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       Les couleurs franches de Krijn de Koning, rouge, jaune, vert, tranchent avec les murs de pierre beige de l'ancien entrepôt de Pompes Funèbres devenu le Cent-Quatre. Une note joyeuse dans un lieu qui ne le fut pas.

     Krijn de Koning investit la halle Aubervilliers avec ESPACE-COULEURS, des "pièces-sculptures" interconnectées où déambule le visiteur. Œuvre in situ, les constructions géométriques forment un labyrinthe coloré qui interroge l'espace.

     

    De Koning au 104 

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures" entrée de l'installation

    Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

       Une promenade ludique qui amuse beaucoup les enfants qui courent entre les portiques, s'aventurent dans les pièces obscures et grimpent le petit escalier pour découvrir une petite maquette en y passant la tête. Une petite pièce éclairée par un vitrail art nouveau propose des éléments de bois à arranger comme on veut, comme un jeu de construction. Les adultes suivent les enfants, désorientés quelques secondes par l'enchevêtrement des pièces et les perspectives multiples.

     

     

    De Koning au 104

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

       "Espaces architecturaux, objets sculpturaux ou maquettes, chacune des oeuvres de Krijn de Koning entre en dialogue avec l’espace préexistant. Ses travaux cherchent à rendre sensible la beauté des multiples aspects qui conditionnent notre environnement : la lumière, la couleur, les proportions, les personnes présentes, l’interaction avec le lieu, son usage, l’obstruction physique, la création d’espace et de perspective, les objets chargés de sens et la portée esthétique de certaines abstractions." 1

     

     

    De Koning au 104

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

    "La couleur a la faculté d’influencer la perception de la réalité qui nous entoure. C’est un moyen de pointer du doigt et de conditionner une réalité construite pour mettre en exergue un élément particulier et le laisser s’exprimer. Selon la situation, cet élément peut être beau, intéressant ou complexe." déclare Krijn de Koning. 1

     

     

    De Koning au 104

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

       Pour ses quinze pièces imbriquées, de Koning a utilisé des rails métalliques tenant la structure haute de trois mètres en extérieur et 4,20 mètres en extérieur, du plâtre et du bois, le tout badigeonné de 25 couleurs.
     

     

     

    De Koning au 104 

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", maquette à l'intérieur de l'installation

    Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

        Krijn de Koning a suivi l'enseignement de Daniel Buren à l’Institut des Hautes Études en Arts plastiques à Paris. Il vit et travaille à Amsterdam. De Koning a réalisé récemment des œuvres majeures pour la Triennale de Beaufort (BE) en 2009, la "Nieuwe Kerk" d’Amsterdam (NL) en 2010, le Musée des Beaux-Arts de Nantes (FR) en 2011, le Centre Luigi Pecci à Prato (I) en 2013, l’Edinburgh Art Festival (UK) en 2013, le Turner Contemporary à Margate (UK) et la Folkestone Triennal (UK) en 2014.

     

     

     

    De Koning au 104

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

    De Koning au 104 

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

    De Koning au 104

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

    Espace-Couleurs, installation éphémère, Krijn de Koning

    Du 10 janvier au 5 avril 2015

    Le CENTQUATRE

    5 rue Curial, Paris

     

     

    De Koning au 104 

    ESPACE-COULEURS, "pièces-sculptures", Krijn de Koning au Cent-Quatre

     

     

    Photos Palagret en Creative Common

     

     

     

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       Des canards, des Donald Ducks, exposés partout au milieu des chef d'œuvres de grands maîtres. Le célèbre canard prend la place des humains et rejoue les scènes iconiques de la peinture européenne: des peintures à l'huile pastichant Goya, Léonard de Vinci, Picasso, Manet, des sculptures pastichant la Louve romaine ou Rodin, des pièces archéologiques comme un canard momifié, un portrait du Fayoum ou d'un militaire romain. Le Musée des Beaux-arts de Lille accueille l'ironique collectif interDuck qui nous présente une fausse archéologie, une histoire parallèle où les canards retrouvent leur rôle de premier plan, une place occultée par l'histoire officielle.


     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 

    Canard, portrait du Fayoum, Egypte romaine

    Musée des Beaux-arts de Lille

     

     

    "Nous pensons que ces canards existent vraiment et qu’ils sont à l’origine de notre civilisation. L’Histoire les a oubliés. C’est une grave erreur qu’il s’agit à notre avis de corriger. Nous souhaitons témoigner de leur art et le faire connaître au grand public. Le genre populaire de la fable, qui met en scène des animaux aux caractéristiques humaines pour donner une leçon de morale à ces derniers, existe depuis l’Antiquité. Mais ce n’est qu’au XXe siècle qu’apparaît une nouvelle forme d’expression, qui va connaître un succès foudroyant: la bande dessinée. C’est l’union des beaux-arts et de la littérature. Dans les bandes dessinées, plus question de morale ou de reproduction du réel, mais on raconte simplement des histoires qui se déroulent dans des mondes imaginaires, ou qui raillent un quotidien à peine déguisé. On y retrouve les animaux. À la différence toutefois que leur aspect et leur comportement sont humanisés et qu’ils possèdent des personnalités complexes avec notamment des caractéristiques négatives telles la cupidité, la propension à jouir du malheur des autres, la bêtise ou l’avarice, et ce sans aucune pointe moralisatrice." 1
     
     
     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 

    Canard non dévoilé à côté du Parlement de Londres (1904) de Claude Monet, Musée des Beaux-arts de Lille

     

     

    La découverte du squelette fossile du Duckaeopteryx par le collectif interduck attestent de la présence du canard dès la préhistoire. Les volatiles sont là, de la Renaissance à aujourd'hui, dans les œuvres de Bosch, de Vinci, de Watteau, de Delacroix, de Manet, de Monet, de Picasso. Ces peintres étaient-ils aussi des canards?

     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2 

    Pastiche de La lettre de Goya par le collectif interduck

    Musée des Beaux-arts de Lille

     

     

    "Au-delà du clin d’œil, nous prenons les modèles de nos œuvres au sérieux, dans le respect et l’admiration. Nous nous efforçons d’imaginer la pensée et la pratique des grands artistes du passé à travers l’étude approfondie des références historiques. Nos œuvres ne sont pas des manipulations numériques, mais de véritables peintures et sculptures, dans le souci de nous rapprocher non seulement de l’aspect, mais aussi de l’esprit et de l’aura des modèles." 1

     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2 

    La lettre de Francisco Goya (1814-1817), Musée des Beaux-arts de Lille

     

     
        L'histoire des canards est une uchronie, un récit divergeant où l'humanité devient animalité. Le collectif allemand s'inscrit dans une longue tradition de récits animaliers: les dessins de Grandville, les Fables de La Fontaine, Animal Farm de George Orwell (1945), La planète des singes de Pierre Boulle (1963) et des cinéastes Franklin Schaffner (1968), Tim Burton. Et bien sûr les courts métrages d'animation de Walt Disney et leur canard emblématique Donald Duck.  
     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2

    Canard en militaire égyptien, Musée des Beaux-arts de Lille

     

     
    Donald Duck, icône de la culture populaire, de la basse culture, nous incite à regarder les œuvres autrement grâce à une véritable histoire de l'art revisitée, érudite mais ludique. Le Musée des Beaux-arts de Lille va ainsi attirer un nouveau public jeune, comme pour la première édition de l'Open Museum (+ 80%).
     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2 

    Daisy, La jeune fille à la perle selon Vermeer, Musée des Beaux-arts de Lille

     

     

     Une exposition qu'aurait apprécié le Capitaine Cook, lui qui aimait tant les canards de bois trouvés lors de ses exporations de l'Océan Pacifique.


     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2 

    Daisy, La jeune fille à la perle selon Vermeer, non loin de la Mise au tombeau de Jan Pietersz Lastman (1612)

    Musée des Beaux-arts de Lille

     

     

    Artistes et membres actifs d'interduck:Prof. Dr. Eckhart Bauer, Anke Doepner, Prof. VolkerSchönwart, Rüdiger Stanko et Ommo Wille

     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2 

    Les deux femmes au vase bleu (1935) de Fernand Léger et un canard la tête en bas, Musée des Beaux-arts de Lille

     

    Open Air Muséum

    Chasse aux canards du 10 avril au 5 juillet 2015

    Musée des Beaux-Arts de Lille

     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2 

    L'ombre, bronze d'Auguste Rodin (1880), corps souffrant de la Porte de l'enfer

    Derrière, l'ombre du canard du collectif interduck, Musée des Beaux-arts de Lille

     

     

    Source:

    Dossier de presse

     

     

    Donald Duck à Lille: l'art du détournement 2

    L'ombre, canard écrasé par ses péchés, collectif interduck selon Rodin

    Musée des Beaux-arts de Lille

     

     

     

     

     

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           D'insolites guirlandes de boules multicolores attirent le regard à la sortie de la station de métro "Palais-Royal". Le Kiosque des Noctambules, clinquant comme un manège forain immobile, est composé de deux coupoles dessinées par Jean Michel Othoniel en l'an 2000.


    Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    bouche du métro Palais-Royal
     

       Une coupole est solaire avec des perles géantes aux tons chauds, couronnée d'un personnage en verre soufflé, le soleil (?).


    Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    La coupelle aux teintes chaudes et la coupelle aux teintes froides


        L'autre coupole est lunaire avec des teintes froides, couronnée d'un personnage violet la lune (?). Soutenues par des piliers de fonte d'aluminium, les deux coupoles forment un huit, symbole d'éternité.


    Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    le soleil



         Les côtés de l'édicule sont faits d'une résille d'anneaux de métal martelé, incrusté de verre coloré. Un petit banc permet aux arpenteurs de la nuit ou du jour de se retrouver.


    Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    Le banc


     

    Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    Anneaux martelés et verre de couleur



        En descendant l'escalier vers le métro, on découvre la deuxième partie de l'installation. Répondant au kiosque aérien, deux reliquaires sont creusés dans le mur du souterrain, face à face. Comme des vitrines de bijoutier, encadrées d'une bordure de métal très art nouveau, ils présentent  un amas de perles colorées. Le couloir est sombre et les bijoux de pacotille luisent doucement, loin de l'exubérance de la surface. En bas le mystère, en haut l'éclat du jour.


    Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    Perles colorées dans une vitrine encastrée dans le mur



        Le voyageur sortant des entrailles de la terre lève la tête vers un ruissellement de pierreries. Les légères couronnes donnent un air de fête à une simple bouche de métro. Le kiosque des noctambules est un bijou géant posé sur le pavé. Il illumine  les sévères façades qui entourent la place Colette.

        C'est une touche baroque défiant le classicisme des immeubles parisiens du XIXè siècle. La rue de Rivoli n'est pas loin avec ses arcades parfaitement alignées, toutes de retenue et de sobriété. Baroque et kitsch, refusant le bon goût, le Kiosque des Noctambules ré-enchante un monde de grisaille.


        La nouvelle sortie de métro "Palais-Royal" est un écho aux arabesques art nouveau d'Hector Guimard. Au début du vingtième siècle, Guimard dessina les bouches d'entrée du nouveau métropolitain. Au début du vingt-et-unième siécle, pour le centenaire du métro, Jean-Michel Othoniel remporte le concours de la RATP. Délaissant les matériaux de prédilection de son prédécesseur, la fonte et la pierre,  il opte pour le verre et le métal. Le verre, né du feu, est un matériau fragile qu'on rencontre assez peu dans l'art contemporain, surtout dans l'espace public.

     
      Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    Anneaux martelés et verre de couleur

     

        A partir d'une maquette, Othoniel a travaillé en collaboration avec des verriers de Venise pour obtenir ces perles translucides de verre soufflé.

        Jean-Michel Othoniel, né en 1964, a exposé nombre de colliers géants et de délicates constructions aux noms poétiques: paysage amoureux (1997), le collier infini (1998), La Fontaine du plaisir et des larmes (2001), Necklace of paradise (2002), Pluie d'or (2002), le bateau de larmes (2004) , la Couronne des coeurs renversés, la mât des Utopistes (2004) etc ... Le kiosque des noctambules s'est d'abord appelé « L’Impertinente ».



    Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
    vers le théâtre de la Comédie Française

     


        Non loin de là, dans la cour du Palais Royal, les sévères colonnes de Daniel Buren  semble vouloir quadriller le monde, le contrôler. Dans une deuxième cour, Sphérades, les fontaines de Pol Bury reflètent les nuages du ciel parisien.


        Un peu plus loin, le ministère de la Culture est enveloppé d'une résille métallique dessinée par Francis Soler.





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    Catherine-Alice Palagret
    Texte et photos

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        Voir un homard géant suspendu au plafond doré du salon de Mars ne manquera pas de faire rire ceux qui apprécie l'initiative de confronter le baroque du Roi-Soleil au baroque du roi du néo-pop
     
     
     

     
    Lobster  de Jeff Koons à Versailles

     

        Il faudrait créer une nouvelle catégorie pour l'art contemporain: l'Art Rigolo. L'art qui amuse, au premier degré, sans doctes analyses et références historiques, même si les artistes n'ont rien d'innocent ou de naïf. Un art d'esbroufe et de dérision qui se moque de l'esprit de sérieux, un art dangeureusement proche de Disneyland.
     
       La confrontation de l'art contemporain à des lieux historiques accentue la provocation et le dérisoire de l'art d'aujourd'hui.

     

          Bien que la concurrence soit rude, Jeff Koons gagne le premier prix de l'art rigolo toute catégorie. Son Puppy de Bilbao rencontre un grand succès chez les touristes. Dernier en date, Split-Rocker à Versailles peut s'attendre au même accueil.
     

     

     
    Split-Rocker de Jeff Koons, à Versailles

     


         Puériles, cartoonesques, caricaturales, faciles, kitsches, toutes ces oeuvres sont attrayantes au premier regard. Elles suscitent souvent l'hostilité des "amateurs d'art". Ainsi l’Union Nationale des Écrivains de France demande à la ministre de la Culture, Christine Albanel, d'annuler la venue de Jeff Koons à Versailles. La culture française serait en grand danger! Si Versailles est un haut lieu de l'histoire française, la décoration rococo du château n'est pas exempte de mauvais goût et les plaisanteries de Jeff Koons s'accorderont à merveille avec les dorures surchargées des salons. Jeff Koons expose ses oeuvres au château de Versailles du 10 septembre 2008 au 4 janvier 2009.

        La plupart de ces artistes rigolos ont en commun de faire dans le gigantisme, comme si pour se faire entendre il fallait crier très fort. L'art pop, s'inspirant du surréalisme, joue sur les changements d'échelle, d'environnement et de texture, le détournement d'objets banals transformés en icônes. La plupart de ces oeuvres sont exposées en plein air et sont vite adoptées par un public qui apprécie aussi Disneyworld.
     
     
     
     
     

     

    Palagret
    art contemporain
    août 2008
     
     

     

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       Le poème Express N°00363 de Lucien Suel, affiché dans la rue, devient un poème visuel, une forme de street-art.

     

    Lucien Suel, caviardage de mots, poème express 

    poème Express n° 00363 de Lucien Suel

     

     

       Sur l'affiche raturée, seules trois phrases incomplètes ne sont pas biffées:

    Nous n'allons pas passer notre vie

    Nous avons autre chose à faire.

    C'est merveilleux!

     

     

    Lucien Suel, caviardage de mots, poème express

    poème Express n° 00363 de Lucien Suel

     

     

        Tous ces mots rayés font penser aux lettres censurées des prisonniers ou aux rapports expurgés d'informations essentielles mais secrètes.

     

     

     

    Lucien Suel, caviardage de mots, poème express

    poème Express n° 00363 de Lucien Suel

     

     Comme les dadaïstes et les participants de l'Oulipo, Lucien Suel pratique le caviardage. C'est un jeu littéraire où l'auteur choisit une contrainte. il s'agit ici de biffer les mots d'un texte imprimé afin d’obtenir un autre texte, un autre sens. En 1969, George Pérec décida lui d'écrire "La disparition" un roman où ne figurait pas la lettre E.

     

     

    Lucien Suel sur wikipedia

     

     

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        Les mères dévorantes de Niki de Saint-Phalle succèdent aux Mariées, aux Accouchées et aux Nanas. Exposées dans un écrin rouge, elles semblent, à première vue, innocentes. En y regardant de plus près, on s'aperçoit que les respectables dames prenant le thé chez Angelina dégustent non des gâteaux mais un bébé humain désarticulé et un bébé crocodile.

     

     

    Niki de Saint-Phalle méres dévorantes Thé Angelina 70817 

    Le thé chez Angelina, polyester peint, 1971,

    Niki de Saint-Phalle, Grand Palais

     

     

          Corps lourd de matrone et collier de perles, ces respectables dames sont des mères cannibales étouffant leurs propres enfants. Grotesques et terrifiantes à la fois, elles illustrent l'ambivalence des sentiments de Niki envers sa famille, une famille bourgeoise très stricte ... en apparence, avec un père incestueux et une mère colérique peut-être complice.

     

     

    Niki de Saint-Phalle méres dévorantes Thé Angelina 70816 

    Le thé chez Angelina, polyester peint, 1971,

    Niki de Saint-Phalle, Grand Palais

     

     

        "Lorsque je fis la série de sculptures que j'appelai "Les mères dévorantes", Maman m'interrogea: "Chérie, j'espère que ce n'est pas moi?" Je lui répondis par un mensonge: "Oh non pas du tout." Puis je commençai à réfléchir: nous sommes toutes des mères dévorantes. Maman m'a dévorée et moi à mon tour je dévore mes enfants."

     

     

    Niki de Saint-Phalle méres dévorantes La Toilette 70825 

    La Toilette, papier collé peint et objets divers, Niki de Saint-Phalle, 1978

     

     


        La Toilette (1978) représente la mère haïe et à la fois chérie. " Je ne voulais pas totalement rejeter ma mère. J'ai gardé d'elle certaines choses précises qui m'ont procuré beaucoup de plaisir - mon amour des vêtements, de la mode, des chapeaux, des déguisement , des miroirs (...) Toutes ces choses, je les ai reçues en partage et elles m'ont aidé a rester en contact avec ma féminité. Ma mère, cette merveilleuse créature dont j'étais un peu amoureuse (quand je n'avais pas envie de la tuer) je la voyais comme prisonnière d'un rôle imposé. Un rôle qui se transmettait de génération en génération selon une tradition jamais remise en question."

     

       Le thème de la femme à sa toilette a donné lieu à beaucoup de tableaux sensuels célébrant la féminité. Dans la sculpture de Niki de Saint-Phalle, la femme aux bigoudis est caricaturale. Son visage blafard ressemble à une tête de mort: orbites rondes nez triangulaire, bouche rouge. Sur la table de toilette, au milieu des plumes, des fleurs et des bijoux, un crâne miniature et une poupée démembrée. La scène est une vanité; elle représente la vanité de la femme qui se maquille pour plaire. Mais c'est aussi une vanité au sens classique, un memento mori. La beauté et la jeunesse sont éphémères. La mort rôde.

     

     

    Niki de Saint-Phalle méres dévorantes La Toilette 70826 

    La Toilette, papier collé peint et objets divers, Niki de Saint-Phalle, 1978

     

     

        "Vous étiez très belle, ma mère. Votre beauté et votre charme (quand vous vouliez bien vous en servir) étaient magiques. Vous auriez pu être une grande actrice, ma mère. Comme vous étiez théâtrale!"

     

     

     

    Niki de Saint-Phalle méres dévorantes La Toilette 70827 

    La Toilette, papier collé peint et objets divers, Niki de Saint-Phalle, 1978

    memento mori


     

     

         "Enfant je ne pouvais pas m'identifier à ma mère, à ma grand-mère, à mes tantes ou aux amies de ma mère. Un petit groupe plutôt malheureux. Notre maison était étouffante. Un espace renfermé avec peu de liberté, peu d'intimité. Je ne voulais pas devenir comme elles, les gardiennes du foyer, je voulais le monde et le monde alors appartenait aux HOMMES. Une femme pouvait être reine mais dans sa ruche et c'était tout. Les rôles attribués aux hommes et aux femmes étaient soumis à des règles très strictes de part et d'autre." 2

     

     

     

    Niki de Saint-Phalle méres dévorantes Promenade -copie-1 

    La promenade du dimanche, polyester peint, Niki de Saint-Phalle 1989

     

     

        La banale promenade du dimanche est la scène la plus grinçante. Maman et Papa, petits bourgeois mornes, ont l'air bien inoffensif. Pourtant le père tient en laisse l'enfant chérie, une grosse araignée noire, une enfant dangereuse mais dominée, prisonnière et aimée ... d'une certaine façon. Scène grotesque et terrifiante une fois encore.

     

      Louise Bourgeois voyait dans la famille un milieu mortifère où régnait un père haï. L'araignée représentait la mère soumise et industrieuse. Pour Niki de Saint-Phalle, l'araignée symbolise la souffrance de l'enfant abusée et pourtant fièrement exhibée. On pense à la nouvelle de Richard Matheson "Journal d'un monstre": un enfant mutant rejeté par ses parents y raconte sa haine et son désespoir d'être différent. Niki de Saint-Phalle s'est voulue différente, elle a refusé de se laisser écraser par un milieu bourgeois et des parents dévorants.

     

     

     

    Niki de Saint-Phalle méres dévorantes Promenade du Dimanc 

    La promenade du dimanche, polyester peint, Niki de Saint-Phalle 1989

     

     

     

    Niki de Saint-Phalle

    Grand Palais de Paris

    du 17 septembre 2014 au 2 février 2015

     

     

     

     

    Liens sur ce blog:

    *- Niki-de-saint-phalle-la-cabeza-une-tete-de-mort-creuse-ou-se-reposer

    * Niki de Saint-Phalle, arbre de vie, fontaine au serpents au Grand Palais, Paris

    * - Niki de Saint-Phalle, Tinguely et Jef Aerosol à la fontaine Stravinski, vidéo

     * Street-art et vandalisme devant la fontaine Stravisky

     Jef Aérosol, Tinguely et Niki de Saint Phalle à la fontaine Stravinski à Beaubourg

    * L'araignée géante de Louise Bourgeois aux Tuileries

     

     

    Palagret

    art contemporain et féminisme

    janvier 2015

     

    Sources:

    Dossier de presse

    1- Lettre de Niki à sa mère

    2 - lettre à Pontus Hulten, 1991

     

     

     

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    “Mes dessins n'essayent pas d'imiter la vie; ils essaient de créer la vie, d'inventer la vie"

     

     

    Totems de Keith HaringKeith Haring, Totem

     

     

    Des graffiti du métro aux street-art, des tableaux aux sculptures, Keith Haring a eu une carrière météorique. Voici deux totems vus au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (MAM).

     

    Totems de Keith HaringKeith Haring, Totem

     

     

    Totems de Keith HaringKeith Haring, Totem

     

     

    Totems de Keith HaringKeith Haring, Totem

     

     

    Totems de Keith HaringKeith Haring, Totem

     

     

    Exposition Keith Haring

    The political line

    Musée d'art moderne de la ville de Paris

    Du 19 avril au 18 août 2013

     

     

    Totems de Keith Haring

     

     

    Liens sur ce blog:

    Keith Haring et LA II

    Keith Haring: les dix commandements au 104

    Keith Haring: Jésus l'enfant rayonnant de l'église Saint-Eustache

     

     

    Textes sur Keith Haring

     

     

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         - Les plasticiens qui travaillent le néon et surtout ceux qui se servent de lettres aiment bien nous asséner des sentences déprimantes. Loin des installations poétiques de Dan Flavin, Cerith Wyn Evans le Gallois nous dit: "In girum imus nocte et consimimur igni", (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu!). Il s'amuse avec ce palindrome disposé en anneau sans fin mais la citation latine n'a rien de joyeux. Jouant avec des textes littéraires ou de simples mots, Il nous dit aussi "Nowhere", "In praise of shadow", "Once upon a time ... The End" ou "Eclipse".

     

     

     

    neon-Cerith-Evans.jpg"In girum imus nocte et consimimur igni", néon de Cerith Wyn Evans

     

     

         En 1983, Bruce Nauman lui aussi dispose un néon en cercle. En lettres de couleur, il y égrène les temps forts de notre existence: “Life Death Love Hate Pleasure Pain” (Vie mort amour haine plaisir douleur). Nauman a réalisé plusieurs sculptures de néon sur le même thème.

     

      

    Cerith Wyn Evans Eclipse 2005 néonEclipse, néon noir de Cerith Wyn Evans

     

     

         En 2011, l'écossais Douglas Gordon écrit: "Every time you switch me off, we die a little" (A chaque fois que vous m'éteignez nous mourrons un peu). En effet, allumer et éteindre un néon réduit sa durée de vie. Plus sérieusement, le temps est à l'oeuvre et nous mourrons peu à peu.

     

     

     

    Douglas Gordon néon I die"Every time you switch me off, we die a little", néon de Douglas Gordon, 2011

     

     

     

       Autre joyeuse déclaration testamentaire, le néon du mexicain Stefan Brüggemann: "This work should be turn off when I die" (cette oeuvre devra être éteinte à ma mort).

     

     

     

    Bruggemann-neon-when-I-die.jpg"This work should be turn off when I die", 2010, néon de Stefan Brüggemann

     


     

         En 1985, Alfredo Jaar, citant le roman de Gabriel Garcia Marquez, écrit: "Cien anos de soledad (No realmente)". "Pas vraiment", écrit en lettres rouges et en majuscules, remet ironiquement en doute la notion de solitude.

     
     

    Alfredo-Jaar-neon-soledad.jpg"Cien anos de soledad (no realmente)", néon blanc et rouge d'Alfredo Jaar

     

     

     

         L'écossais Nathan Coley écrit sur un grand panneau "There will be no miracle here" non en lettres de néon mais en ampoules blanches vouées à disparaître, remplacées par les ampoules basse consommation et les leds. Le néon lui aussi, trop gourmand en énergie, disparaîtra. Que deviendront les sculptures de néon si on ne trouve plus de lampes?

       

       Réponse avec une oeuvre du plasticien français Alberola: Rien. Un néon qui ressemble à un crâne. Vanité des vanités, tout est vanité. L'Ecclésiaste trouve un écho dans l'art contemporain.

     

     

    Alberola-rien-neon.jpgRien, néon de Jean-Michel Alberola 2011

     

        Pour ne pas perdre tout espoir disons que l'espérance tient à un fil: "L'espérance à un fil" d'Alberola.


     

    Alberola-esperance-fil-neon.jpg"L'espérance à un fil" d'Alberola, néon de 2007

     En reflet, "tout sauf rouge" de Su-Mei Tse, 2009

     

      

       Un plasticien doit être pessimiste pour être pris au sérieux. Il n'ose écrire "j'aime les jolies fleurs" ou des mots d'amour. Trop niais. L'anglaise Tracey Emin a produit de nombreuses oeuvres trash; elle peut se permettre des néons outrageusement sentimentaux: "Just love me", "You forgot to kiss my soul", "Kiss me - kiss me - cover my body in love", "It was just a kiss", etc ... En même temps,Tracey Emin produit des néons moins poétiques: "People like you like to fuck people like me".

     

     

     

    Tracey-Emin--Just-love-me--neon.jpg"Just love me", néon rose de Tracey Emin, 1998

     

       

     

     

    Liens sur ce blog:

     

    Tracey Emin illumine Times square de néons romantiques pour la Saint-Valentin

     

    Tracey Emin, Love is what you want, un impudique journal intime à la Hayward Gallery

     

    Dan Flavin et la lumière vibrante

     

    Joseph Kosuth au Louvre en octobre 2009: "ni apparence ni illusion"

     

    1- Néon et art contemporain, lumière vibrante: écritures

     

    Sound of Silence d'Alfredo Jaar aux Beaux-arts, le vautour et l'enfant

     

    Nuit Blanche 09 sans miracles: Nathan Coley, "There will be no miracles here"

     

     

     

     

     

     

    Palagret

    néon et art contemporain

    janvier 2014

     

     

     

     

    Mots clés: néon, neon sculpture, mort, pessimisme 

     

     

     

     

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  •    Un arbre de vie-
    fontaine aux joyeuses couleurs est exposé à l'entrée de l'exposition de Niki de Saint-Phalle au Grand Palais. Cette hydre est composée de sept serpents qui forment les sept branches de l'arbre. La sculpture crache de fin jets d'eau qui éclaboussent le revêtement de miroir et de céramiques colorées et le font briller. Les serpents avec leur gueule ouverte n'ont rien d'inquiétants, ils ont l'air tout à fait amical.



    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 6Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987
    résine synthétique recouverte de miroirs, pâtes de verre, céramique et feuilles d'or
     


    «Pour moi, ils représentaient la vie même, une
    force primitive indomptable. En fabriquant moi-même des serpents, j’ai pu transformer en joie la peur qu’il m’inspiraient. Par mon art, j’ai appris à dompter et à apprivoiser ces créatures qui me terrorisaient»


         Dans son histoire personnelle (Niki est violée par son père à l'âge de douze ans), le serpent est d'abord maléfique mais elle réussit à se reconstruire et le serpent devient un animal joyeux.
    Le symbole du serpent existe dans de nombreux mythes. Tantôt il est maléfique et craint, incarnant le péché dans la bible et la Vierge le foule aux pieds. Tantôt il est bénéfique et révéré comme un dieu au Mexique.
     
     
     
     
    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 4Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987, devant le Grand Palais
     
      
     
       Niki de Saint-Phalle a souvent représenté des reptiles.  Le serpent noir et blanc du Jardin des  Tarots en Toscane est sinistre. Avec l'eau et l'arbre, les serpents deviennent des symboles de vie et d'énergie. Il y a un reptile qui tourne sur lui-même dans la fontaine Stravinski à Beaubourg. Les sculptures colorées aux formes arrondies voisinent avec les sculptures noires de Jean Tinguely.
     
     
     
    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 2Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987, devant le Grand Palais



       L'arbre de vie-fontaine du Grand Palais est placé au centre du bassin de Raoul Larche (1912). Les tortues, les nymphes et les angelots (ou les enfants et les adolescentes représentant la Seine et ses affluents), assis sur la margelle, se penchent gracieusement vers le miroir d'eau. De facture art nouveau, les personnages de marbre blanc entourent l'arbre aux serpents multicolores de Niki de Saint-Phalle. Les deux styles s'allient dans une même innocence exubérante.


    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 5Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987, devant le Grand Palais
       


          Avec cette sculpture mosaïque,
    Niki de Saint-Phalle est proche de Gaudi qu'elle admirait.       "En 1955 je suis allée à Barcelone. Là j'ai vu le magnifique parc Guëll de Gaudi. J'ai rencontré à la fois mon maître et ma destinée. Je tremblai. J'ai su qu'un jour je devrai construire mon propre Jardin de la Joie. Un petit coin de Paradis. Une rencontre entre l'homme et la nature. 24 ans plus tard j'allai m'embarquer pour la plus grande aventure de ma vie, le Jardin des Tarots."


    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 8Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987, devant le Grand Palais
     



      De nombreuse sculptures de
    Niki de Saint-Phalle sont en plein air et accessibles librement: 

    - la
    Fontaine Stravinsky à Paris.

    - Sun God à San Diego.
    -
    Le Monstre du Loch Ness à Nice.
    - La
    Fontaine de Château-Chinon. - L’Ange protecteur de la Gare de Zurich.
    - A Bâle
    - A Stockholm etc ...
    - A Jérusalem



    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 1Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987, devant le Grand Palais


     

     


    " J’aime le rond. J’aime le rond, les courbes, l’ondulation, le monde est rond, le monde est un sein. Je n’aime pas l’angle droit, il me fait peur. L’angle droit veut me tuer, l’angle droit est un assassin. L’angle droit est un couteau, l’angle droit c’est l’enfer. Je n’aime pas la symétrie. J’aime l’imperfection. Mes cercles ne sont jamais tout à fait ronds. C’est un choix, la perfection est froide. L’imperfection donne la vie, j’aime la vie. J’aime l’imaginaire comme un moine peut aimer Dieu. L’imaginaire c’est mon refuge, mon palais l’imaginaire est une promenade à l’intérieur du carré et du rond. Je suis une aveugle, mes sculptures sont mes yeux. L’imaginaire est l’arc-en-ciel, le bonheur est l’imaginaire, l’imaginaire existe. " 1





    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 7Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987, devant le Grand Palais






    Niki de Saint-Phalle
    Du 17 septembre 2014 au 2 février 2015
    Galeries nationales du Grand Palais





    Niki de Saint-Phalle arbre de vie fontaine 9Arbre de vie-fontaine, Niki se Saint-Phalle, 1987, devant le Grand Palais






    Liens sur ce blog:
     

    * - Niki de Saint-Phalle: de grotesques mères dévorantes au Grand Palais

    * - Niki de Saint-Phalle, Tinguely et Jef Aerosol à la fontaine Stravinski, vidéo

     Une vierge au serpent

    Tinguely et Niki de Saint Phalle à la fontaine Stravinski à Beaubourg




    Palagret
    sculpture-fontaine
    janvier 2015







    . Source: 1- Dossier de Presse




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  •  

      Une histoire de cochon

     

        Comme Marcel Duchamp qui exposait un urinoir, un porte-bouteille ou une roue de vélo, Jeff Koons utilise des objets ou des images préexistantes. A la différence des ready-made de Duchamp, les sculptures de Jeff Koons reproduisent les objets et images choisis en une taille et un médium différent. Le bibelot de plâtre bon marché de Michael Jackson devient une grande porcelaine dorée, le lapin de Pâques gonflable devient un lapin en acier inoxydable etc ... 

     

     

     

    Koons Beaubourg Fait d'hiver 7Fait d'Hiver, sculpture de Jeff Koons, 1988

    Porcelaine, 49,5 x 160 x 80. Edition de 3

     

     

        Pour cause de "contre-façon", une sculpture de Jeff Koons vient d'être retirée de l'exposition à Beaubourg. "Fait d'Hiver" présente un cochon et deux pingouins venant au secours d'une femme allongée dans la neige. C'est clairement la reproduction d'une photo de Franck Davidovici, publié dans un magazine pour une campagne Naf-Naf dans les années 1980. Dans la photo, le buste de la femme est coupée, ce qui correspond au cadrage. Dans la sculpture en porcelaine le buste est aussi coupé ce qui est très étrange et ne correspond à aucune représentation classique. D'habitude, on voit soit le buste entier soit seulement la tête et le cou; un morceau de corps ainsi délimité, et allongé sur le sol, est bizarre et même malsain faisant penser à un corps massacré par un sérial-killer. La partie du corps tranché est blanche pour bien souligner l'absence. Koons nous fait réfléchir à l'arbitraire d'un cadrage photo et à la bizarrerie morbide teintée de sexualité de la publicité Naf-Naf. Le plasticien américain prétend ne mettre aucune ironie dans ses oeuvres.

     

     

    Koons-fait-d-Hiver-Naf-naf-2.jpg Fait d'Hiver, photo de Franck Davidovici, publicité Naf-Naf

     

     

         Chez Koons, la femme brune allongée porte des lunettes de soleil et des bracelets de fleurs aux poignets, sa blouse en résille mets en valeur ses seins. Dans la photo de Franck Davidovici, le cochon rose porte un tonnelet comme les Saint-Bernards qui secourent les blessés dans la neige et son museau effleure la chevelure de la femme. Chez Koons le cochon a en plus un collier de fleurs autour du cou et il est encadré de deux manchots pour sursignifier le froid. Les deux oeuvres s'intitulent "Fait d'Hiver". En français, il y a un jeu de mot avec fait divers, une allusion à l'accident ou au meurtre. Koons perçoit-il le double sens en gardant le titre d'origine?

       
        La photo en noir et blanc et la sculpture polychrome "Fait d'Hiver" sont toutes deux étranges et ambigues mais plus drôle chez Koons.

     

     

     

    Koons Beaubourg Fait d'hiver 2Fait d'Hiver, sculpture de Jeff Koons, 1988

    Porcelaine, 49,5 x 160 x 80. Edition de 3

    `

     

      La sculpture de Jeff Koons "Fait d'Hiver" est ainsi décrite dans un catalogue de vente américain: "En juxtaposant un fort élément sexuel à la douceur sucrée de bibelots décoratifs, Koons produit une version style Walt Disney d'un fantasme érotique. ... Cette combinaison dérangeante identifie une faim primale au coeur du consumerisme américain, et suggère que toute la culture de masse, que ses produits soient sordides ou propres, fonctionne comme une séduction commerciale. En promouvant ces bibelots domestiques au statut de chef-d'oeuvres de musée, Koons rend floue la frontière entre l'art et la décoration, la vraie sculpture et le kitsch de tous les jours". 1
     

     

       Une description qui s'applique à beaucoup de sculptures de Jeff Koons comme "Pink Panther" ou "Bear and the policeman". D'horribles bibelots vendus dans les boutiques de souvenirs décorent les maisons des classes moyennes américaines. Manufacturés par milliers, ils tiennent lieu d'oeuvres d'art pour beaucoup et Koons interroge ainsi la notion de mauvais goût et d'art digne d'être exposé dans un musée.

     

     

           Koons aime beaucoup les cochons. En 1988, une sculpture montre Saint-Jean Baptiste portant un cochon au groin doré et un oiseau sur son bras gauche. Sa main droite pointe vers le ciel comme dans le tableau de Leonard de Vinci. Un mélange de sacré et de profane.

     

       En 1988, Jeff Koons se fait photographier avec deux vrais cochons pour une publicité annonçant une exposition. Il déclare que  c'est " pour me représenter moi-même comme un cochon. Je préférais le dire moi-même avant que quelqu'un d'autre le fasse. C'est une forme d'exercice du pouvoir." 2.

     

     

    Koons Beaubourg Fait d'hiver 4Fait d'Hiver, sculpture de Jeff Koons, 1988

    Porcelaine, 49,5 x 160 x 80. Edition de 3

     
     

         Parlant de "ushering in banality", une autre sculpture avec un cochon rose, Jeff Koons disait: "Je me suis toujours vu comme le jeune garçon à l'arrière, poussant le cochon, poussant en croyant à la possibilité d'essayer de faire un travail qui dirait aux gens que leur histoire culturelle et personnelle est absolument parfaite jusqu'à maintenant."

     


    Koons-Ushering-in-banality-Beaubourg-7.jpgUshering in banality, Jeff Koons 1988
    Bois polychrome

     

     Koons Beaubourg Fait d'hiver 6Fait d'Hiver, sculpture de Jeff Koons exposée au Centre Pompidou avant son retrait

    Derrière on voit Balloon Dog (magenta), Cat on a clothline (yellow) et le tableau Play-Doh

     

     

           Jeff Koons est un plasticien de l'appropriation; il a été poursuivi plusieurs fois en justice aux Etats-Unis pour non-respect des droits de Copyright par les propriétaires d'oeuvres contrefaites y compris pour Ushering in banality, une copie d'une photo de Barbara Campbell intitulée "Boys with Pig". Encore un fois Jeff Koons le roi du neo-pop kitsch ne s'est pas inquiété du copyright. Un procès s'en est suivi. 

      
        Les sculptures de Jeff Koons ne sont pas d'ailleurs de vraies contrefaçons comme on l'entend pour des montres ou des vêtements. Qui pourrait confondre un bibelot de quelques centimètres et une sculpture de plus d'un mètre ou une photo en noir et blanc et une sculpture polychrome? 

     

     

     

    Koons-Ushering-in-banality-Beaubourg-2.jpgUshering in banality, Jeff Koons 1988
    Bois polychrome, deux angelots et un garçonnet

                                                                                                                               

     

         Alain Seban, président du Centre Pompidou, déclare dans un communiqué que "Une large part de la création moderne et contemporaine repose sur le concept de citation, voire d’appropriation. Il est essentiel que les musées puissent continuer à rendre compte de ces démarches artistiques."

     

        Beaucoup de pop-artists utilisent des images ou objets existants: Andy Warhol, Richard Hamilton, Rauschenberg, Roy Lichtenstein, Oldenburg, Arman, Jan Fabre, Erró, Barbara Kruger, Wim Delvoye, Douglas Gordon, Christian Marclay etc ....

     

     

     

    Koons Beaubourg Rabbit 6Rabbit de Jeff Koons,1986, acier inoxydable, série statuary

    104,1 x 48,3 x 30,5 cm
     

     

         Les lois américaines sur le copyright et le fair use sont différentes des lois françaises du droit d'auteur. On verra ce que décident les tribunaux pour "Fait d'Hiver" et "Naked", les "contrefaçons" de Jeff Koons sélectionnées pour sa rétrospective à Beaubourg.

     

     

     

     

     

    Liens sur ce blog:

     
    * Jeff Koons: gazing balls, sculptures antiques et boules réfléchissantes à Beaubourg

    * Jeff Koons: Ushering in banality, un cochon à Versailles

    * Michael Jackson, éternellement jeune, immortalisé par Jeff Koons
     
    * Bear and the policeman de Jeff Koons

    Rabbit de Jeff Koons
     
    La ménagerie de Jeff Koons dans les salons royaux de Versailles

    Erró, Femmes Fatales, appropriation et recontextualisation
     
    William Klein contre John Galliano, plagiat ou citation?
     

     

     

     

     

     

     

    Palagret

    art contemporain et appropriation

    décembre 2014

     

     

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    Sources:


    1- in Wikipedia. The City Review. Retrieved November 11, 2011.


    2- Le Monde du 30.08 05. Propos recueillis par Harry Bellet

     

    Copyright et fair use aux Etats-Unis

     

    Koons et la justice 

     

     

     

     

     

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