

       Robert Wilson collectionne de nombreuses chaises de designer, une belle chaise shaker accrochée à l'envers et une chaise qu'il a dessiné lui même. On trouve aussi des chaussures, escarpins de Marlène Dietrich, chausson de danse de Rudolf Noureev ou chaussures d'inconnu.

     

     

     

    Robert Wilson living rooms Paul Thek 6Bras coupé, "Reliques technologiques" de Paul Thek

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

       Les "Reliques technologiques" (1966-1967) de Paul Thek (1933-1988), plasticien alternatif new-yorkais côtoient des tableaux naïfs anonymes. Bras ou main coupés, fragments anatomiques couplés à des matériaux technologiques, les sculptures de Paul Thek ressemblent à des membres arrachés à un robot ou à une idole de science-fiction.

     

     

     

    Louvre Robert Wilson living rooms masquemasque esquimau de l'île Nunivak, Alaska. masque non identifié, éventail avec photo de famille

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

        Près du lit de Robert Wilson, une paire de santiags; au-dessus des oreillers, de minuscules statuettes eskimos; en face un video-portrait de Lady Gaga, ficelée la tête en bas.

     

     

     

    Louvre Robert Wilson living rooms Paul ThekMain coupée à la bague, "Reliques technologiques" de Paul Thek. Masque océanien

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

       La collection surréaliste de Robert Wilson est digne du mur d'André Breton. Le plasticien américain accumule toujours jour après jour des sculptures archaïques chinoises, des masques indonésiens, des tambours, un éventail de carton et ... un lapin blanc. Allusion à Alice au pays des Merveilles?

     

     

     

    Robert Wilson living rooms lapin LouvrePoteries d'art premier et lapin blanc empaillé

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

    "J'assemble aussi par contrepoints. Placer une poubelle à côté d'un objet noble, collectionné chèrement, par exemple. Ou un pot vieux de 4000 ans à côté d'une masse en plastique achetée sur un marché cambodgien. C'est plus difficile qu'il n'y paraît de trouver le bon objet et son contraire."

     

     

     

    Robert Wilson living rooms chaises"Reliques technologiques" de Paul Thek,

    chaise avec ombre crée par Robert Wlson pour Perceval, 1987

    Living rooms, Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

       A peine douze objets sont identifiés. Au visiteur de déambuler dans la pièce et de laisser son regard dériver sur les photos, tableaux et statues réunis là par Bob Wilson pour notre plus grand plaisir. 

     

     

     

    voir video ici.

     

     

     

     

    " Living Rooms : le Louvre invite Robert Wilson "

    Du 11 novembre 2013 au 17 février 2014

    De 9 heures à 18 heures, sauf le mardi.

    Musée du Louvre, Paris Ier.

     

     

     

    Lien sur ce blog:

    Lady Gaga assassinée dans son bain, une vidéo de Robert Wilson au Louvre

     

     

     

     

    Palagret

    cabinet de curiosités

     janvier 2014

     

    1- in Lefigaro

     

     

     
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      Au Louvre, non loin de la Joconde, Lady Gaga icône de la pop-culture gît dans son bain, le cou ensanglanté telle Marat assassiné peint par David. Ce n'est pas un tableau post-moderne mais une vidéo réalisée par Robert Wilson avec la chanteuse comme modèle. 

     

     

    Louvre Robert Wilson Marat Gaga 70548Lady Gaga assassinée, vidéo de Robert Wilson

     



       Comme Marat le révolutionnaire, Lady Gaga a les yeux clos et la tête renversée en arrière. Elle est ainsi offerte au regard des touristes perplexes tant l'écran plasma vertical est insolite au milieu des riches cadres dorés ornant des peintures d'histoire du XIXè siècle. La mort de Marat est une scène historique elle-aussi mais la froideur bleutée et le doux scintillement de la technologie moderne semblent anachroniques dans cette salle dédiée à la peinture académique.

     

     

     

    Robert Wilson Marat Gaga salon Denon 0Lady Gaga assassinée, vidéo de Robert Wilson

    au milieu des tableaux historiques du XIXè siècle, salon Denon au Louvre


     

         De plus le video-portrait de Robert Wilson est sonore même si on entend à peine la voix de Lady Gaga lisant en anglais des passages du Marat/Sade de Peter Weiss.

     

     

     

    Louvre Robert Wilson Marat Gaga détailLady Gaga assassinée, détail, vidéo de Robert Wilson

     

     

     

     

       " Lady Gaga me fascine, confie Bob Wilson, qui avait mis en scène sa performance aux MTV Awards, fin août. Elle n’est pas juste une chanteuse pop, c’est une véritable artiste. " 1

     

     

     

    Marat DavidLa mort de Marat, Jacques Louis David, 1783

     

     

     

        Cette vidéo de Robert Wilson fait partie des "Gaga portraits" tournés à Londres et exposés au Louvre. Il y a trois videos verticales:

    - une video de Lady Gaga en Marat, la seule sonore

    - une Lady Gaga ficelée pendue la tête en bas exposée dans la reconstitution de la chambre de Robert Wilson, dans la chapelle.

    - Lady Gaga en " Mademoiselle Caroline Rivière " d’Ingres (1806) dans la salle de la maquette, près des remparts du Louvre.

     

       Continuant sa réinterprétation des tableaux célèbres de la peinture occidentale, Robert Wilson propose sur 14 petits écrans la tête de Saint-Jean Baptiste sur un plateau, un tableau d'André Solaris (1507). D'écran en écran, le visage de Lady Gaga ou son bras se superposent lentement sur cette image macabre.

     

     

     

    Lady Gaga tweet Tweet de Lady Gaga annonçant son travail avec Robert Wilson

     

     

     

     

    « Nous réfléchissons à une performance spéciale pour son 28e anniversaire » promet Bob Wilson. Rendez-vous le 28 mars.

     

     

    Lady Gaga Artpop cover KoonsArtpop, couverture de l'album de Lady Gaga, sculpture de Jeff Koons

     

     

      Lady Gaga chanteuse planétaire très populaire travaille aujourd'hui avec des plasticiens contemporains. Elle a participé à des performances avec Marina AbramovicJeff Koons a crée une sculpture d'elle pour la couverture de son dernier album Artpop.

     

     

    Lady Gaga TV 2Lady Gaga dans une interview à la BBC, capture d'écran

     

     

       Le salon Denon du Louvre est une salle carrée aux murs tendus de rouge. Non loin de la Joconde, elle est un passage très fréquenté. En 2009, le peintre chinois Yan Pei-Ming y a exposé "Les funérailles de Monna Lisa". 

     

     

     

    " Living Rooms : le Louvre invite Robert Wilson "

    Du 11 novembre 2013 au 17 février 2014

    De 9 heures à 18 heures, sauf le mardi.

    Musée du Louvre, Paris Ier.

     

     

     

     

     

    Liens sur ce blog:

    "Living rooms", le cabinet de Curiosités de Robert Wilson au Louvre

    Yan Pei-Ming: les larmes de Monna Lisa au Louvre

     

       

    Palagret

     art contemporain et video

    janvier 2014

     

    Sources:

    1- in Leparisien

     

     

     
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       Un embouteillage de fauteuils roulants, probablement une maison de retraite visitant l'exposition "A Triple Tour" à la Conciergerie! Mais non, à y bien regarder, ces vieillards sont immobiles dans leur fauteuil. Il s'agit de mannequins hyper-réalistes, une installation des chinois Sun Yuan & Peng Yu.

     

     

    Triple tour Sun Yuan & Peng Yu 70Un pope, un palestinien et un soldat portant une mine.

    Trois mannequins grandeur nature en fauteuil roulant.

    Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu

     

     

       Les fauteuils électriques se déplacent lentement et se cognent les uns les autres ou contre les murs: Ils changent alors de direction. Parfois un fauteuil s'échappe et un assistant le rattrape et le remet dans la ronde. Les mannequins représentent des hommes de pouvoir décrépis, dictateurs, généraux, chefs religieux, rabbins ou mollahs, terroristes, en uniforme ou en costume. Tassés dans leur fauteuil, somnolant ou les yeux fixes, ils ne sont plus que des prisonniers enfermés à triple tour dans leur corps impuissant. Des hommes jadis puissants et dangereux réduits à des vieillards inoffensifs ballotés dans un ballet absurde.

     

     


    Sun Yuan & Peng Yu, Old persons home, A triple... par Palagret

     

     

     

      Représentant des personnages de culture et d'horizon différents, les mannequins ne se regardent pas et ne se parlent pas, ils s'ignorent, enfermés dans une décrépitude dont certains n'ont même pas conscience. Images de notre déchéance annoncée et de l'incommunicabilité des hommes. Notez qu'il n'y a pas de femme dans cette lente parade d'agonie.

     

     

    Triple tour Sun Yuan & Peng Yu 67Deux mannequins grandeur nature en fauteuil roulant.

    Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu à la Conciergerie, Paris

     

     

     

     

       Dérangeante et cependant drôle, tragi-comique, l'installation de Sun Yuan & Peng Yu fascine les visiteurs qui restent longtemps à observer ce sinistre théâtre. Ce jour là, seuls quelques fauteuils étaient en mouvement alors qu'ils devraient tous avancer, se cogner et reculer dans une danse macabre. Les surveillants expliquaient qu'avec les groupes d'enfants se faufilant entre les fauteuils, il valait mieux immobiliser les mannequins. Les enfants les toucheraient, c'est possible, et leur casseraient les doigts, c'est moins crédible. 

     

     

     

    Triple tour Sun Yuan & Peng Yu Conciergerie 0Un  mannequin grandeur nature en fauteuil roulant.

    Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu

     

     

     

       Il est certain qu'il est plus facile de surveiller 13 pantins en fauteuil immobile mais la force de "Old persons Home", l'installation de Sun Yuan & Peng Yu, en était amoindrie.

     

     

     

    Triple tour Sun Yuan & Peng Yu Conciergerie 8Mannequin de vieillard grandeur nature en fauteuil roulant.

    Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu

     

     

     

      Sun Yuan (né en 1972) and Peng Yu (née en 1974) sont mariés et travaillent ensemble à Beijing depuis vingt ans. Ils sont connus pour leur participation à l'art extrême chinois dans l'exposition Post­-sensibilité (1990) et "Addiction à la plaie" (2000) à Beijing: transgressant les tabous, ils utilisaient des matériaux extrêmes tels que:

    - les animaux vivants: "Mur marin" 1998 (poissons et langoustes emmurés vivants), Rideau 1999 (langoustines, serpents et grenouilles agonisant sur des barbelés). 

    - la graisse humaine: Exil et Huile d'humain en 2000

    les cadavres de bébés: corps connecté en 2000

     

     

     

    Triple tour Sun Yuan & Peng Yu 78Mannequins de vieillards grandeur nature en fauteuil roulant.

    Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu

     

     

       Le théâtre de la cruauté de Sun Yuan & Peng Yu est aujourd'hui moins radical dans ses matériaux et donc moins controversé. A la Conciergerie, il n'y a ni cadavres ni animaux agonisants, seulement des mannequins en résine vêtus des accoutrements de leur gloire passée. Les plasticiens chinois ont déjà exposé une autre installation sur le même thème: "Absence" ne comportait que des fauteuils roulants vides disposés en cercle, un symbole encore plus clair de la mort.
     
     

     
    Old People's Home, installation de Sun Yuan & Peng Yu A triple tour, collection Pinault Du 22 octobre 213 au 6 janvier 2014 Conciergerie
    2, boulevard du Palais, 75001 Paris


    Triple tour Sun Yuan & Peng Yu Conciergerie 9Amiral hors d'eau, mannequin de vieillard grandeur nature en fauteuil roulant.

    Old persons home, installation de Sun Yuan & Peng Yu


    Palagret
    installation et art contemporain
    décembre 2013
     
     


    Photos d'autres installations de Sun Yuan & Peng Yu L'art extrême chinois

     
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       Nous voici dans une vaste salle obscure du Palais de Tokyo dont on ne distingue les contours que par intermittence quand les marquees (marquises) de Philippe Parreno s'éclairent, clignotent et vibrent. La musique du Petrouchka de Stravinski, jouée par un piano automate, tourne en boucle et se mêle au crépitement des néons.

     

     

    Parreno expo Palais de Tokyo marquee 2Marquee de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013

    Anywhere, Anywhere Out of the World, Palais de Tokyo

     

     

          Un ordinateur pilote l'allumage et l'extinction de seize sculptures lumineuses qui mêlées à la musique compose une symphonie visuelle heurtée. Le spectateur ébloui et aveuglé perd ses repères et cherche les murs à tâtons, essayant de ne pas trébucher sur un corps allongé sur le sol ou se cogner sur un pilier. 

     

     


    PHILIPPE PARRENO, Danny La Rue, seize Marquees... par Palagret

     

     

        Philippe Parreno a réuni ici seize marquees, une série commencée en 2006 et dont certaines sculptures ont déjà été exposée au Guggenheim de New-York ou à Beaubourg. Faits de tubes de néon et d'ampoules dans des boîtes de verre acrylique translucide ou opalescent, accrochés par des chaînes au plafond, ces caissons lumineux s'inspirent des marquees américains, auvents lumineux suspendus au-dessus des théâtres et des cinémas américains.

     

     

    marquee-Hollywood.jpgMarquise lumineuse à Hollywood annonçant les spectacles

     

     

       Ces marquises lumineuses servent de tableau d'affichage pour les spectacles. Autour du nom de la pièce ou du film et des noms des acteurs, des ampoules ou des néons clignotent et défilent pour attirer l'attention des passants. Quand les théâtres et les cinémas sont côte à côte, la rue nocturne est toute illuminée et vibre des plaisirs annoncés.

     

     

     

    Parreno expo Palais de Tokyo marquee 70092Marquees de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013

     

     

        Les marquises urbaines se reflètent sur le bitume dès qu'il pleut, créant une atmosphère rêveuse largement exploitée par les thrillers ou les films romantiques. Les murs de la salle d'exposition du Palais de Tokyo sont eux noirs et le sol gris mat et il y a très peu de reflet. Sobrement, les marquees de Philippe Parreno de tailles, de formes et de matériaux divers sont peu colorés. Au contraire des auvents américains clinquants, les sculptures lumineuses n'annoncent rien d'autre qu'elles-mêmes.  

     

     

    Parreno expo Palais de Tokyo marquee 3Marquee de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013

     

     

        Comme les fantômes d'une fête révolue, ces marquises sont muettes. Les caissons lumineux en perte de sens clignotent dans l'obscurité, apparitions - disparitions hypnotiques, créant une atmosphère mystérieuse digne du château hanté d'un parc d'attraction, cimetière d'enseignes devenues obsolètesRégulièrement, quand la salle s'éclaire complètement pendant quelques secondes le dispositif entier de "Danny La Rue", se dévoile. Le titre de l'installation n'est pas expliqué. 

     

      

    Parreno expo Palais de Tokyo marquee 1Marquee de Philippe Parreno, Danny La Rue 2013

     

     

             Une marquise lumineuse est installée à l'entrée du Palais de Tokyo et bien sûr elle n'annonce rien sinon l'exposition de Philippe Parreno pour ceux qui connaissent son oeuvre. "Marquee" signale un passage entre la rue et le musée, entre le réel et l'imaginaire, c'est une invitation à un spectacle qui n'aurait pas de nom.

     

     

    Parreno expo Palais de Tokyo marquee 4Marquee de Philippe Parreno, à l'entrée du Palais de Tokyo

     

     

       Comme Annette Messager dans ses installations, Philippe Parreno travaille avec la lumière intermittente, le bruit et le mouvement.

     

     

     

     

    Lien sur ce blog:

    Annette Messager: "Continents noirs", cités obscures à la galerie Marian Goodman

     

     

     

    Philippe Parreno, Anywhere, anywhere out of the world Du 23/10/2013 au 12/01/2014 Tous les jours, de midi à minuit


          

     

    Palagret

    art contemporain

    décembre 2013

     

     

    Dossier de presse:

    Philippe Parreno, figure éminente de la scène artistique internationale, transforme radicalement le Palais de Tokyo. Il répond à la carte blanche qui lui est donnée par une exposition totale dans laquelle son dialogue avec l’architecture fait œuvre.

     

    Figure majeure de la scène artistique française et internationale, Philippe Parreno (né en 1964, vit et travaille à Paris) doit sa renommée à une oeuvre protéiforme et souvent éphémère qui remet en question les formats d’exposition et la nature des images. En s’inspirant du cinéma comme de la télévision, du théâtre comme du spectacle, Philippe Parreno élabore différents dispositifs pour construire des situations, pour concevoir des lieux à traverser, pour créer des trames qui interrogent, simultanément, le statut de l’oeuvre d’art et celui de l’exposition. Véritable espace expérimental, l’exposition est considérée comme un format ouvert et indéterminé. « Une exposition n’est jamais finie » ; « je travaille sans scénario définitif » explique-t-il.

    Philippe Parreno qui émerge sur la scène artistique au début des années 1990, considérait, lui et ses acolytes de l’Ecole des Beaux-arts de Grenoble - Dominique Gonzalez Foester, Bernard Joisten, Pierre Joseph – que « le projet était plus important que l’objet ». De fait, son oeuvre ne se matérialise qu’accessoirement sous formes d’objets et elle ne peut exister sans une mise en exposition, une mise en tension. Sa première vidéo, Fleurs, réalisé en 1988, était destinée à une diffusion cathodique aléatoire. Cette image fixe qui jouait de la mise au point sur un bouquet de fleurs annonce, la notion de « plan-séquence », devenue fondamentale, dans l’élaboration de ses expositions. Quant à No More Reality, une manifestation d’enfants avec banderoles et slogans, filmée en 1995, elle transforme l’image télévisuelle en « jeu » et la construction en « effet de réel ».

    Curieux, ouvert, Philippe Parreno puise dès la fin des années 1990 dans le langage, la narration, la temporalité mais aussi dans le théâtre, les codes télévisuels et cinématographiques pour élaborer une oeuvre qui met en tension ces différents univers. Il met ainsi en scène des figures de la télévision comme Yves Lecoq, Dagmar Bergdoff, mais aussi des ventriloques comme Ronn Lucas, détournant les codes du monde du spectacle afin de flirter avec la mince frontière qui sépare la réalité de la fiction. Nombreux sont aussi les exemples d’oeuvres de cette période qui investissent, parfois littéralement, le champ du cinéma ou de la télévision. Autre composante essentielle : l’absence, la fascination pour les fantômes et les revenants, la disparition et leurs traces.
    Snow Dancing est une exposition qui se mue en fête le temps d’une soirée. Cette oeuvre majeure, conçue au Consortium à Dijon en 1995, est réalisée à partir d’un récit pré-éxistant : elle est issue d’un livre, qui est à la fois le scénario et le commentaire de l’événement. Elle invite les visiteurs à découvrir les traces d’une fête révolue ; ces empreintes dessinant à leur une absence, un vide habité d’imaginaire. Ce caractère labile et imaginaire est aussi évoqué par les Speech bubbles (1997), supports de paroles en attente de discours, qui demandent, à leur tour, d’être remplis d’imaginaire. Ce principe d’un corps habité, d’une coquille qui s’incarne, se cristallise, en 1999, autour du projet - No Ghost Just a Shell - mené avec Pierre Huyghe, autour du personnage manga Ann Lee. Ils sollicitent une vingtaine d’artistes à réinventer, sous d’autres formes et selon des histoires différentes, le personnage manga, Annlee, acheté à une agence japonaise. Cette oeuvre leur a, par ailleurs, permis d’imaginer de nouvelles façons d’être et de travailler ensemble. Cette démarche collective est récurrente dans le travail de Philippe Parreno, qui, dès ses débuts, opte pour une esthétique de collaboration.

    « C’est une manière d’aller plus vite, d’absorber des idées, des informations. Je ne travaille pas sous vide, les frottements et les résistances peuvent changer la nature d’une oeuvre » affirme-t-il. Il en sera de même avec le projet d’exposition mené en 2003 – Alien Seasons - au Musée d’art moderne de la ville de Paris pour lequel, il collabore avec des scientifiques, comme Jaron Lanier, transformant, l’exposition en espacetemps, en un lieu d’expérimentation, en un monde où la réalité virtuelle se confond avec la vie.

    Philippe Parreno pense l’exposition comme un objet, comme un espace-temps, une expérience dont il réévalue, sans cesse, les limites spatiales et temporelles. Il élabore ainsi des modèles d’exposition susceptibles d’offrir de multiples points de vue sur la création : elle tisse des liens entre les différents éléments qui la constituent et reflète une pratique artistique à bien des égards non linéaire. Il intervient, selon ce principe, en 2012 dans l’exposition qui s’est tenue au Philadelphia Museum, Dancing with the bride. Tel un metteur-en-scène, un chef d’orchestre, l’artiste crée une mise en scène inédite pour explorer les liens entre John Cage, Merce Cunningham, Jasper Johns, Robert Rauschenberg et Marcel Duchamp. Cette exposition se situe dans le prolongement de son exposition éponyme à la Serpentine Gallery en 2010 dans laquelle il joue des effets et combinaisons sonores, pour inviter les visiteurs, selon un enchainement précis à se déplacer de salles en salles afin de découvrir ses films. En 2009, l’exposition du Centre Pompidou, était aussi synchronisée sur une boucle temporelle de 10 minutes, transformant la visite en séance cinéma autour du film June 8, 1968. En 2012, sur ce principe, à la Fondation Beyeler, il met en scène deux nouveaux films dans une chorégraphie de sons et d’images qui guide le visiteur à travers l’espace.

    La même année, dans les arènes d’Arles, Philippe Parreno et Liam Gillick invitent à suivre pendant quatre jours une exposition faite d’événements hétérogènes. Composée d’installations, de performances, de concerts, de projections et d’autres pièces, cette exposition a été un champ d’intervention inédit. En constante évolution, elle a été une véritable promesse de voyage : Vers la lune en passant par la plage. « Il s’agit d’une exposition sur le travail, la production et la transformation » annoncent Liam Gillick et Philippe Parreno, chefs d’orchestre de ce vaste projet. Ainsi, le temps de la gestation, le temps de production et le temps de l’exposition : cette boucle temporelle qui explore les trois temps de l’oeuvre d’art est pulvérisée. Dés 2007, il fait du temps le principal lieu de son travail, le principal objet de ses expositions. Dans l’exposition de groupe Postman time, Tempo del postino, qu’il dirige et conçoit avec Hans Ulrich Obrist dans le cadre du Manchester international festival, Philipe Parreno élabore une grammaire artistique fondée sur le langage, l’échange, la collaboration et le partage qui joue de l’entremêlement et/ou de la négation de différentes temporalités. Plus de 15 artistes sont invités à collaborer pour jouer de ces déplacements de formes et de sens dont Douglas Gordon, Liam Gillick, Anri Sala, Tino Sehgal et Rirkrit Tiravanija.

    Sa proposition pour le Palais de Tokyo se situe dans le prolongement de sa démarche artistique et de ses précédentes expériences. Sa démarche qui fait de l’exposition un objet et du temps une matière prend dans le cadre de sa carte blanche au Palais de Tokyo une ampleur et une importance inédite.

    Il a récemment exposé au Garage Center for Contemporary Culture, Moscow (2013) ; Barbican Art Gallery, Londres (2013) ; Fondation Beyeler, Riehen/ Bâle (2012) ; Philadelphia Museum of Art (2012) ; Serpentine Gallery, Londres (2010-2011) ; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; Centre for Curatorial Studies, Bard College, New York (2009 - 2010) ; Irish museum of modern art (2009) Kunsthalle Zürich (2009) et Centre Pompidou.

     

     

     

    Notes:

    Transcription pour piano à quatre mains de Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux d'Igor Stravinski, 1911, interprété par Mikhaïl Rudy.

     

     

     
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       « Je suis une messagère sans messages »

     

        Cités immobiles comme suspendues dans l'espace, cités foudroyées, cités brûlées, cités à peine éclairées par le mouvement pendulaire de quelques ampoules, telle est "Continents noirs", l'installation d'Annette Messager à la Galerie Marian Goodman.

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 1Continents noirs, Annette Messager

     

     

     

     

        Le balancement des lampes et les grincements des petits moteurs qui les animent rythment le temps. Sur les murs blancs, la danse des ombres fait naître un monde cauchemardesque. Tout cela donne l'illusion de mouvement, de dérive, alors que les sculptures sont immobiles. 

     

     

     


    Continents noirs, Annette Messager par Palagret

     

     

       Comme survivantes d'un terrible cataclysme, Tchernobyl, Fukushima, erreurs humaines ou feu divin, les cités obscures recouvertes d'aluminium noir se voient à peine. Dans ce théâtre funèbre, on distingue des villes convulsées, des gratte-ciels et des pyramides renversés, des rails arrachés, des cheminées de centrales atomiques mortes. Les formes géométriques extravagantes créent des villes dystopiques, images d'un désastre annoncée. On croit y voir aussi des formes animales, des foetus carbonisés, des vampires ou des monstres nés du jeu des ombres.

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 5Continents noirs, Annette Messager

     

     

       Ici pas de poupées démembrées, de peluches décapitées ou d'objets disloqués comme dans les oeuvres précédentes. L'installation se compose de sculptures noires accrochées au plafond et de petits moteurs balançant des ampoules éclairant les formes par intermittence.

     

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 0Continents noirs, Annette Messager

     

     

       Annette Messager, s'inspirerait de l’univers des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Elle joue ici avec les codes du fantastique et de la science fiction, pour nous parler de notre monde menacé d'un cataclysme inévitable

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 3Continents noirs, Annette Messager


     

       Comme beaucoup d'oeuvres d'Annette Messager, "Continents noirs" est une installation macabre en accord avec "Mes transports", l'installation présentée au rez-de-chaussée de la galerie Marian Goodman.

     

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 6Continents noirs, Annette Messager


     

      "Continents noirs" est aussi le titre générique d'une exposition d'Annette Messager à Strasbourg en 2012.

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 7Continents noirs, Annette Messager


     

     

     

    Annette Messager, Mes transports, Continents noirs

    Du 13 novembre au 21 décembre 2013

    79 rue du Temple Paris

     

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 9Continents noirs, Annette Messager


     

     

    Liens sur ce blog:

    Umberto Eco au Louvre, vertige de la liste, Annette Messager

    Art contemporain, catégorie art rigolo mais inquiétant

     

     

     

    Une interview d'Annette Messager de 1995

     

     

    Annette Messager Continents Noirs Goodman 4Continents noirs, Annette Messager


     

     

     

     

    Palagret

    art contemporain

    décembre 2013

     

     

     

     
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       On voit de nombreux vases décorés de tags et dessins dans l'exposition The political line dédiée à Keith Haring. Ces vases et certaines sculptures ont été réalisées en collaboration avec LA II, aka Angel Ortiz, un jeune graffitiste du Lower east side New-Yorkais.

     

     

    Keith Haring political line vase TV 2Vase décoré de tags par Keith Haring et La II

     

     

       Dès les années 80 Keith Haring remarqua le travail d'un street-artist qui se révéla être un jeune garçon de 13 ans. A partir de leur rencontre Keith Haring et  LA II, aka Angel Ortiz, collaborèrent pendant près de six ans. Plus Keith Haring devient célèbre, plus LA II est oublié et nombre de ses oeuvres ont été exposées et vendues sous le seul nom de Keith Haring. Aujourd'hui Little Angel le partenaire silencieux (silent partner) de Keith Haring demande à être reconnu.

     

     

    Keith Haring political line 3 vases décorés LA2Untitled, 1981-1982, vases de Keith Haring et La II

     

     

       Richard Hambleton, un ami de Keith Haring, déclare: " "LA II a appris à Keith à remplir les espaces blancs sur la toile et son art a alors atteint un nouveau niveau."

     

     

    Keth Haring LA II affiche affiche avec les deux noms de Keith Haring et LA II

     

     

     

        On retrouve sur les vases toute l'iconographie de Keith Haring: le bébé rayonnant (radiant baby), le chien aboyant (barking dog), le serpent, l'écran de télévision, les silhouettes dansantes, l'intrication des dessins etc ...

     

     

     

    Keith-Haring-political-line-Michel-Ange-30552.jpgBuste du David de Michel-Ange revisité par Keith Haring et La II

     

     

       Les vases de forme traditionnelle en terre cuite ou en fibre de verre sont couverts de tags très contemporains. Keith Haring et La II se moquent ainsi de la culture classique, comme avec le buste du David de Michel-Ange. Orné d'un entrelac de lignes noires sur fond rouge et de beaux cheveux verts la sculpture emblématique de l'art occidental devient comique.

     

     

    Keith Haring political line vase TVUntitled, 1981, vase orné de dessins or de Keith Haring et La II

     

     

    Dossier de presse:

    Keith Haring, virtuose du dessin, a étudié à la School of Visual Arts à New York. Génie de la ligne, travailleur incessant et rapide, il a énormément produit, réalisant ses œuvres en écoutant de la musique. Il a utilisé de multiples supports et eu recours aux medias de son époque allant jusqu’à commercialiser des produits dérivés dans son célèbre Pop Shop à partir de 1985.

     

     

     

    Keith Haring political line vase serpentUntitled, vase au serpent de Keith Haring et La II

     

     

     

    Avec près de 250 œuvres réalisées sur toile, sur bâche ou dans le métro, - dont une quinzaine de grands formats seront exposés au CENTQUATRE, cette exposition est l’une des plus importantes jamais réalisées sur cet artiste.

    Keith Haring fut l’un des artistes les plus célébrés de son époque, et aujourd’hui encore tout le monde connaît son style incomparable et son répertoire de signes emblématiques. Il a été exposé avec Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Jenny Holzer et Daniel Buren, dès la Documenta 7 en 1982 et dans des musées et biennales du monde entier.

     

     

     

    Keith Haring political line vase décoré 3Untitled, vase de Keith Haring et La II

     

     

     

    Les messages et les idées politiques qu’il a véhiculés ne constituent pas seulement une part de son héritage, mais ont considérablement influencé les artistes et la société. Ses « subway drawings » réalisés dans le métro, ses peintures, ses dessins et sculptures, étaient porteurs de messages de justice sociale, de liberté individuelle et de changement. Icône du Pop art, artiste subversif et militant, Keith Haring a multiplié les engagements tout au long de sa vie : très jeune, il était animé par une envie de transformer le monde.

     

     

     

    Keith Haring political line 3 vases décorésUntitled, 1981-1982, vases de Keith Haring et La II

     

     

     

     

    En utilisant délibérément la rue et les espaces publics pour s’adresser au plus grand nombre, il n’a cessé de lutter contre le racisme, toutes sortes d’injustice et de violence, notamment l’Apartheid en Afrique du sud, la menace nucléaire, la destruction de l’environnement, l’homophobie et l’épidémie du sida (dont il est mort non sans avoir créé une fondation caritative au profit de la lutte contre la maladie). Le parcours de l’exposition rend compte de ses prises de position critiques.

     

     

     

     

    Keith Haring, The political line

    19 avril - 18 août 2013

    Musée d'art moderne de la ville de Paris

     

     

     

     

    Keith Haring political line vase décoré bébé 4Untitled, amphore de Keith Haring et La II

     

     

     

    La non-reconnaissance de LA II

     

     

     

    Liens sur ce blog:

    Keith Haring et LA II

    Keith Haring: les dix commandements au 104

    Keith Haring: Jésus l'enfant rayonnant de l'église Saint-Eustache

      Keith Haring: un ballon à la parade de Thanksgiving à New-York

     
    Palagret
    août 2013
    art contemporain

     

     
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